Nomination de l'Abbé Spina : les réactions se poursuivent

Depuis l'annonce, l'indignation monte parmi les catholiques toulousains, comme le rapporte « Le Monde », mercredi 6 août. « C'est un camouflet à tous ceux qui ont été maltraités, dans et hors de l'Église », s'indigne une paroissienne de 75 ans. « Ça nous a bouleversés, choqués même. On en a parlé entre nous pendant des jours et des nuits », confie un jeune couple au journal 🡵.

« Ce gamin, c'est un bon plan. J'ai pu en profiter. » Le tuyau est soufflé d'un curé pédophile à un autre. Gaël (le prénom a été changé) est l'une de ces proies faciles — père violent, mère seule avec cinq enfants — pour le directeur-prêtre de Notre-Dame de Bétharram, le père Carricart, un agresseur notoire, qui refile le « bon plan » à Dominique Spina, alors aumônier catholique dans la région 🡵.

Ce qui est en jeu, c'est la théologie fondamentaliste de l'archevêque de Toulouse, selon laquelle tout doit être pardonné, immédiatement et inconditionnellement. Cette idéologie, apparemment évangélique, n'est pas chrétienne. Pour être véritablement chrétien, il faut reconnaître que le pardon est un cheminement spirituel qui demande du temps, et accepter ce que Benoît XVI a déclaré le 11 mai 2010 à Fatima : « Le pardon ne remplace pas la justice. »

Le deuxième point concerne la grave faute de la Section disciplinaire du Dicastère pour la doctrine de la foi, qui n'a pas destitué Dominique Spina de l'état clérical. D'autres considérations méritent d'être prises en compte, mais il serait trop long de toutes les énumérer.

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Je suis frappé par le silence prolongé du Conseil permanent de l'épiscopat et de son président sur cette question. Ce style de gouvernance, selon l'aphorisme de Queuille ( « Il n'est pas de problème que l'absence de solution ne puisse résoudre » ), est une manifestation déplorable de cléricalisme.

Heureusement, les victimes protestent et les défenseurs du bon sens se joignent à elles.

Père Pierre Vignon, dans Adista

« C'est extrêmement choquant. Maintenir quelqu'un comme ça, c'est envoyer un message d'impunité. Il n'a pas été recondamné depuis, d'accord, mais comment peut-on imaginer cette annonce après avoir commis et été condamné pour des faits criminels pareils ? Dans n'importe quel autre métier vous ne retrouveriez pas votre place alors pourquoi est-ce le cas dans le domaine de l'Église, où vous êtes censé montrer l'exemple et avoir une moralité forte ? » s'interroge le jeune homme [victime de l'abbé Dominique Spina].

France 3

A Toulouse, devant Saint-Nicolas, les fidèles qui s'expriment préfèrent l'anonymat. Impliqué dans sa paroisse, fervent catholique, un jeune couple qui ne souhaite donner ni âges ni prénoms avoue avoir « énormément pensé à cette histoire ». « Ça nous a remués, choqués même, nous en avons parlé entre nous pendant des jours et des nuits », confient-ils. Eux estiment que « ce genre de choses » arrive « dans tous les milieux, pas uniquement dans l'Église ». « C'est par exemple le cas dans le sport, explique le jeune homme, mais un coach sportif n'est pas supposé vivre comme Jésus, un prêtre si. » Au prêtre, explique-t-il, « on confie son âme ». Le jeune couple a été particulièrement choqué par le communiqué d'explication de sa décision que Mgr de Kerimel a publié le 10 juillet : « C'était défensif, froid, il aurait tout simplement pu dire qu'il pensait aux victimes. »

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[Margot Ferreira], très impliquée dans l'Église, a été choquée au point de publier un texte sur le réseau social professionnel LinkedIn, lequel a fini par faire le tour de toute la sphère catholique française. Auprès du Monde, elle balaie immédiatement l'argumentaire de l'évêque : « On parle de mort sociale, alors qu'il n'en est rien ! Dans la fonction publique, il y a des postes qu'on ne peut pas exercer avec un casier judiciaire, mais pourquoi pas dans l'Église ? » D'autant que, dans le droit canonique, il est spécifiquement indiqué que « le chancelier et les notaires doivent être de réputation intacte et au-dessus de tout soupçon ».

Pour beaucoup, il s'agit là d'une preuve supplémentaire que certains prélats n'ont toujours pas compris la portée de la crise des violences sexuelles qui secoue l'Église. Cette affaire serait ainsi emblématique d'un aveuglement qui demeure, quatre ans après la publication du rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase).

Dans le centre-ville, une paroissienne de 56 ans fulmine : « J'ai une foi profonde, et je continue à faire confiance à l'Église et à ses prêtres, mais ce que fait de Kerimel piétine le travail de la Ciase et montre que l'Église n'a rien compris aux conséquences du viol sur les victimes alors qu'il s'agit d'un meurtre d'âme. » Sous l'empire d'une colère froide, elle insiste : « Les gens vont me dire : « Tu l'as vue ton Église » ? Oui, je l'ai vue et j'en ai honte. »

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Ils sont ainsi plusieurs à s'engager contre les violences sexuelles et à sentir leurs efforts diminués par ce genre de nomination, et surtout par l'obstination de leur évêque et sa justification. « Déjà qu'on a dû assumer les abus commis par les confrères, maintenant on doit assumer les errances des évêques », explique un ecclésiastique. Il poursuit : « La nomination est une chose, mais la réaction de Guy de Kerimel est encore pire, car il inverse la charge de la culpabilité. »

Le Monde

Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse, a annoncé le 1er juillet 2025 la nomination de l'abbé Dominique Spina au poste de chancelier et délégué épiscopal aux mariages. Celui-ci exerçait jusqu'à présent la fonction d'archiviste pour le diocèse de Toulouse.

Cette nouvelle suscite de vives réactions et une profonde incompréhension de la part de nombreux fidèles en France, car l'abbé Spina a un passé judiciaire lourd : il a été jugé en 2006 par la cour d'assises de Pau pour viol sur mineur.

Parmi les réactions, Mgr Hervé Giraud considère cette nomination comme « inacceptable et intenable ». Outre l'évêque de Viviers, des collectifs de victimes et des associations – telles que « Parler et Revivre » ou « Après le CIASE » – ont manifesté leur profond désaccord et parlent d'une « défaillance institutionnelle majeure ».

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« Ma première réaction a été de penser aux victimes » a déclaré Mgr Hervé Giraud, évêque de Viviers, en Ardèche. « Après tant d'années de prise de conscience, de rapports dont celui de la CIASE, comment pouvait-on encore nommer un prêtre coupable, même ayant accompli sa peine, à un tel poste qui demande une ‘réputation intègre’ ? » a-t-il confié aux journalistes.

ZENIT

Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse, a préféré user de « miséricorde » pour un criminel en le promouvant Chancelier de l'Archevêché, alors qu'aucun respect n'a été montré envers la victime de ses crimes odieux. D'autre part, lorsqu'il était Évêque de Grenoble, Kerimel n'hésita pas à faucher la communauté locale de la Fraternité Saint-Pierre et les Messes de rite tridentin. Miséricorde pour les fidèles Catholiques ? Jamais. Mais pour les pédophiles, le cœur des Bergogliens est toujours prêt à s'émouvoir.

Ce n'est que le dernier cas d'une série de honteux scandales, dont les évêques, les conférences épiscopales nationales et les dicastères romains sont complices.

Mgr Viganò (excommunié latæ sententiæ pour schisme), dans medias-presse.info

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