Nomination de l'Abbé Spina : Mgr de Kerimel revient sur sa décision

La nomination

Cette nomination ne concerne que la charge de chancelier. Le père Dominique Spina semble donc rester délégué épiscopal aux mariages" 🡵.

Comme le fait remarquer @koztoujours sur Twitter/X, « Un épilogue, avec un petit hommage au P. Dominique Spina et sa belle « disponibilité de cœur ». Il n'est certes pas nécessaire de l'enfoncer mais la précision laisse perplexe » 🡵.

NOMINATION
À ma demande, le Père Dominique Spina a renoncé à la charge de chancelier avec une réelle disponibilité de cœur. Je l'en remercie.

Je nomme donc, après consultation, l'abbé Léopold Biyoki, chancelier du diocèse de Toulouse, à partir du 1er septembre 2025.

+ Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse

Diocèse de Toulouse

Le communiqué

Communiqué – À propos de la nomination du chancelier

Pour ne pas provoquer de division entre évêques, et pour ne pas en rester à un face à face entre les « pour » et les « contre », j'ai décidé de revenir sur ma décision ; c'est maintenant fait, avec la nomination d'un nouveau chancelier.

Ma décision avait été interprétée par de nombreuses personnes comme un camouflet envers les victimes d'abus sexuel ; j'en demande pardon aux victimes. Ce n'était évidemment pas mon intention. D'autres y voyaient enfin un signe d'espérance pour les auteurs d'abus qui avaient fait leur peine et qui vivent une mort sociale très éprouvante. Là, je dois demander pardon à celui que j'avais nommé et à qui je fais confiance, pour ne pas avoir su trouver la juste place à laquelle il a droit.

Comment trouver l'attitude juste qui n'oblige pas à prendre un parti au détriment de l'autre ? Comment tenir l'attention première aux victimes sans rejeter à jamais les coupables ?

On parle aujourd'hui d'une « justice restaurative » : elle cherche à établir une rencontre, toujours libre, entre l'auteur du méfait et la victime, pour une reconnaissance du mal commis et dans le souhait de ne pas se laisser enfermer dans le mal.

L'auteur doit réparer le mal commis, ou, au moins, par la peine que la justice lui inflige participer à la réparation du mal commis. Quand il s'agit d'un crime, le mal a toujours une dimension irréparable. Que faire dans ce cas ? Pratiquer la vengeance ? Ce serait s'enfermer dans une logique destructrice et finalement dans la victoire ultime du mal.

La France a renoncé à la peine de mort ; la justice croit à un changement possible des criminels et travaillent à leur réinsertion. Elle ne peut pas laisser libre cours à la vengeance ; ce serait au détriment de l'auteur bien sûr, mais aussi de la victime et de toute la société. Au nom d'une telle justice, on tomberait dans les pires injustices. La justice ne rend pas à l'auteur le mal qu'il a fait à la victime : « œil pour œil, dent pour dent ». Elle met une limite à l'exclusion du coupable, sauf dans les cas extrêmes de personnes dangereuses.

Dans l'Évangile, Jésus est allé très loin dans la réhabilitation des personnes pécheresses et coupables. Il a appelé à des postes de responsabilité des hommes comme Matthieu le collecteur d'impôt, Pierre le renégat, Paul le criminel, Marie-Madeleine la prostituée, et tant d'autres. Paul avait fait des victimes, peut-être aussi saint Matthieu dans un autre ordre. Cependant, Jésus a pardonné leurs péchés, ils ont changé de vie, et ils ont exercé, au nom du Christ, une autorité qui dure encore aujourd'hui. Cette logique évangélique va encore au-delà de la réinsertion, qui ne touche que la place dans le corps social : elle porte le nom de conversion, car elle change le cœur de l'homme.

Nous qui avons mission de témoigner de l'Évangile, nous ne pouvons pas ignorer la miséricorde dont Jésus a toujours témoigné, jusque sur la croix, en pardonnant au malfaiteur qui se tournait vers Lui. Nous croyons que la justice ne s'oppose pas à la miséricorde, la miséricorde ne s'oppose pas à la justice.

Nous croyons au pardon, à la rédemption, sans jamais cautionner l'injustice, même si, parfois hélas, il nous arrive de la pratiquer, car nous ne valons pas mieux que les premiers disciples de Jésus. Le chemin de conversion n'est jamais achevé sur cette terre.

Comment tenir ensemble justice et miséricorde ? J'aimerais que nous continuions à réfléchir sur ce sujet important, pour ne pas en rester aux émotions qui ne conduisent que rarement à une vraie justice, mais que, en tant que chrétiens, nous ayons une attitude la plus juste possible, conforme à l'Évangile.

Soyez assurés de mon dévouement.

+ Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse
Le 16 août 2025

Diocèse de Toulouse

Commentaires du communiqué

Commentaire publié sur X/Twitter 🡵 et Bluesky 🡵.

Pour ne pas provoquer de division entre évêques, et pour ne pas en rester à un face à face entre les « pour » et les « contre », j'ai décidé de revenir sur ma décision ; c'est maintenant fait, avec la nomination d'un nouveau chancelier.

Ma décision avait été interprétée par de nombreuses personnes comme un camouflet envers les victimes d'abus sexuel ; j'en demande pardon aux victimes. Ce n'était évidemment pas mon intention. D'autres y voyaient enfin un signe d'espérance pour les auteurs d'abus qui avaient fait leur peine et qui vivent une mort sociale très éprouvante. Là, je dois demander pardon à celui que j'avais nommé et à qui je fais confiance, pour ne pas avoir su trouver la juste place à laquelle il a droit.

Comprenez : je n'ai fait aucune erreur avec cette nomination. « Ma décision avait été interprétée »… donc mal interprétée.

Comment trouver l'attitude juste qui n'oblige pas à prendre un parti au détriment de l'autre ? Comment tenir l'attention première aux victimes sans rejeter à jamais les coupables ?

Victimes et auteur de viol, ce n'est pas symétrique, contrairement à ce que la formulation pourrait laisser croire. L'attitude saine, c'est le soutien premier aux victimes. Et ensuite, ne pas mettre les auteurs dans une situation intenable du fait de leur passé.

On parle aujourd'hui d'une « justice restaurative » : elle cherche à établir une rencontre, toujours libre, entre l'auteur du méfait et la victime, pour une reconnaissance du mal commis et dans le souhait de ne pas se laisser enfermer dans le mal.

Ce paragraphe de transition avec le suivant est assez mal venu. La justice restaurative, c'est accompagner le chemin de reconstruction de la victime en passant par SES besoins. La rencontre avec l'auteur n'est en rien une nécessité systématique.

L'auteur doit réparer le mal commis, ou, au moins, par la peine que la justice lui inflige participer à la réparation du mal commis. Quand il s'agit d'un crime, le mal a toujours une dimension irréparable. Que faire dans ce cas ? Pratiquer la vengeance ? Ce serait s'enfermer dans une logique destructrice et finalement dans la victoire ultime du mal.

Oui, le viol a une dimension irréparable. Mais qui parle de vengeance ? En tous cas, je ne crois pas avoir lu cela dans les très nombreuses réactions de victimes à l'affaire Spina.

La France a renoncé à la peine de mort ; la justice croit à un changement possible des criminels et travaillent à leur réinsertion. Elle ne peut pas laisser libre cours à la vengeance ; ce serait au détriment de l'auteur bien sûr, mais aussi de la victime et de toute la société. Au nom d'une telle justice, on tomberait dans les pires injustices. La justice ne rend pas à l'auteur le mal qu'il a fait à la victime : « œil pour œil, dent pour dent ». Elle met une limite à l'exclusion du coupable, sauf dans les cas extrêmes de personnes dangereuses.

« œil pour œil, dent pour dent » : pourquoi ce développement ? Encore une fois, personne ne parle de violer le père Spina, mais simplement de ne pas lui donner le poste de chancelier. C'est « un peu » différent.

Dans l'Évangile, Jésus est allé très loin dans la réhabilitation des personnes pécheresses et coupables. Il a appelé à des postes de responsabilité des hommes comme Matthieu le collecteur d'impôt, Pierre le renégat, Paul le criminel, Marie-Madeleine la prostituée, et tant d'autres. Paul avait fait des victimes, peut-être aussi saint Matthieu dans un autre ordre. Cependant, Jésus a pardonné leurs péchés, ils ont changé de vie, et ils ont exercé, au nom du Christ, une autorité qui dure encore aujourd'hui. Cette logique évangélique va encore au-delà de la réinsertion, qui ne touche que la place dans le corps social : elle porte le nom de conversion, car elle change le cœur de l'homme.

Petit développement pour montrer que Mgr de Kerimel ne regrette rien. Il n'a fait qu'agir comme Jésus et a été incompris. Il place dans le même « sac » Marie-Madeleine, prostituée (que l'on peut qualifier de victime), un collecteur d'impôt (collaborateur, mais pas criminel) et Paul.

« Comparaison foireuse avec S. Paul qui en conscience croyait devoir persécuter une secte hérétique (= les premiers chrétiens) avant son chemin de Damas. Spina n'a jamais cru devoir en conscience violer un adolescent. C'est du n'importe quoi » 🡵.

Nous qui avons mission de témoigner de l'Évangile, nous ne pouvons pas ignorer la miséricorde dont Jésus a toujours témoigné, jusque sur la croix, en pardonnant au malfaiteur qui se tournait vers Lui. Nous croyons que la justice ne s'oppose pas à la miséricorde, la miséricorde ne s'oppose pas à la justice.

Nous croyons au pardon, à la rédemption, sans jamais cautionner l'injustice, même si, parfois hélas, il nous arrive de la pratiquer, car nous ne valons pas mieux que les premiers disciples de Jésus. Le chemin de conversion n'est jamais achevé sur cette terre.

Comment tenir ensemble justice et miséricorde ? J'aimerais que nous continuions à réfléchir sur ce sujet important, pour ne pas en rester aux émotions qui ne conduisent que rarement à une vraie justice, mais que, en tant que chrétiens, nous ayons une attitude la plus juste possible, conforme à l'Évangile.

Soyez assurés de mon dévouement.

Reprise de sa défense : miséricorde et justice, en disant que c'est très très très compliqué. Et qu'il faudra beaucoup réfléchir.

Bref, Mgr de Kerimel fait mine de ne pas comprendre que la nomination du père Spina comme chancelier était une faute de discernement grave. On peut parfaitement être miséricordieux, et ne pas nommer un criminel chancelier.

On peut parfaitement ne pas vouloir la mort sociale du père Spina, et ne pas le nommer chancelier. Cela semble une évidence au regard de tous… mais pas de Mgr Kerimel.

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