Le père Plater reconnaît des agressions sexuelles, ses premiers aveux datant de 2011

Mgr Wintzer agira « si les faits sont établis » 🡵. Les aveux du prêtre datent de 2011 🡵, et il les a réitérés cette semaine 🡵.

Le père Plater reconnaît des agressions sexuelles

ICI Auxerre - Avez-vous commis des agressions sexuelles sur des mineurs par le passé ?

Eugène Plater - Je vous dis tout de suite que oui. Il y a plus de quarante ans, j'ai été nommé éducateur dans un petit séminaire à Paris. À cette époque, il n'avait pas d'argent pas du tout, alors il fallait que je fasse tout. Je faisais tout y compris soigner les élèves quand ils étaient malades. Et j'avoue que je le faisais très maladroitement.

Qu'entendez-vous par « maladroitement » ?

Des attouchements. Des attouchements, il y en a eu, oui, oui.

Ce que vous dîtes, là, vous l'aviez déjà dit avant ?

Oui, à mon évêque de l'époque. Puis, j'en ai parlé à mes anciens élèves qui sont venus me voir sur ce sujet. La rencontre avait eu lieu à Sens, il m'ont fait des reproches et je leur ai dit ce que je vous dis là. Je ne veux pas dire que je suis innocent, non, je ne suis pas innocent. Il y a eu des attouchements et j'en ai parlé deux jours après à mon évêque. Comme je suis Polonais et que ces garçons étaient d'origine polonaise, j'ai écrit une lettre au président de la conférence épiscopale de Pologne en disant que je n'étais pas innocent. Et je sais par ailleurs une chose, c'est que parmi mes anciens élèves, il y en a quelques-uns qui veulent gagner beaucoup d'argent.

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Le père Plater reconnaît aussi une autre agression sur dit-il « quelqu'un de proche de moi ». Sa petite-nièce âgée de 36 ans a récemment porté plainte pour des agressions qu'elle dit avoir subies à la fin des années 1990. Curé à Saint-Valérien pendant 28 ans, il assure n'avoir touché aucun enfant du village. « À aucun moment », promet le père Plater.

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Les agressions au petits séminaire

Des années 1960 jusqu'à la fermeture de l'établissement en 1988, des dizaines de garçons ont vécu un calvaire quotidien sous l'autorité de ce prêtre, 90 ans aujourd'hui, retraité à Saint-Valérien (Yonne). Début juillet, treize dossiers de victimes présumées ont été déposés à l'Inirr, l'instance de réparation des abus dans l'Église.

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Au petit séminaire, Eugène Plater utilisait une pièce surnommée « salka chorych » (chambre de malade, en polonais) où il isolait les élèves souffrants. « Il n'utilisait pas de thermomètre, mais ses doigts », témoigne une victime. « Il n'était pas qualifié, mais se portait volontaire pour ces examens pour des raisons que nous connaissons tous », dit une autre. En réalité, de la torture et des viols.

Ulf s'en souvient très bien. Il avait 10 ans. « J'avais des cicatrices sur le ventre. Il les utilisait comme prétexte pour m'examiner. Un jour, il m'a assis sur ses genoux, fesses nues vers lui. Il a pris une ceinture en cuir, m'a fouetté, jusqu'au sang. » Le garçonnet crie, en allemand : « Pourquoi ? » Le curé s'arrête, lui caresse la tête. « Puis il m'a mis à quatre pattes sur son lit pour me violer avec ses doigts, retrace Ulf, tremblant. Il m'a demandé de ne pas me retourner et s'est masturbé tout en continuant. »

Aux autres, sous prétexte de soigner des maux d'estomac, il leur introduisait des « bouchons verts en forme de suppositoires ». Selon les élèves, le prêtre leur proposait parfois de boire une bouteille d'Orangina dans laquelle ils le soupçonnent d'avoir glissé une drogue.

Rapports avec les évêques successifs de Sens-Auxerre

Eugène Plater assure avoir fait des aveux auprès de monseigneur Yves Patenôtre, évêque de Sens-Auxerre en 2011. Mais ce dernier nie. « Non », répond-il, sans détail. Le diocèse affirme que « rien n'est mentionné » dans ses archives. Le prêtre évoque également une lettre envoyée à l'épiscopat polonais, ainsi qu'au nonce apostolique en Pologne, l'ambassadeur du pape. Le Vatican n'a pas répondu à notre demande de confirmation.

Hervé Giraud, évêque de Sens-Auxerre entre 2015 et 2024, a bien connu Eugène Plater ― « sans rien savoir de son passé ». « Un homme obscur », rembobine-t-il. À l'aune de nos révélations, le prélat se souvient d'un sombre épisode.

« Quand j'avais décidé d'écarter l'abbé Tribut (un prêtre condamné pour des agressions sexuelles en 2023), le père Plater m'avait écrit, de manière très véhémente, que je devais faire acte de miséricorde, car ce collègue avait aussi accompli de bonnes actions », se souvient Hervé Giraud. En clair : un prédateur présumé en protégeait un autre, pourtant condamné.

De son côté, Pascal Wintzer, l'actuel évêque de Sens, dit avoir découvert l'affaire en juillet, quand l'Inirr l'a contacté. « Il était recommandé par les évêques de Pologne, nous n'avions pas de raison d'avoir des doutes », se souvient-il. Et d'assurer « apporter sa collaboration pleine et entière à l'Inirr dans la démarche de recueil d'informations », indiquant que « lorsque cette étape (…) sera achevée », il pourra « saisir l'instance canonique qui dira le droit et ce qui doit être fait par l'évêque ». « Si les faits sont établis », ajoute-t-il.

Le Parisien

Des faits non prescrits ?

Le 20 août, Maéva (le prénom a été changé), petite-nièce du religieux, a porté plainte contre lui. Aujourd'hui âgée de 36 ans, elle accuse « Nika » ― son surnom dans le cercle familial ― de l'avoir agressée sexuellement entre 1998 et 1999, alors qu'elle n'avait pas 10 ans. Les faits se seraient déroulés lors des vacances d'été, dans la maison de ses grands-parents, où le curé avait l'habitude de passer.

« Un jour, alors qu'il devait quitter la maison tôt le matin, il est rentré dans la chambre où je dormais avec mon petit frère. J'étais réveillée mais je n'ai pas bougé. Il s'est approché de moi et a commencé alors à me caresser les fesses. Sa main a glissé vers l'entrée de mon sexe », retrace-t-elle. C'est l'assistante du prêtre, venue le chercher, qui a mis fin à l'agression.

La fillette se confie à ses parents, qui refuseront de revoir Eugène Plater. Lui s'est fendu d'une lettre, dans laquelle il réclame « le pardon de Dieu ».

Le Parisien

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