L'affaire Kerimel-Spina révèle les fractures du catholicisme français

L'analyse de Bernadette Sauvaget

Ces derniers temps, ce sont plus encore les justifications que l'archevêque de Toulouse, Guy de Kerimel, a apportées à cette nomination au poste de chancelier du diocèse qui font débat. In extremis, ce dernier a quand même consenti, le week-end du 15 août, à revenir sur ce choix calamiteux.

Pour autant, le prélat, sanglé dans ses certitudes, revendique toujours la justesse de ses choix, versant à chacune de ses prises de position publique du kérosène sur la polémique. Kerimel privilégie la « miséricorde » à accorder au prêtre, sa réhabilitation au mépris d'une opinion publique catholique très mobilisée – lui dit se méfier des « émotions qui ne conduisent que rarement à une vraie justice » – et de l'attention aux victimes, heurtant, par là même, de très nombreux fidèles.

L'affaire Kerimel-Spina a installé un malaise profond. Cette crise inattendue est le révélateur du fossé qui s'est creusé depuis la remise du rapport Sauvé entre les fidèles – souvent des parents et des grands-parents – pour qui la sécurité des enfants et la considération due aux victimes priment et une partie de la hiérarchie catholique qui demeure principalement préoccupée par le sort de « ses » prêtres, ce fameux cléricalisme dénoncé en son temps par le pape François. En positif, la polémique a mis au jour le poids de cette opinion publique catholique, le « peuple de Dieu » selon les termes de la théologie qui s'était déjà manifesté fortement, à l'automne 2021, lors de la remise du rapport Sauvé. A l'époque, il avait contraint la hiérarchie épiscopale à prendre sérieusement en compte les conclusions de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase).

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Il a fallu que plusieurs évêques français – et non pas seulement Aveline – interviennent pour le contraindre à « démissionner » Spina. En fait, il y a peu de contre-pouvoir, si ce n'est celui du pape, au pouvoir exorbitant d'un évêque dans son diocèse. Il est quand même étonnant qu'il ait fallu deux mois pour régler une affaire qui, en théorie, n'aurait pas jamais dû avoir lieu.

Libération

Un conseil hors sol ?

Cette polémique serait-elle un fait révélateur d'une façon de penser de l'archevêque ? Pour le prêtre Charles Demelle, le problème serait ses conseillers.« Ils sont encore dans la démarche de sauver l'Institution, mais ce sont les victimes qu'il faut sauver. Aujourd'hui, dire que les gens sont loin de l'Église c'est faux, c'est nous qui sommes loin des gens, indique-t-il. Son conseil est hors sol et déconnecté de la réalité. »

France3 Occitanie

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