Père Antoine Exelmans : le prêtre fidei donum accusé d'abus sexuels sur des réfugiés mineurs à l'Église de Casablanca

Le père Antoine Exelmans a été prêtre in Fidei donum au Maroc de 2016 à 2024 🡵.

Le 3 décembre 2024, après examen du dossier, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi demande à l'Archevêque de Rabat d'émettre un « précepte pénal » à l'encontre du père Exelmans : il est assigné à résidence dans une communauté religieuse en France ; il lui est interdit d'accomplir tout ministère public, d'être en contact avec des mineurs sans la présence de majeurs, et il a l'obligation d'un suivi psychologique. Le Dicastère demande que toute information complémentaire lui soit transmise, y compris l'issue des procédures civiles 🡵.

Le 1er septembre 2025, le père Antoine Exelmans est de nouveau placé sous la responsabilité de l'Archevêque de Rennes (la convention signée avec le diocèse de Rabat est arrivée à son terme). Ce dernier maintient les mesures du « précepte pénal » et vérifie que le père Exelmans se tient bien aux obligations auxquelles il est soumis 🡵.

Il est assigné à résidence dans la communauté Jésuite de Saint-Étienne pour la durée des investigations et des décisions judiciaires en France et au Maroc 🡵.

Cinq victimes identifiées par ENASS.ma sont de nationalités guinéennes et le sixième est de nationalité camerounaise. Toutes ces victimes présumées, ont subi des abus alors qu'elles étaient mineures (moins de 18 ans). Aujourd'hui, ils ont les âges suivants : La victime n° 1 (21 ans), la victime n° 2 (20 ans), les victimes n° 3, 4 et 5 (19 ans) et la victime n° 6 (17 ans).

Enass

Père Antoine c'est aussi un caractère bien trempé et un homme qui impose son charisme et ses positions. Entre 2020 et 2022, il obtient la fermeture des services sociaux gérés par l'église, Tanger Accueil Migrants (TAM), Centre Accueil Migrants (CAM) à Rabat et Service accueil Migrants (SAM) à Casablanca. L'église se sépare du personnel et sur avis du père Antoine, l'église gère en interne et avec des bénévoles ce service social destiné principalement aux migrants et réfugiés de passage, ou résidents à Casablanca, Tanger et Rabat. « Père Antoine voulait tout gérer, lui-même », confie un acteur associatif qui a vécu cette période. Au passage, les quelques règles existantes en matière de protection et de suivi des mineurs accueillis, disparaissent. C'est désormais le père Antoine qui décide de tout.

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Selon les témoignages recueillis par ENASS.ma, le « système Père Antoine » visait les mineurs, les plus fragiles. Il cherchait de manière systématique à isoler ces mineurs. Il voulait tout contrôler. « À chaque fois qu'il accompagnait un jeune refugié à l'association, il refusait que je fasse la séance d'écoute seule avec lui. Père Antoine tenait à chaque fois à être présent. Une fois j'ai exigé de rencontrer le migrant seul, sans la présence de père Antoine. Ma demande a suscité sa colère. A contrecœur, il s'est résigné à me laisser seul avec le migrant. Mais c'était difficile à obtenir », raconte une source qui l'a côtoyé de près durant des années.

Ce prêtre « à l'engagement infaillible » se proposait d'offrir un suivi « personnalisé ». Certains migrants mineurs blessés étaient accueillis dans son logement au presbytère de Casablanca. Il justifiait cette pratique « par l'état de santé fragile du migrant ». La victime pouvait passer plusieurs jours seule avec lui. « Les abus pouvaient être des attouchements, le déshabillement de la victime jusqu'à la relation sexuelle avec pénétration. Certaines victimes refusaient, d'autres cédaient à ses tentatives répétés », révèle une source qui a recueilli les témoignages de certaines victimes.

Enass

Selon le communiqué de l'archevêque [de Rabat], « la seule victime mineure que nous connaissons » a été prise en charge par l'Église. Il précise que le prêtre n'est pas en fuite mais « actuellement assigné à résidence […] et a été entendu par la police judiciaire en France »

Libération

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