Mgr Guy de Kerimel : sa réponse à la lettre de Margot Ferreira

Réponse de Mgr de Kerimel

Monseigneur Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse

Toulouse, le 19 août 2025

Madame,

Je réponds à votre lettre du 30 juin, qui exprimait votre révolte face à la nomination du chancelier. Je pense que vous ne connaissez pas bien la fonction de chancelier, et vous exagérer sa mission, en tous cas, pour ce qui est de notre diocèse. Le titre malheureusement évoque dans l'imaginaire un rôle de premier plan, alors qu'il est administratif, et nécessaire.

Cette nomination ne remettait pas en cause le travail d'écoute et de soutien des victimes, et le travail de prévention mis en place dans notre diocèse. Mais nous ne pouvons pas, après avoir ignoré les victimes, condamner pour toujours les auteurs d'abus. Certains vivent une vraie conversion et un vrai changement, pas tous ; il faut donc discerner la situation de chacun, mais, au nom de l'Evangile, nous avons le devoir de les réinsérer, chacun selon ses capacités. Dans mon dernier communiqué j'évoque l'attitude de Jésus et la confiance qu'll manifeste à certains qui ont gravement failli Il leur confie des responsabilités importantes.

La fidélité de l'Église au Christ et à l'Evangile nous pousse à veiller sur les enfants et les personnes vulnérables, à prendre soin des victimes, à tout faire pour que ces abus soient éradiqués des communautés chrétiennes et de la société ; cette fidélité nous pousse à faire miséricorde aux pécheurs, non pas seulement spirituellement et dans le concret.

Comment concilier les deux ? Cherchons, à la lumière de l'Evangile et en prenant appui sur les sciences humaines. C'est le travail que nous avons à faire. En tant que chrétien, je ne peux jamais désespérer de quelqu'un, même le plus grand criminel ; j'espère sa conversion, et celle-ci est possible.

Voyez-vous, j'ai connu une victime qui a sauvé du suicide un auteur d'abus emprisonné (lui-même victime dans son enfance) ; il s'est converti ; lui-même a sauvé un autre détenu du suicide et il évangélise en prison. La victime, avant de décéder de maladie, m'a confié ce détenu et je suis édifié par ses lettres. Il y a des cœurs purs, chez des criminels convertis ; les aumôniers de prison le savent.

Jésus nous aime tous, malgré nos péchés et nos crimes ; la Vierge Marie nous aime tous. La miséricorde ne s'oppose pas à la justice. A nous de creuser et de trouver les applications concrètes.

Soyez assurée de ma prière, comme je compte sur la vôtre.

+ Guy de Kerimel Archevêque de Toulouse

Compte LinkedIn de Margot Ferreira

Commentaire de la lettre

Pour commenter la réponse de Mgr de Kerimel, le compte Twitter/X parodique @GuydeKerimel a inséré des titres (en gras ci-dessous) dans le texte original 🡵.

Monseigneur Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse

Toulouse, le 19 août 2025

Madame,

1. Vous êtes une béotienne, une idiote, vous n'avez rien compris

Je réponds à votre lettre du 30 juin, qui exprimait votre révolte face à la nomination du chancelier. Je pense que vous ne connaissez pas bien la fonction de chancelier, et vous exagérer sa mission, en tous cas, pour ce qui est de notre diocèse. Le titre malheureusement évoque dans l'imaginaire un rôle de premier plan, alors qu'il est administratif, et nécessaire.

2. Un petit hors sujet : je mélange des convertis avec Spina qui a même nié ses crimes au procès

Cette nomination ne remettait pas en cause le travail d'écoute et de soutien des victimes, et le travail de prévention mis en place dans notre diocèse. Mais nous ne pouvons pas, après avoir ignoré les victimes, condamner pour toujours les auteurs d'abus. Certains vivent une vraie conversion et un vrai changement, pas tous ; il faut donc discerner la situation de chacun, mais, au nom de l'Evangile, nous avons le devoir de les réinsérer, chacun selon ses capacités. Dans mon dernier communiqué j'évoque l'attitude de Jésus et la confiance qu'll manifeste à certains qui ont gravement failli Il leur confie des responsabilités importantes.

3. Pas besoin de m'occuper des victimes, ils suffisent que je dise que je prends soin d'elle

La fidélité de l'Église au Christ et à l'Evangile nous pousse à veiller sur les enfants et les personnes vulnérables, à prendre soin des victimes, à tout faire pour que ces abus soient éradiqués des communautés chrétiennes et de la société ; cette fidélité nous pousse à faire miséricorde aux pécheurs, non pas seulement spirituellement et dans le concret.

4. Je montre que moi je prends de la hauteur ! En mélangeant les âneries 3. et 4.

Comment concilier les deux ? Cherchons, à la lumière de l'Evangile et en prenant appui sur les sciences humaines. C'est le travail que nous avons à faire. En tant que chrétien, je ne peux jamais désespérer de quelqu'un, même le plus grand criminel ; j'espère sa conversion, et celle-ci est possible.

5. Une petite histoire, vrai ou fausse, peu importe, l'essentiel est de toucher la destinataire

Voyez-vous, j'ai connu une victime qui a sauvé du suicide un auteur d'abus emprisonné (lui-même victime dans son enfance) ; il s'est converti ; lui-même a sauvé un autre détenu du suicide et il évangélise en prison. La victime, avant de décéder de maladie, m'a confié ce détenu et je suis édifié par ses lettres. Il y a des cœurs purs, chez des criminels convertis ; les aumôniers de prison le savent.

6. Chantons ensemble : On ira tous au Paradis, même les criminels

Jésus nous aime tous, malgré nos péchés et nos crimes ; la Vierge Marie nous aime tous. La miséricorde ne s'oppose pas à la justice. A nous de creuser et de trouver les applications concrètes.

Soyez assurée de ma prière, comme je compte sur la vôtre.

+ Guy de Kerimel Archevêque de Toulouse

Compte Twitter/X parodique @GuydeKerimel

Lettre de Margot Ferreira à Mgr de Kerimel, à l'origine de la réponse ci-dessus

Margot FERREIRA
Responsable d'équipe MEJ – Diocèse de Toulouse
Ancienne Responsable Pédagogie / Formation – Centre national du MEJ France

Toulouse, le 30 Juin 2025

À l'attention de Monseigneur Guy de Kerimel, Archevêque de Toulouse et Son Éminence le cardinal Jean-Marc Aveline, Président de la Conférence des Évêques de France

Objet : Réaction à la nomination de l'abbé Dominique Spina au poste de chancelier du diocèse de Toulouse

Monseigneur, Son Éminence,

C'est avec une révolte profonde et une immense déception que je vous adresse cette lettre. La nomination en juin 2025 de l'abbé Dominique Spina au poste de chancelier du diocèse de Toulouse constitue une décision gravissime, indéfendable, et indigne de l'Église de France en 2025.

L'abbé Spina a été condamné en 2006 à cinq ans de prison, dont un avec sursis, pour le viol d'un adolescent de 16 ans, des faits commis en 1993. Il ne s'agit pas d'un soupçon, mais d'un crime reconnu, jugé, sanctionné. Aujourd'hui, cet homme se voit confier une fonction centrale dans l'organigramme du diocèse : celle de chancelier. Cette charge n'est pas une simple tâche administrative. Le chancelier est le gardien des actes juridiques de l'évêque ; il intervient dans les nominations, la validation des actes canoniques, l'archivage des décisions. Il agit souvent en délégation directe de l'autorité épiscopale. Ce n'est donc pas un poste discret ou périphérique, mais une position de confiance, d'influence et de pouvoir au cœur même de la gouvernance diocésaine.

Le seul fait que ce crime ait été commis devrait suffire à écarter toute possibilité d'une telle nomination. Pourtant, vous le placez aujourd'hui dans une position de responsabilité que son passé aurait dû définitivement lui interdire. Ce choix heurte profondément la conscience ecclésiale et s'apparente à une trahison de la confiance que l'Église tente de reconstruire.

Ce prêtre n'a jamais été démis de ses fonctions depuis sa condamnation. Il a continué d'exercer son ministère, a été curé d'ensemble paroissial, et a participé à la pastorale, plus ou moins ouvertement, tout en demeurant intégré au diocèse, puis nommé vice-chancelier, avant d'être promu chancelier. Ce n'est ni un oubli, ni une étape transitoire. C'est une trajectoire assumée, et elle est déconcertante. Cet enchaînement n'a aucun sens moral ni institutionnel. C'est l'incarnation même d'une rupture profonde entre les actes posés par l'Église et les principes qu'elle affirme vouloir porter.

Je suis engagée depuis de nombreuses années au sein de l'Église. J'ai accompagné des équipes de jeunes dans le diocèse de Toulouse, participé à la formation de responsables d'animation au niveau national, et contribué à mettre en place, au sein du Mouvement Eucharistique des Jeunes (MEJ), une formation obligatoire à la prévention des violences sexuelles sur mineurs à destination des adultes encadrants/ accompagnants/animants. J'ai œuvré de concert avec la Conférence des Évêques de France pour que la culture du silence et de l'aveuglement prenne fin. J'ai agi, avec d'autres, pour faire de l'Église un lieu réellement sûr, respectueux et digne de la confiance des enfants et des familles.

Et aujourd'hui, vous venez anéantir tous ces efforts. Vous piétinez le travail de centaines d'éducateurs, d'animateurs, de laïcs, de prêtres responsables, qui ont porté cette exigence de vigilance et de vérité. Vous brisez la confiance patiemment reconstruite. Vous donnez à voir une Église incohérente, aveugle, sourde à ses propres engagements.

Nous avons tous vu les dégâts causés par des décennies d'inaction, de dissimulation, de protection du clergé au détriment des victimes. Le rapport Sauvé, les témoignages accablants, les larmes, les vies brisées… Comment, après cela, dans ce contexte, est-il encore possible de promouvoir un homme reconnu coupable d'avoir détruit un adolescent ? Comment peut-on parler encore de priorité donnée à la protection des plus faibles, quand vos actes les nient de façon aussi frontale ?

L'Église ne peut plus perpétuer une culture de réhabilitation institutionnelle des abuseurs sous couvert de miséricorde. Il ne s'agit pas de nier la possibilité du pardon spirituel. Il s'agit d'assumer pleinement que certaines fautes disqualifient définitivement tout accès à une fonction d'autorité ou de représentation. Il est inadmissible, en 2025, de devoir encore le rappeler.

Cette décision n'est pas seulement une erreur. Elle constitue un manquement grave à votre devoir moral et pastoral, une atteinte directe à la crédibilité de l'Église, et une violence supplémentaire faite aux victimes et à celles et ceux qui les accompagnent. Elle est aussi une insulte à la conscience collective qui, lentement mais fermement, a exigé des comptes, de la transparence, de la justice. Elle trahit votre rôle fondamental de pasteurs, garants de la protection des plus vulnérables.

En tant que croyante, fidèle et engagée pour notre Église, les enfants et leurs familles, je me refuse à servir une institution qui agit ainsi.

Je vous informe que cette lettre sera rendue publique. Il est temps que la parole des fidèles engagés, lucides, exigeants et blessés, soit entendue. C'est cette fidélité qui me pousse à m'exprimer aujourd'hui. Car cette nomination ne peut pas, ne doit pas, être regardée comme un simple choix administratif. Elle engage bien plus que cela. Elle soulève une question de cohérence morale, ecclésiale et spirituelle.

Je ne cherche pas à juger la personne de Dominique Spina. Je crois à la miséricorde. Je crois aussi à la conversion. Mais je crois encore plus fermement que certaines fonctions doivent rester incompatibles avec certains passés. Non par vengeance, mais par responsabilité. Par fidélité à ceux qui ont été blessés. Par respect pour les jeunes que nous accompagnons. Par souci de justice et de vérité.

Lors de son procès, des experts psychiatres ont mis en évidence un risque de récidive, des traits de personnalité inquiétants — paranoïa, narcissisme, perversion — ainsi qu'une absence totale de culpabilité. Ces constats, loin d'être anodins, ne peuvent être balayés d'un revers de main sous prétexte qu'aucun acte n'aurait été commis depuis. La gravité reste entière. Et ce passé, documenté, aurait dû suffire à écarter toute prise de fonction à caractère institutionnel.

Cette nomination fait violence à celles et ceux qui, comme moi, ont cru — et croient encore — que l'Église pouvait réellement changer. Elle blesse profondément les victimes qui espéraient être enfin prises au sérieux. Elle déstabilise les éducateurs, les prêtres engagés dans la prévention, les parents, les jeunes euxmêmes.

Je n'écris pas pour créer une polémique. J'écris parce que je ne peux pas rester silencieuse. Parce que ce choix est grave. Il ne s'agit plus de l'image de l'Église, mais de sa conscience. De sa parole. De sa crédibilité.

En tant que responsable de jeunes mineurs au sein de notre diocèse, je me sens aujourd'hui profondément honteuse et totalement décrédibilisée suite à cette décision. Comment l'expliquer à mes jeunes, à leurs parents, à mes équipes ? Comment continuer à transmettre les valeurs de vigilance, de justice, de respect inconditionnel, si l'Église elle-même donne le contre-exemple au sommet de sa gouvernance ?

Je n'abandonnerai pas mon engagement. Mais je ne peux plus faire semblant. Et je ne peux plus défendre ce qui me semble indéfendable.

Je ne sais pas comment l'Église espère encore rassembler, appeler, toucher de nouveaux visages si elle persiste à poser de tels actes. Comment prétendre susciter des vocations, de l'engagement, une adhésion sincère, quand les signaux donnés sont ceux de l'oubli, du silence, de la négation des blessures ?

Ce que vous avez décidé est grave. Et les conséquences, bien au-delà du diocèse de Toulouse, seront durables. Il ne suffira pas d'un communiqué pour réparer cela. Il faudra de l'humilité, de la vérité, et surtout, des choix à la hauteur des promesses que l'Église a faites à ses fidèles.

Quand l'Église trahit ce qu'elle annonce, elle ne s'affaiblit pas seulement aux yeux du monde. Elle perd aussi ceux qui, de l'intérieur, y ont cru avec force et loyauté.

Veuillez recevoir, Monseigneur, Son Éminence, l'expression ferme de mon engagement et de ma détermination pour une Église fidèle à l'Évangile et digne de la confiance des enfants qui lui sont confiés.

Margot FERREIRA

Compte LinkedIn de Margot Ferreira

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