Établissement Saint-Stanislas de Nantes : deux prises de paroles très commentées

Huit personnes ont dénoncé des violences sexuelles au sein du collège et lycée privé de Nantes à l'Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation), chargée d'indemniser les victimes de l'Église 🡵.

Les propos de Dominique Pervenche, à la tête du groupe scolaire entre 1976 et 1998

« On sait très bien que quand il y a une indemnisation possible, ça stimule certaines initiatives ».

À la tête du groupe scolaire entre 1976 et 1998, Dominique Pervenche a laissé entendre, le 14 septembre, dans un entretien à Ouest France, que la perspective de compensations financières pourrait avoir contribué à faire sortir du bois des victimes, plus de vingt ans après les dernières violences recensées.

« On sait très bien que quand il y a une indemnisation possible, ça stimule certaines initiatives » , a affirmé Dominique Pervenche à nos confrères. L'ex directeur de Saint-Stanislas - qui a également été élu municipal à Nantes dans les années 1980 - ne remet pas en question les plus de 70 témoignages recueillis par la cellule d'écoute du diocèse - précisant même que l'un des prêtres mis en cause était connu pour « bien aimer les garçons ». Il s'interroge, cependant. « Il y a certainement eu des choses, je ne le nie pas, mais pourquoi avoir attendu quarante-cinq ans avant de témoigner et de révéler les faits ? », a-t-il ajouté en s'étonnant de l'absence de toute plainte et de tout signalement au cours des dernières décennies. Dans un précédent entretien accordé à Presse Océan , le directeur retraité précisait, noir sur blanc, n'avoir jamais été informé d'abus sexuels au sein de l'établissement.

Le Figaro

L'allégation fait aussi bondir Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France, l'une des grandes spécialistes de cette violence qualifiée aujourd'hui de « systémique ». La réalité, pour celle qui a été la première à recevoir le témoignage d'une victime de l'abbé Pierre, est très différente. « Les victimes se passeraient bien de cet argent, car ça voudrait dire qu'elles n'ont jamais été abusées, commente-t-elle. Affirmer ça, c'est comme si l'on disait aux victimes, vous avez eu de la chance, vous pouvez percevoir une belle somme d'argent. C'est méconnaître ce que vivent les victimes, les conséquences graves qu'elles subissent encore. »

D'autant que les montants des indemnisations, de 5 000 € à 60 000 €, « n'ont rien d'astronomiques ». Une somme d'argent qui « ne répare absolument rien, car on ne répare pas ces violences sexuelles, mais elles permettent de donner du poids à la parole de l'Église, qui reconnaît ces anciens élèves comme des victimes ». Sans parler de ces victimes qui refusent ces indemnisations, quand d'autres préfèrent « reverser cet argent à des associations de victimes de leur choix ».

Ouest France

L'interview de Frédéric Delemazure, directeur de l'enseignement catholique de Loire-Atlantique

« On savait qu'il s'était passé des choses graves dans l'établissements entre les années 60 et 2000 ». « Il y a eu des tags qui montraient clairement qu'il s'était passé des choses ».

Frédéric Delemazure : « On savait qu'il s'était passé des choses graves dans l'établissements entre les années 60 et 2000. Heureux de voir que des victimes, enfin, s'expriment, et que la parole se libère. »

Myriam N'Guenor (France Télévisions) : Comment sont arrivés les premiers soupçons sur cet établissement qui est pourtant réputé à Nantes ?

FD : « L'établissement bruissait de rumeurs depuis de très nombreuses années. (Il y a) une satisfaction de la communauté éducative aujourd'hui de pouvoir enfin arriver à dépasser les rumeurs. Et puis il y a eu des tags qui montraient clairement qu'il s'était passé des choses. Les premières victimes ont commencé à s'exprimer et nous ont permis de cibler d'avantage l'époque de ces crimes et de lancer cet appel à témoignages. »

MN : Les tags datent de 2021, est-ce qu'il y a eu une enquête interne qui a été menée à ce moment-là ?

FD : « Non parce qu'ils étaient anonymes, ils citaient des personnes mais ces personnes étaient citées aussi dans les rumeurs. On ne pouvait pas cibler ce qui se passait. Ce qu'on savait c'est qu'il s'était passé des choses. »

France3 Pays de la Loire

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