Père Antoine Exelmans : le prêtre fidei donum accusé d'abus sexuels sur des réfugiés mineurs à l'Église de Casablanca
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<< Semaine du 3 au 9 novembre 2025 >>
Père Antoine Exelmans : le prêtre fidei donum accusé d'abus sexuels sur des réfugiés mineurs à l'Église de Casablanca
Une enquête du journal Enass.
- https://enass.ma/enquete-abus-sexuels-sur-des-refugies-mineurs-a-leglise-de-casablanca/
- https://enass.ma/affaire-de-pedophilie-leglise-repond/
- https://www.liberation.fr/societe/police-justice/un-pretre-francais-accuse-de-violences-sexuelles-sur-des-refugies-mineurs-au-maroc-20251104_BUHBKKPXTFHT5AQIZ624R77HZI/
Le père Antoine Exelmans a été prêtre in Fidei donum au Maroc de 2016 à 2024 🡵.
Le 3 décembre 2024, après examen du dossier, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi demande à l'Archevêque de Rabat d'émettre un « précepte pénal » à l'encontre du père Exelmans : il est assigné à résidence dans une communauté religieuse en France ; il lui est interdit d'accomplir tout ministère public, d'être en contact avec des mineurs sans la présence de majeurs, et il a l'obligation d'un suivi psychologique. Le Dicastère demande que toute information complémentaire lui soit transmise, y compris l'issue des procédures civiles 🡵.
Le 1er septembre 2025, le père Antoine Exelmans est de nouveau placé sous la responsabilité de l'Archevêque de Rennes (la convention signée avec le diocèse de Rabat est arrivée à son terme). Ce dernier maintient les mesures du « précepte pénal » et vérifie que le père Exelmans se tient bien aux obligations auxquelles il est soumis 🡵.
Il est assigné à résidence dans la communauté Jésuite de Saint-Étienne pour la durée des investigations et des décisions judiciaires en France et au Maroc 🡵.
Cinq victimes identifiées par ENASS.ma sont de nationalités guinéennes et le sixième est de nationalité camerounaise. Toutes ces victimes présumées, ont subi des abus alors qu'elles étaient mineures (moins de 18 ans). Aujourd'hui, ils ont les âges suivants : La victime n° 1 (21 ans), la victime n° 2 (20 ans), les victimes n° 3, 4 et 5 (19 ans) et la victime n° 6 (17 ans).
— Enass
Père Antoine c'est aussi un caractère bien trempé et un homme qui impose son charisme et ses positions. Entre 2020 et 2022, il obtient la fermeture des services sociaux gérés par l'église, Tanger Accueil Migrants (TAM), Centre Accueil Migrants (CAM) à Rabat et Service accueil Migrants (SAM) à Casablanca. L'église se sépare du personnel et sur avis du père Antoine, l'église gère en interne et avec des bénévoles ce service social destiné principalement aux migrants et réfugiés de passage, ou résidents à Casablanca, Tanger et Rabat. « Père Antoine voulait tout gérer, lui-même », confie un acteur associatif qui a vécu cette période. Au passage, les quelques règles existantes en matière de protection et de suivi des mineurs accueillis, disparaissent. C'est désormais le père Antoine qui décide de tout.
[…]
Selon les témoignages recueillis par ENASS.ma, le « système Père Antoine » visait les mineurs, les plus fragiles. Il cherchait de manière systématique à isoler ces mineurs. Il voulait tout contrôler. « À chaque fois qu'il accompagnait un jeune refugié à l'association, il refusait que je fasse la séance d'écoute seule avec lui. Père Antoine tenait à chaque fois à être présent. Une fois j'ai exigé de rencontrer le migrant seul, sans la présence de père Antoine. Ma demande a suscité sa colère. A contrecœur, il s'est résigné à me laisser seul avec le migrant. Mais c'était difficile à obtenir », raconte une source qui l'a côtoyé de près durant des années.
Ce prêtre « à l'engagement infaillible » se proposait d'offrir un suivi « personnalisé ». Certains migrants mineurs blessés étaient accueillis dans son logement au presbytère de Casablanca. Il justifiait cette pratique « par l'état de santé fragile du migrant ». La victime pouvait passer plusieurs jours seule avec lui. « Les abus pouvaient être des attouchements, le déshabillement de la victime jusqu'à la relation sexuelle avec pénétration. Certaines victimes refusaient, d'autres cédaient à ses tentatives répétés », révèle une source qui a recueilli les témoignages de certaines victimes.
— Enass
Selon le communiqué de l'archevêque [de Rabat], « la seule victime mineure que nous connaissons » a été prise en charge par l'Église. Il précise que le prêtre n'est pas en fuite mais « actuellement assigné à résidence […] et a été entendu par la police judiciaire en France »
Informations complémentaires
Père Antoine Exelmans
- https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/antoine-exelmans-est-le-nouveau-cure-de-la-paroisse-1264643
- https://www.ouest-france.fr/bretagne/saint-thurial-35310/le-pere-nzumulinda-et-le-projet-pastoral-presentes-la-paroisse-3819403
- https://www.vaticannews.va/fr/monde/news/2024-04/med24-france-marseille-mediterranee-migrants-eglise-pape-aveline.html
- https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2017-12/mgr-landel--18-ans-a-la-ete-de-l-archeveche-de-rabat.html
- https://www.ouest-france.fr/bretagne/mordelles-35310/le-pere-exelmans-sur-le-chemin-des-migrants-4494159
- https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/religions-un-pretre-breton-honore-du-prix-aachen-pour-la-paix-6987511
- https://ddmmaroc.org/2022/04/09/antoine-exelmans/
- https://enass.ma/enquete-abus-sexuels-sur-des-refugies-mineurs-a-leglise-de-casablanca/
- https://www.rcf.fr/articles/actualite/un-pretre-du-diocese-de-rennes-accuse-dabus-sexuels-dans-le-diocese-de-rabat
- https://enass.ma/affaire-de-pedophilie-leglise-repond/
Avant son départ au Maroc
- 1991 Aumômier (non prêtre) à Cesson-Sévigné 🡵
- 1993 Ordination 🡵
- 1995 Aumônier des étudiants à Rennes 🡵
- 2000 Départ en République Centrafricaine. Il est responsable de la Pastorale jeunes dans le diocèse de Bangassou 🡵
- 2004-2009 Sur la paroisse de Maurepas, dans le diocèse de Rennes 🡵
- 2009-2012 Nouveau séjour en Centrafrique. Il fait alors partie de l'équipe Pastorale enfance et jeunesse à Bangui, la capitale 🡵
- 2012-2016 Retour en France, sur la paroisse Saint Melaine aux rives du Meu à Mordelles 🡵 dont il sera curé 🡵
2016-2024 Prêtre in Fidei donum au Maroc
En 2016, le père Exelmans part comme prêtre in Fidei donum au Maroc 🡵. Il est accueilli dans le diocèse de Rabat par son archevêque, Mgr Vincent Landel (2001-2017) 🡵, betharramite, ancien directeur du collège betharramite de Casablanca de 1969 à 1982 🡵 et de Notre-Dame de Bétharram de 1993 à 1999.
- 2016-2022 A la paroisse d'Oujda 🡵
- 2020 Le père Antoine Exelmans reçoit le prix Aachen pour la paix 🡵
- 2020 Il est nommé vicaire général du diocèse de Rabat 🡵 par le cardinal Cristóbal López Romero qui a succédé à Mgr Landel en 2018. Il exerce cette fonction jusqu'en 2022.
- 2022-2024 A la paroisse de Casablanca 🡵
Depuis 2024 Retour en France
- 2024
- 12 mai 2024 : l'Archevêque de Rabat informe l'Archevêque de Rennes qu'il va ouvrir une enquête canonique concernant le père Antoine Exelmans, qui sera ouverte officiellement le 13 mai 2024 🡵
- 24 mai 2024 : une plainte est déposée auprès du Parquet de la Cour d'appel de Casablanca 🡵
- 16 juin 2024 : il quitte précipitamment le Maroc alors que sa mission au Maroc était prévue jusqu'en juillet 2025. Officiellement selon l'archevêché de Rabat, père Antoine était « épuisé » et aurait « fait un burn out professionnel et il est parti en France pour se reposer » 🡵
- 5 juillet 2024 : l'Archevêque de Rabat, le cardinal Cristóbal López Romero publie un communiqué : « Des personnes m'ont alerté sur le comportement du P. Antoine Exelmans au service des jeunes migrants, laissant entendre qu'il pourrait y avoir des abus sur des personnes fragiles. » L'Archevêque de Rabat a alors demandé au père Antoine Exelmans d'arrêter tout ministère public et a diligenté une enquête dont le résultat a été transmis à Rome 🡵.
- 25 juillet 2024 : « Au vu des éléments à charge », des mesures conservatoires sont prises 🡵
- 28 septembre 2024 : l'enquête canonique est close. Elle est transmise au Dicastère de la doctrine de la Foi à Rome et à l'Archevêque de Rennes qui l'adresse au procureur de la République de Saint-Etienne (France). De son côté, l'Archevêque de Rabat l'envoie au Procureur du Roi à Casablanca (Maroc) 🡵
- 3 décembre 2024 : Après examen du dossier, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi demande à l'Archevêque de Rabat d'émettre un « précepte pénal » à l'encontre du père Exelmans : il est assigné à résidence dans une communauté religieuse en France ; il lui est interdit d'accomplir tout ministère public, d'être en contact avec des mineurs sans la présence de majeurs, et il a l'obligation d'un suivi psychologique. Le Dicastère demande que toute information complémentaire lui soit transmise, y compris l'issue des procédures civiles 🡵
- 2025
- 10 janvier 2025 : Mgr Pierre d'Ornellas informe par un communiqué les 4 paroisses du diocèse de Rennes où le père Exelmans a exercé son ministère (Maurepas à Rennes, Cesson-Sévigné, Mordelles et la Cathédrale de Rennes). Dans ce communiqué, un appel à témoins est lancé 🡵 (voir par exemple Le lien n°376). Cependant, le communiqué n'a pas été publié sur le site internet du diocèse.
- 23 février 2025 : à la demande de l'Archevêque de Rennes, les délégués territoriaux Portes de Bretagne des Scouts et Guides de France publient un communiqué à l'attention des familles du groupe dans lequel le père Antoine Exelmans a été aumônier. Un appel à témoins est également lancé dans ce communiqué 🡵
- 20 mars 2025 : l'Archevêque de Rabat, dans la Communication N°54, informe ses diocésains du « précepte pénal » 🡵 que le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a demandé à l'Archevêque de Rabat d'émettre le 3 décembre 2024
- 1er septembre 2025 : le père Antoine Exelmans est de nouveau placé sous la responsabilité de l'Archevêque de Rennes (la convention signée avec le diocèse de Rabat est arrivée à son terme). Ce dernier maintient les mesures du « précepte pénal » et vérifie que le père Exelmans se tient bien aux obligations auxquelles il est soumis 🡵
- 4 novembre 2025 : l'Archevêque de Rabat annonce coopérer pleinement avec les autorités civiles compétentes « au Maroc comme à l'étranger » 🡵
- 6 novembre 2025 : un communiqué du diocèse de Rennes donne sa chronologie des faits (en omettant certains détails) 🡵
Restrictions de ministère
Le 3 décembre 2024, après examen du dossier, le Dicastère pour la Doctrine de la Foi demande à l'Archevêque de Rabat d'émettre un « précepte pénal » à l'encontre du père Exelmans : il est assigné à résidence dans une communauté religieuse en France ; il lui est interdit d'accomplir tout ministère public, d'être en contact avec des mineurs sans la présence de majeurs, et il a l'obligation d'un suivi psychologique. Le Dicastère demande que toute information complémentaire lui soit transmise, y compris l'issue des procédures civiles 🡵
Le 1er septembre 2025, le père Antoine Exelmans est de nouveau placé sous la responsabilité de l'Archevêque de Rennes (la convention signée avec le diocèse de Rabat est arrivée à son terme). Ce dernier maintient les mesures du « précepte pénal » et vérifie que le père Exelmans se tient bien aux obligations auxquelles il est soumis 🡵
Il est assigné à résidence dans la communauté Jésuite de Saint-Étienne pour la durée des investigations et des décisions judiciaires en France et au Maroc 🡵.
Accusations
Il y a six victimes présumées du père Antoine Exelmans. Ce prêtre « à l'engagement infaillible » se proposait d'offrir un suivi « personnalisé ». Certains migrants mineurs blessés étaient accueillis dans son logement au presbytère de Casablanca. Il justifiait cette pratique « par l'état de santé fragile du migrant ». La victime pouvait passer plusieurs jours seule avec lui. « Les abus pouvaient être des attouchements, le déshabillement de la victime jusqu'à la relation sexuelle avec pénétration. Certaines victimes refusaient, d'autres cédaient à ses tentatives répétés », révèle une source qui a recueilli les témoignages de certaines victimes 🡵.
Un article de Enass 🡵 décrit ce qui pourrait être un système de prédation. Le père Antoine Exelmans aurait obtenu la fermeture des services sociaux gérés par l'Église. Selon un acteur associatif, « Père Antoine voulait tout gérer, lui-même ». De plus, et toujours selon Enass, père Antoine tenait à chaque fois à obtenir un traitement médicamenteux psychiatrique pour ses victimes [présumées] ce qui fait dire au journal : « C'est ici que l'affaire se transforme en abus sexuel vers une probable affaire de traite des êtres humains » 🡵.
Diocèse de Rennes
Derniers évêques
- 1998-2007 : Mgr François Saint-Macary 🡵
- Depuis 2007 : Mgr Pierre d'Ornellas 🡵
Voir aussi :
Diocèse de Rabat
Derniers évêques
- 2001-2017 : Mgr Vincent Landel 🡵 (après avoir été nommé archevêque coadjuteur de Rabat fin 1999, consacré le 26 février 2000)
- Depuis 2018 : Cardinal Cristóbal López Romero 🡵
Voir aussi :