Affaire Bétharram : une première plainte à l'étranger

Père Beñat Segure (1933-2010)

Mort en 2010, il a cumulé quinze années en Côte d'Ivoire de 1962 à 1994. En France, ce prêtre basque fait l'objet de 13 plaintes pour agressions sexuelles, toutes frappées de prescription comme l'écrasante majorité des dossiers judiciaires liés à l'affaire 🡵. En Côte d'Ivoire, des témoignages dénoncent des agressions sexuelles et viols 🡵 et une plainte est déposée en 2025, même si elle ne peut donner suite à aucune poursuite judiciaire, le père étant mort 🡵.

• 1967 Ordonné prêtre 🡵.
• Il part en Afrique, suit une formation pastorale en Haute-Volta (l’’actuel Burkina Fasso), avant de rejoindre la Côte d’’lvoire, d’’abord à Ferkessedougou puis à Katiola jusqu'en 1971 🡵.
• Aumônier du collège Ozanam de Limoges, il soutient le lancement du Mouvement Eucharistique des Jeunes 🡵.
• 1973 à 1979 : Directeur du Collège-Séminaire de Katiola 🡵. Sur demande de l'évêque de Katiola (centre du pays), les pères de Bétharram s'installent au sein du collège-séminaire Saint-Jean de Katiola, où ils forment les futurs prêtres et enseignants. Une initiative accueillie avec bienveillance par les autorités ivoiriennes, confrontées au faible taux de scolarisation, dans cette période post-indépendance. Chargé des cours de mathématiques, Beñat Segur occupe un rôle central dans l'animation de la vie paroissiale et sportive de la communauté avant d'être rappelé en France 🡵.
• 1979 à 1984 : directeur du Collège Notre-Dame de Bétharram 🡵.
• 1983 à 1990 : directeur du Centre Etchécopar de Saint-Palais 🡵.
• 1990 à 1994 : Côte d'Ivoire 🡵, à la paroisse de Saint-Bernard d'Adiopodoumé, située à Abidjan. Aumônier, il forme les enfants de chœur et assure les cours de catéchisme tout en dispensant également des cours d'espagnol et de religion au lycée Mgr Kouassi de Dabou, un établissement mixte rattaché au diocèse de Yopougon 🡵.
• 1994 à 2002 : rejoint la communauté des aumôniers des Servantes de Marie à Anglet 🡵.
• Séjour de quelques mois en Amérique latine 🡵.
• 2003 à 2010 : Maison de Retraite à Bétharram en 2003 🡵.
• 2010 Décès 🡵.

Congrégation de Bétharram

Un groupe Facebook a été créé pour réunir les victimes : Les anciens du collège et lycée de Bétharram, victimes de l'institution. Il est également possible de joindre le groupe par email : victimesdebetharram@gmail.com

Fondée en 1835 près de Lourdes par Michel Garicoïts (1797-1863), prêtre basque canonisé en 1947, la congrégation des Pères du Sacré Cœur de Jésus de Bétharram (s.c.j.), ou plus simplement des Pères bétharramites, avait pour vocation de répondre aux besoins spirituels de l'après-Révolution française. « Avec une spiritualité centrée sur le Sacré-Cœur de Jésus, elle a particulièrement investi les terrains de l'éducation, de la pastorale des malades, de la mission, et du service des paroisses », campe le père Delgue 🡵. Elle compte près de 270 membres dans le monde 🡵.

Chronologie

La première alerte connue remonte à 1993, quand un surveillant perfore le tympan d'un élève. L'école Notre-Dame-de-Bétharram est condamnée par la justice à indemniser un l'élève 🡵. L'année 2000 sera marquée par le suicide de l'ancien directeur de Notre-Dame-de-Bétharram, le père Pierre Silviet Carricart, qui était alors mis en examen, accusé d'avoir violé un enfant, interne de l'établissement. En 2006 Bétharram est déclaré civilement responsable du viol et des agressions sexuelles commises par le père Carricart 🡵 🡵.

À partir de 2010, Jean-Marie Delbos, victime du père Henri Lamasse, va tenter de se faire entendre de l'Église qui ne sanctionnera pas son agresseur, mais l'enverra simplement un temps « en quarantaine » à Bethléem, avec interdiction d'exercer 🡵.

Finalement, c'est le lancement du groupe Facebook Les anciens du collège et lycée de Bétharram, victimes de l'institution 🡵 par Alain Esquerre qui va changer la donne. À partir de ce moment, les plaintes s'accumulent rapidement.

Fin 2024, la Congrégation de Bétharram publie un long communiqué 🡵. Le vicaire général de la congrégation de Bétharram a confié à une ONG de Bayonne une mission de médiation avec les victimes. Dans les faits, depuis ce message, elle est absente des démarches 🡵.

L'année 2025

Avec la mise en cause de François Bayrou début 2025 la médiatisation de Notre-Dame de Bétharram s'accélère et des groupes Facebook sont créés pour rassembler les victimes dans d'autres établissements de la congrégation.

En mars 2025, les pères de Bétharram reconnaissent leur « responsabilité » dans les « souffrances » liées aux violences physiques et sexuelles. De plus, ils annoncent la mise en place d'un dispositif d'indemnisation des victimes de laïcs. Enfin, la création d'une commission d'enquête indépendante est décidée 🡵.

En mai 2025, quatre anciens élèves du collège Ozanam de Limoges annoncent avoir déposé plainte pour « crime contre l'humanité » contre la congrégation religieuse des Pères de Bétharram 🡵. Celle-ci ne sera finalement pas applicable 🡵.

A l'été 2025, 217 plaintes sont recensées par le collectif, dont une centaine portent sur des faits à caractère sexuel, mettent en cause 15 prêtres, presque tous décédés, et quatre laïcs ayant officié du milieu de 1957 à 2004 dans cet établissement catholique privé des Pyrénées-Atlantiques. S'y ajoutent des plaintes déposées directement en gendarmerie ou commissariat, dont le nombre n'est pas communiqué par le parquet de Pau 🡵.

En octobre 2025, la congrégation de Bétharram donne son accord de principe pour la mise en place d'un mécanisme d'indemnisation des victimes de violences sexuelles commises par des laïcs employés dans les établissements de la congrégation (surveillants en premier lieu) 🡵.

La Commission d'enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire

A la suite des révélations relatives aux violences violences physiques et sexuelles à Notre-Dame de Bétharram, une Commission d'enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire est constituée. Menée par les députés Violette Spillebout (EPR) et Paul Vannier (LFI), elle débute ses travaux en mars 2025 🡵.

Bien que le mandat de cette commission ne concerne pas uniquement l'enseignement privé, c'est celui-ci (sous contrat et hors-contrat) qui sera au centre de l'attention.

Cette commission effectue 140 auditions 🡵 en débutant par les collectifs de victimes. Elle auditionne ainsi Alain Esquerre, ainsi que Éveline Le Bris 🡵 dont les propos seront très commentés 🡵.

Par la suite, François Bayrou et Elisabeth Borne seront également auditionnés. L'audition de François Bayrou sera extrêmement tendue 🡵 et le co-rapporteur Paul Vannier accusera François Bayrou de « faux témoignage » 🡵.

La commission vote son rapport fin juin 2025 et 50 recommandations sont présentées publiquement début juillet 🡵

La commission d'enquête indépendante

En mars 2025, la création d'une commission d'enquête indépendante est décidée 🡵. Sa présidence est confiée au Professeur Jean-Pierre Massias, président de l'IFJD 🡵. Son objectif est de faire un portrait-robot de cette violence à Bétharram, sur ses origines, ses victimes et ses auteurs 🡵.

Le président de la commission prévoit trois axes de travail 🡵 :

• Investiguer sur la nature des violences commises et analyser le caractère systémique de ces violences et le silence qui les a entourées ;
• Proposer des mesures de réparation complémentaires à celles qui existent déjà, notamment pour les personnes victimes de violences physiques, non prises en charge par la commission reconnaissance et réparation de l'Église, et penser à une politique mémorielle ;
• Réfléchir à des réformes destinées à prévenir la commission de nouvelles violences, à Bétharram mais aussi dans les communautés à l'étranger.

Un appel à témoignages est lancé le 23 juin 2025. Pour témoigner :

• Formulaire Ancien(s) élève ce formulaire est réservé aux ancien(nes) élèves de Notre-Dame-de-Bétharram. Il peut être utilisé pour déclarer une violence sexuelle ou une autre forme de violence, mais aussi pour partager toute autre information souhaitée.
• Formulaire Témoin ce formulaire est ouvert à toute personne, y compris les ancien(ne)s élèves, pour déclarer une violence sexuelle ou une autre forme de violence commise à Notre-Dame-de-Bétharram dont elle a été témoin, mais pas directement victime.
• Formulaire Communiquer une information ce formulaire est ouvert à toute personne, sauf les ancien(ne)s élèves, pour partager toute information relative à Notre-Dame-de-Bétharram ne concernant pas une violence sexuelle ou une autre forme de violence.

Le rapport de la commission, initialement prévu pour décembre 2025 🡵 est finalement attendu pour fin mai 2026.

Alain Esquerre ne disposait pas d'un accès complet aux travaux des commissions et des enquêtes 🡵. Il se retire rapidement (ainsi que deux autres commissaires référents) de la commission 🡵.

Une congrégation internationale

La congrégation est aujourd'hui implantée dans près de quinze pays répartis sur les cinq continents 🡵, notamment en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. 🡵. La crainte d'Alain Esquerre, c'est que « là où les prêtres qui ont dirigé Bétharram sont passés par la suite, il y ait eu d'autres agressions sexuelles » 🡵.

A titre d'exemple, le père Beñat Segure (1933-2010) a cumulé quinze années en Côte d'Ivoire de 1962 à 1994. En France, ce prêtre basque fait l'objet de 13 plaintes pour agressions sexuelles, toutes frappées de prescription comme l'écrasante majorité des dossiers judiciaires liés à l'affaire 🡵… mais aucune plainte n'a été déposée en Afrique.

Au cours de l'année 2025, la Red de Sobrevivientes de Abuso Eclesiástico de Argentina a publié de nombreux appels en Argentine, au Paraguay et en Uruguay 🡵 🡵 🡵 🡵 🡵.

Procès à l'international

• Le père E. M., un prêtre italien né en 1958, a ainsi été condamné en 2012 à quatre ans de prison ferme pour des agressions sexuelles sur deux mineures de 10 ans, lors de cours de catéchisme et de confessions entre 2005 et 2006 sur sa paroisse de Santa Rosa da Viterbo, à Rome, confiée aux pères de Bétharram 🡵 🡵 🡵.
• Le père E. S., un prêtre britannique né en 1910, a été reconnu en 2014 coupable d'agression sexuelle sur une fillette de 11 ans, commises dans les années 1980 près de Birmingham, en Grande-Bretagne. L'homme est décédé en 2022 🡵 🡵, le procès s'est conclu par l'acquittement du prêtre 🡵.
• Le père R. A., un prêtre paraguayen, aurait également commis des faits de nature sexuelle avant d'être interdit en 2016 de toute célébration par l'archevêque d'Asunción, puis exclu de la congrégation de Bétharram en 2019 🡵 🡵.

En avril 2025, le collectif des victimes de Bétharram a lancé un appel à témoignages international pour dénoncer des abus sexuels ou des violences qui auraient été perpétrés dans les 15 pays où est implantée la congrégation du Sacré-Cœur de Bétharram. « Nous suspectons que ces abus ne se sont pas limités à la France, mais pourraient s'être étendus à d'autres pays où la Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram est implantée », indique le collectif dans un communiqué 🡵. Une nouvelle action après le dépôt de 48 nouvelles plaintes, portant à 200 leur nombre total 🡵.

Source : Site internet des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram

Voir aussi :

• Collège Ozanam de Limoges (7)
• Jean-Marie Delbos (1)
• Kreisker-Sainte-Ursule, à Saint-Pol de Léon (4)
• Mgr Vincent Landel (2)
• Notre-Dame de Bétharram (43)
• Père Beñat Segure (4)
• Père Henri Lamasse (6)
• Père Jean Tipy (4)
• Père Pierre Silviet Carricart (3)