« 1 femme chrétienne sur 4 est victime » : les violences conjugales en milieu d'Église, entre déni et prévention
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Semaine du 10 au 16 novembre 2025 >>
« 1 femme chrétienne sur 4 est victime » : les violences conjugales en milieu d'Église, entre déni et prévention
La vidéo de la conférence de Valérie Duval-Poujol.
RCF Lyon : Une femme sur quatre, c'est énorme. Pourtant, on a souvent tendance à croire que nos valeurs nous protègent. Ce n'est finalement pas du tout le cas ?
Valérie Duval-Poujol : Non, surtout si l'on s'est marié à l'église : on s'est marié devant le prêtre, devant le pasteur. On a l'impression que ça va garantir quelque chose.
On se rend compte qu'en fait, les auteurs de violences sont aussi de bons paroissiens […] avec un double jeu et une grande hypocrisie. Ce qui se passe derrière les portes est en fait souvent assez terrible.
C'est ce qui fait la difficulté des victimes aussi, c'est qu'on ne va pas les croire, c'est qu'elles ont honte, c'est que l'auteur va les isoler. Et donc, c'est d'autant plus difficile pour les victimes de nos milieux de pouvoir parler. Il y a ce qu'on appelle des facteurs aggravants : le christianisme, avec toute sa beauté, a aussi certains enseignements qui, ayant été trop poussés ou trop surlignés, ont pu rendre les choses plus difficiles pour les victimes.
Je pense à certains enseignements sur la soumission, sur le consentement, sur le pardon. Des textes bibliques mal compris, mal interprétés, ont pu devenir des armes de soumission massive.
[…]
RCF Lyon : L'une des grandes craintes, quand on aborde ces questions-là, c'est d'interférer dans le couple. Comment est-ce qu'on passe de la détection à l'accompagnement de la bonne manière ?
VDP : Oui, c'est ça. La croyance, c'est de se dire « Oh, c'est du domaine de la vie privée, cela ne me regarde pas, après tout, qu'est-ce que je sais de ce qui se passe réellement ? Peut-être qu'elle n'est pas « facile » ». Alors qu'en fait, la violence conjugale, c'est de l'ordre du crime, c'est quelque chose que la loi condamne, la loi de la République, et puis aussi bien sûr la loi biblique, les textes bibliques, qui nous parlent d'amour du prochain, de respect l'un de l'autre, et du corps comme temple du Saint-Esprit, etc.
On voit que la violence conjugale est quelque chose de condamnable et qui n'est pas du domaine de la vie privée, mais qui nous concerne tous : quand nos sœurs (ce sont majoritairement des femmes, même s'il y a aussi des hommes victimes, bien sûr) en humanité, quand nos sœurs dans nos familles, nos collègues, nos voisines sont concernées, alors à ce moment-là, il s'agit, quand on a le moindre doute, de composer le numéro d'urgence, le 39 19. C'est un numéro gratuit qui n'apparaît pas sur les relevés de téléphone, et on peut poser ses questions face à des professionnels qui peuvent nous aider.
— RCF Lyon