Père Jacques Delfosse : de nouveaux témoignages et plaintes

Le pédophile Jacques Delfosse a fait au moins 50 victimes chez les jeunes catholiques qu'il accompagnait dans les aumôneries, le plus souvent en les droguant 🡵.

Six nouvelles personnes témoignent des viols qu'elles ont subis

Après les huit victimes interrogées dans notre enquête sur le parcours criminel du prêtre Jacques Delfosse, six nouvelles personnes témoignent des viols qu'elles ont subis. Parmi elles, deux hommes et une femme ayant participé au procès de 2007, pour des faits prescrits. Deux hommes qui ont été la proie de l'aumônier dans les années 1970. Et une femme violée dans les années 1990, qui a porté plainte contre lui le 9 décembre. La plupart d'entre eux ont pris conscience en lisant nos articles de l'ampleur des crimes de Jacques Delfosse, qu'ils pensaient circonscrits à leur propre expérience.

L'archevêque de Lille, Mgr le Boulc'h, a publié un communiqué exprimant sa « compassion » pour les victimes. Trois des cinq femmes ayant porté plainte pour viols contre l'ancien prêtre considèrent ce message insuffisant. Car s'il admettait « la complicité du silence et les déficiences dans le suivi », il ne reconnaissait pas explicitement la responsabilité de l'Église , dont la complicité passive a permis à Jacques Delfosse de continuer ses méfaits.

Pauline* et Claire , qui ont porté plainte en 2023 et 2024 pour des faits subis alors qu'elles avaient 12 ans, regrettent l'absence de geste envers elles. « Le discours de la compassion est facile, j'aurais aimé que l'évêque essaie de nous tendre la main ou de nous rencontrer », confie Claire. Julie*, qui a porté plainte le 9 décembre, estime que l'Église devrait « prendre les devants ». « Ils ont fait beaucoup de choses, mais ils devraient lancer des démarches pour aller vers les victimes. Pourquoi ne lancent-ils pas eux-mêmes des appels à victimes ? C'est essentiel pour qu'elles puissent aller mieux. »

Le diocèse de Créteil, où a exercé Jacques Delfosse de 1995 à 2000, l'a d'ailleurs fait le 8 décembre, suivant l'exemple du procureur de la République de Lille, dont l'appel aux victimes les a émues. « Quand je l'ai écouté, j'en ai pleuré. Il a eu des mots très justes, réconfortants. Je me suis dit que grâce à lui il y avait une chance d'être entendu et cru », souligne Pauline*.

La Voix du Nord

Le procureur de Lille lance une cartographie nationale des victimes

Avez-vous eu de nouvelles plaintes suite à la parution de notre enquête ?

[Le procureur de Lille, Samuel Finielz] Oui, nous avons reçu trois nouvelles plaintes depuis. Ce sont trois femmes de 44 à 55 ans, qui résident dans la métropole lilloise. Au moins une n'est pas prescrite, de manière certaine. Pour les deux autres, c'est en cours d'analyse. Le droit de la prescription c'est très technique, cela dépend de l'âge des victimes au moment des faits, de la date de leur majorité et de la date de commission des faits.

Les victimes espèrent la tenue d'un procès. Étant donné l'âge avancé de l'auteur des faits, 88 ans , y a-t-il une possibilité d'accélérer l'enquête ?

[Le procureur de Lille, Samuel Finielz] J'ai conscience que le temps joue contre nous. On fera le maximum pour aller vite. Mais si on veut échapper à la prescription, on est obligé de conserver la qualification criminelle, donc on ne peut pas aller plus vite en correctionnalisant par exemple. Cela nous oblige à passer par un juge d'instruction, ce qui rallonge les délais. On est encore loin d'un procès, mais on est déjà en train d'enquêter. Quoi qu'il arrive, il y aura une réponse judiciaire.

La Voix du Nord

Toute personne souhaitant contacter le procureur au sujet de cette affaire, pour porter plainte ou apporter un témoignage, peut écrire un mail à pr.tj-lille@justice.fr 🡵 ou tj1-lille@justice.fr 🡵

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