Sœur Véronique Margron : comment garder la foi face aux abus dans l'Église de France ?
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<< Semaine du 29 septembre au 5 octobre 2025
Sœur Véronique Margron : comment garder la foi face aux abus dans l'Église de France ?
La place centrale de l'écoute dans le parcours de sœur Véronique Margron.
L'article publié dans la Vie 🡵 a été écrit à partir de l'interview disponible sur Youtube 🡵. Si vous en avez le temps (environ une heure), n'hésitez pas à écouter l'interview dans son intégralité !
Avec la Conférence des évêques de France, la Corref missionne Jean-Marc Sauve pour creer la Ciase en 2019. On vous voit vous engager pour que l'Église de France dans son ensemble se dirige vers une reconnaissance du scandale et vers une réparation collective. Pourquoi avez-vous mené ce combat ?
Véronique Margron Ce combat s'est imposé à moi : vous ne pouvez pas écouter des gens maltraités, violentés par des hommes d'Église, et vous dire que cela suffit. Ona très vite vu qu'on ne pouvait pas dire que c'était juste des « moutons noirs 17. Il y a eu un aveuglement institutionnel, une complicité passive la plupart du temps, et parfois nettement active.Nous devions reconnaître une responsabilité institutionnelle. Tout le monde dans les institutions d'Église a participé au climat d'omerta et de cléricalisme, parfois en en souffrant. Reconnaître cela était une première justice due aux victimes. Dans un second temps, il fallait proposer des parcours de réparation.
Y a-t-il eu des résistances ?
V.M. Bien sûr, et c'est bien normal ! Si vous n'avez pas été percuté de plein fouet par l'écoute, tout cela peut rester un dossier. Il y a un effondrement de découvrir que ce que vous croyez être le meilleur, l'annonce et la transmission de la foi, le témoignage, a produit le pire. À partir du moment où l'écoute vous a transpercé, vous n'êtes plus dans le même monde et la question de s'engager n'en est plus une : cela se fait, c'est tout.
[…]
Est-ce qu'en une décennie, votre vie a changé ?
V.M. Ah oui, je confirme ! Je trouvais ma % vie d'avant « tres active, marquée par des rencontres fortes, mais par comparaison, je la trouve presque tranquille. Aujourd'hui, je ne sais pas si elle est K intranquille 9) au sens où Marion Muller-Colard en parle si bien (voir l'Intranquillité, Bayard, 2016). Je ne sais pas si elle restera intranquille a tout jamais, mais je ne peux pas revenir en arrière. Ce que j'ai vécu m'a déportée, portée ailleurs. Je ne peux pas quitter ce peuple des victimes comme cela. Je ne vais pas en démissionner sous prétexte que je ne serai plus présidente de la Corref.
— La Vie