Père Placide Esse Loko : la fin du bras de fer avec Mgr Dollmann

A la rentrée 2025, Mgr Dollmann avait déchargé le père Placide Esse Loko de ses responsabilités 🡵. Ce dernier avait répliqué par une lettre extrêmement virulente (voir ci-dessous). En définitive, l'évêque et le prêtre parviennent à un accord : le père Placide Esse Loko part à Strasbourg pour poursuivre ses études en droit canonique 🡵

La démarche, inattendue et exceptionnelle, initiée ce week-end par l'abbé Placide Esse Loko auprès des élus du Solesmois a « agacé » au diocèse. L'archevêque, pourtant directement et sévèrement mis en cause par celui qu'il a ordonné prêtre à Cambrai le 25 juin 2023, y a cependant répondu. Il a indiqué, via son service communication, « comprendre que cette situation suscite tristesse et incompréhension. Il veut d'abord redire sa proximité spirituelle à ceux qui sont affectés par ces tensions. »

« Les décisions prises à l'égard du père Esse Loko ont été motivées par le souci du bien commun et du service de la communauté, dans le cadre du droit de l'Église », poursuit Vincent Dollmann. Qui « mesure combien ces décisions peuvent être douloureuses, pour le père Esse Loko lui-même. Tout en l'accompagnant dans sa nouvelle mission, il prie pour qu'il puisse vivre cette étape dans la confiance et l'espérance. »

Le prélat évite soigneusement d'entretenir la division : « Dans cette épreuve, il ne s'agit pas de juger les personnes, mais de chercher à préserver la communion et la mission de l'Église. Les propos publics qui blessent ou accusent ne peuvent aider à cette réconciliation… » Mgr Dollmann « confie cette situation à la miséricorde du Seigneur et à la prière de tous les fidèles, afin que la communion dans le Christ soit plus forte que les blessures et les incompréhensions ».

La voix du Nord

Père Placide Esse Loko
3 bis rue du profond sens
59730 Beaurain
Portable 0679749061
E-mail dpesseloko@gmail.com

Solesmes, le 4 octobre 2025

Chères paroissiennes, chers paroissiens,
Chers élus du Solesmois,

À la suite de mon éviction brutale de la charge curiale que j'exerçais en tant que curé de la paroisse Saint-Denis de Solesmes, je me vois dans l'obligation morale de vous adresser ces quelques mots. Cette éviction s'est déroulée dans des conditions de brutalité inouïe, d'une violence rare, sur lesquelles le diocèse refuse obstinément toute communication.

C'est le moment, chers amis, de vous donner quelques bribes de ma propre version des faits, qui n'a jamais été ni écoutée, ni entendue par Monseigneur Dollmann, notre archevêque.

Dès avant même mon arrivée dans la paroisse, le diacre Dominique Maerten s'est opposé à mon ministère avec une hostilité manifeste, nourrissant à mon égard une défiance que rien ne justifiait. Il ne s'est pas contenté d'adopter une réserve prudente, mais s'est activement employé à me discréditer, s'associant à mon prédécesseur, l'abbé Andre Veys, pour « savonner la planche ». Ensemble avec la complicité de quelques paroissiens en responsabilité dans la paroisse, ils ont préparé un climat d'hostilité soigneusement entretenu, qui a entaché d'emblée les conditions d'exercice serein de mon ministère curial.

Cette attitude n'est malheureusement pas resteé isolée. Une partie notable du presbyterium local, en particulier tous les prêtres du doyenné du Cateau-Cambrésis, s'est inscrite dans une même dynamique de fermeture, de médisance feutrée et de manœuvres aussi mesquines qu'indignes de l'appel qu'ils ont reçu. Loin d'accueillir leur frère dans la charité du Christ, certains d'entre eux ont préféré s'abandonner à des logiques de rejet de ma personne, de jalousies accumulées et de préjugés tenaces. Ce climat délétère, nourri de non-dits et de règlements de comptes larvés, a considérablement entravé la mission qui m'avait été confiée.

Dans ce contexte, il est profondément regrettable que Mgr Dollmann ait choisi de cautionner, par ses choix, ses non choix, son attitude et ses propos, ces comportements dévoyés de mes confrères et paroissiens en responsabilités. Plutôt que de jouer son role de père et de pasteur du diocèse, rappelant à chacun les exigences de la communion ecclésiale, Monseigneur Dollmann a choisi de donner raison à ces mesquineries en affirmant, de manière pour le moins surprenante, que je l'ai « forcé » à me nommer curé de la paroisse saint Denis de Solesmes, sans expliquer comment j'aurais pu lui forcer la main à me nommer curé ou à poser cet acte de nomination contraire à sa volonté. Cette accusation, aussi infondée qu'injuste, revient à me faire porter la responsabilité d'une décision qu'il lui appartenait pleinement d'assumer en tant qu'évêque. En agissant ainsi, il a légitimé les attaques, validé les manœuvres de déstabilisation, et laissé entendre que l'autorité de l'évêque pouvait être manipulée ou subie.

En soutenant ceux dont le seul désir était de me voir partir de Solesmes, Monseigneur Dollmann a préféré sacrifier le jeune prêtre que je suis plutôt que de remettre en cause les petits jeux d'influence qui gangrènent la paroisse depuis longtemps et ont même conduit à l'eviction de deux de mes prédécesseurs. Cette attitude de l'évêque jette une ombre douloureuse sur l'ideal de fraternité sacerdotale et sur la confiance que tout prêtre est en droit d'espérer de la part de son évêque.

Monseigneur Dollmann a encore poussé plus loin son parti pris contre moi, puisqu'il est allé jusqu'à m'asséner des propos d'une rare violence en osant qualifier mon ordination sacerdotale, que lui-même en tant qu'évêque m'a conférée, de mascarade et en me livrant, sans vergogne, par un vote illégal demandé au Conseil presbytéral, à la vindicte des prêtres et laïcs du diocèse. Monseigneur Dollmann a, en effet, fait voter - de manière à la fois illicite et illégale la révocation de ma charge curiale par son conseil presbytéral qui n'a, en aucun cas, compétence canonique pour ce faire. Les résultats de ce vote (normalement sous le sceau du secret et réservés à l'usage exclusif de l'évêque), ont été rendus immédiatement publics par mon prédécesseur l'abbé Andre Veys qui ne peut cacher sa joie dans le message qu'il adresse à tous les prêtres du diocèse et à tous les laics engagés et qui n'hésite pas même a affirmer que l'Esprit Saint les a aides a voter unanimement la révocation de ma charge curiale !

Ces propos, ceux de l'évêque qualifiant mon ordination de mascarade (dont je tiens la preuve sonore que je mettrai à disposition en temps opportun), comme ceux de l'abbé Andre Veys sont d'une gravité extrême. Quelles injures au sacerdoce du Christ que nous sommes appelés à servir humblement ! Les propos indignes du successeur des apôtres que représente Mgr Dollmann ne resteront pas impunis. J'accuse Monseigneur Dollmann devant vous, le peuple de Dieu et devant les instances ecclésiales : pourquoi un tel acharnement contre moi ?

Si on ne voit pas dans ces agissements le racisme, on y lira le mépris du prêtre que je suis. On peut y voir aussi l'existence d'un clergé à deux étages dans ce diocèse.

Les propos de l'abbé Andre Veys que j'ai appelés et que j'appelle toujours Mgr Dollmann à condamner ne l'ont jamais été. J'avoue que je prends mes dispositions pour que cette impiété et cette insulte à l'Esprit Saint de l'abbé Andre Veys couvertes par Mgr Dollmann soient sanctionnées. J'espère aussi toujours des excuses de Monseigneur Dollmann pour l'insulte prononcée à mon encontre.

Dans le prolongement du vote de ma révocation par le conseil presbytéral, Monseigneur Dollmann, non content de m'avoir livré à la vindicte des prêtres et laïcs engagés du diocèse de Cambrai, a sollicité pour la rédaction du décret de révocation de ma charge curiale l'appui de seize diocèses de France, semant ainsi par sa seule version des faits le trouble sur ma personne.

Le contenu de ce décret du 1er juillet 2025, truffé de fautes et d'incohérences, trahit une méconnaissance manifeste, voire un mépris, des exigences de rigueur canonique que prescrit le Code de droit canonique en la matière. Par ailleurs, dans le décret, il faut encore relever nombre d'informations erronées telles que

  • le père Mathieu Dervaux, pourtant vicaire général est désigné comme vicaire épiscopal.
  • S'y trouvent aussi des paroissiens fictifs avec des responsabilités fictives.

Ces manquements trahissent la précipitation dans laquelle la rédaction de ce décret est intervenue, c'est-à-dire avec pour seul objectif de m'évincer au plus vite, sans me laisser aucun droit de me défendre.

Dans un esprit de paix, et après de nombreuses interventions fraternelles, j'avais consenti à présenter ma renonciation à la charge curiale le 29 août 2025, en la plaçant sous le signe d'un accord moral avec Monseigneur Dollmann, à savoir :

  • la poursuite de mon ministère pastoral sur Solesmes ;
  • l'éloignement des neuf personnes à l'origine de l'opposition systématique à mon ministère ;
  • le respect de ma vie personnelle et de mon intégrité ;
  • l'engagement de la neutralité de l'abbé Mathieu Dervaux dans la gestion de cette crise.

Or, aucun de ces engagements n'a été respecté. Dès le lendemain de mon départ, les personnes que je devais voir écartées sont revenues aux responsabilités ; le diacre Dominique Maerten, acteur central des divisions, a recouvré toute son influence ; et l'abbé Mathieu Dervaux s'est livré à des propos publics extrêmement calomnieux à mon égard, affirmant notamment que j'ai été « viré de partout », notamment du diocèse de La Rochelle — propos dont la violence et la fausseté sont inacceptables.

Je me suis donc vu contraint de retirer formellement ma renonciation à la charge curiale de Solesmes, et de contester la nomination de l'abbé Mathieu Dervaux, intervenue dans un climat d'illégalité canonique manifeste.

Il découle du retrait de ma renonciation que je reste le curé de droit de la paroisse de Solesmes et que je n'ai donc pas, en attendant que Rome nous situe, de messe d'au revoir à célébrer.

Avec mon affection pastorale,

Père Placide Esse Loko, curé de droit de la paroisse saint Denis

Lettre du père Placide Esse Loko, publiée sur le site Riposte Catholique

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