Nomination ratée au diocèse de Strasbourg

D'abord contente de cette perspective de travailler pour l'Église, l'avocate en droit canonique Diane Laugel revient dans Rue89 Strasbourg 🡵 sur le parcours de son embauche. Allant de déconvenues en déconvenues au fur et à mesure de discussions informelles, elle découvre le statut de coopérateur employée sous le statut de vicaire :

  • Salaire d'environ 1500 euros nets
  • Absence de mutuelle, et nécessité de prendre une assurance
  • Absence de cotisations au chômage
  • Nécessité de travailler dix ans pour ouvrir des droits à la retraite
  • Impossibilité d'accéder à des grades supérieurs, car il faut être ordonné pour cela
  • Impossibilité de dispenser en parallèle plus de cinq heures d'enseignement

Mais tous les laïcs qui travaillent pour le diocèse ne sont pas logés à cette enseigne. Via l'établissement de la mense épiscopale, le diocèse emploie aussi une vingtaine de collaborateurs sur des contrats de droit privé dont les salaire sont fixés à sa discrétion. C'est le cas de l'économe diocésain, l'équivalent du directeur des ressources humaines du diocèse. Lors de son recrutement en 2022, sa fiche de poste annonçait, pour une expérience exigée de 15 ans, un salaire annuel de 65 000 euros bruts, assorti d'un logement de fonction de 104 m en centre-ville. Diane Laugel propose donc son embauche sur la mense épiscopale, avec un salaire mensuel de 2 000 euros nets.

Le 19 novembre, à deux semaines de sa prise de poste, dont elle a appris le report d'un mois de manière informelle, la réponse de l'archevêque est sans appel : 1500 euros, compatibles avec cinq heures d'enseignement. Monseigneur Pascal Delannoy écrit : « Ces conditions ne sont pas appelées à être renégociées dès lors que vous les aurez acceptées en prenant vos fonctions. »

Sans plus de formalités, l'archevêque s'engage dans son écrit à prendre en charge ses cotisations retraite si elle venait à quittait son poste avant dix ans.

Rue89 Strasbourg

« Ils ont construit le carcan et attendu que je rentre dedans. Il leur fallait une femme laïque sur ce poste pour éviter les scandales d'abus et pour donner une image de modernité, mais ils ne sont pas prêts à y mettre les conditions juridiques. C'était de leur devoir d'employeur de m'informer sur mes droits sociaux. Or là, on sort des contrats qui enferment dans la précarité et on n'en informe pas les gens. Les coopératrices sont à la merci de l'institution. Quelle image j'aurais donnée à toutes les femmes qui prennent la peine de passer des diplômes à la faculté de droit canonique si elles avaient vu que j'accepte des conditions si bancales ? Ce statut concordataire ne permet pas à des jeunes de se projeter. Il a été pensé pour des hommes seuls logés par l'Église. Les responsables du diocèse en ont conscience mais ils ne veulent rien changer. Pourtant le droit canonique stipule bien que l'Église doit une honnête rémunération aux laïcs, qui leur permette de pourvoir décemment à leurs besoins et à ceux de leur famille. »

Diane Laugel, citée par Rue89 Strasbourg

Informations complémentaires