Témoignage : amnésie traumatique et déni familial

Abusé par des prêtres durant son enfance, Damien Maes, aujourd'hui retraité, refoule ce traumatisme et l'oublie. Jusqu'à ce jour de 2011 où les souvenirs ressurgissent. S'ensuit alors une quête de vérité qu'il devra mener seul avec sa femme, se confrontant au déni de sa famille 🡵.

L'amnésie

Ces souvenirs, Damien les a longtemps occultés. Il faut attendre 50 ans pour que ses flashs inexpliqués se transforment en faits avérés qu'il a vécus. Le retraité gardait jusque-là en mémoire l'image d'un garçon avec quelques difficultés comportementales dans son enfance, mais que le mariage avec Bénédicte avait apaisé.

Puis vient cette année 2011. La famille décide d'accueillir des enfants issus de foyers sociaux.« Et là, ça se réveille, mais c'est un tsunami », explique Damien. « Je vois plus précisément toutes les scènes d'agression, tout ce qui s'est passé aux presbytères, tout ce qui s'est passé aux colonies, à l'école, dans d'autres lieux. Tout ça se réveille ». Tout prend sens. Ses cauchemars, ses flashs, le retraité est désormais en mesure de les expliquer.

« Je commence à me dire, mais en fin de compte, ce n'est pas mon esprit tordu, ce n'est pas mon esprit pervers. J'avais quand même des flashs dans lesquels je voyais, alors je vais être un peu cru, un adulte avec la tête entre les jambes d'un enfant », confie le retraité.

Et le plus difficile arrive : il se rend compte que l'enfant, c'est lui. « C'est quelque chose d'impressionnant parce que je n'avais pas conscience que j'avais été agressé sexuellement, mais là, je prends conscience de ça et je prends conscience de la violence de tout ça », ajoute Damien.

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Le déni familial

Le Drômois n'est pourtant pas aux bouts de ses peines. Il met immédiatement au courant sa femme et ses enfants qui le soutiennent. Les choses se compliquent lorsqu'il en parle au reste de sa famille et notamment à sa mère.

« Sa première réaction, ça a été de dire 'non, ce n'est pas possible, pas chez nous’. Après, ça a été de dire ‘mais que vont penser les autres ?’. Et sa troisième réaction, ça a été de dire ‘mais tu as tout oublié jusqu'à présent, pourquoi tu ne continues pas d'oublier ? », explique le sexagénaire en quête de vérité.

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