Etablissement d'Angreviers (Gorges) : « Un climat d'hyperviolence »

Pendant longtemps, l'établissement scolaire catholique de Gorges (Loire-Atlantique) a accueilli les élèves difficiles ou en décrochage scolaire. Aujourd'hui, certains révèlent un quotidien fait de coups, de brimades et d'humiliations répétés. Aujourd'hui géré par les Apprentis d'Auteuil, il était dans le giron de la direction de l'enseignement catholique jusqu'au début des années 2000. 🡵.

Quand l'affaire Bétharram refait la une de l'actualité, en février 2025, j'ai tout de suite pensé à Angreviers. Comme un gros flash, affirme ce quinquagénaire qui a grandi dans le Vignoble. J'avais un copain de foot qui y était. Un gars super sympa qui n'aurait pas fait de mal à une mouche, mais ses parents l'avaient envoyé là-bas car il avait des notes catastrophiques. Ils pensaient bien faire. Sauf que le copain nous racontait chaque week-end les coups qui voltigeaient à Angreviers." On se bat comme on respire. Entre élèves. Des surveillants ont eux aussi la main leste.

Le quinqua s'arrête et rembobine les souvenirs de son ami : « Le plus fou, c'est qu'il avait vécu ces mêmes violences, en primaire, avec notre directeur d'école, qui s'acharnait sur les élèves en difficulté. C'était choquant évidemment, mais c'était comme si c'était dans l'ordre des choses qu'un gamin ou ado se fasse taper dessus quand il avait de mauvaises notes. J'ai été témoin de ça directement, quand il était en primaire, et indirectement, quand il était à Angreviers. Je n'ai rien dit, rien fait. Et les adultes, à l'époque, pas plus. Tout le monde savait dans le Vignoble. Tout le monde s'est tu. »

Dans le Vignoble, le centre scolaire de Gorges était réputé pour sa rudesse. Ici, les surveillants faisaient filer droit, recadraient et rabaissaient. Mais ça ne choquait pas plus que ça. « C'était limite comme une maison de correction. Certains la voyaient comme un endroit où se trouvaient des délinquants », témoigne Samuel, 42 ans, saoulé de coups pendant quatre ans.

Selon des témoins, ça cognait pour un oui ou pour un non. Face à nous, Samuel revit ses années de terreur. Avec ses mains, il nous montre la grosseur du trousseau de clés, avec lequel un surveillant lui tapait sur la tête. Depuis l'affaire Bétharram et le suicide récent « de [son] meilleur ami », lui aussi scolarisé à Angreviers, tout revient. « J'ai un collègue à qui j'ai raconté que j'étais scolarisé à Angreviers, il m'a demandé ce que j'avais fait pour aller là-bas. »

Ouest France

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