Bétharram : et maintenant ?

Le grand combat d'Emmanuel Macron

Vraiment ? En avril 2022, en campagne pour sa réélection, Emmanuel Macron avait fait de la protection de l'enfance son « grand combat », sa nouvelle cause nationale, après celle de « l'égalité entre les femmes et les hommes ». « Il nous faut protéger nos enfants des violences qu'ils subissent, avait clamé le président de la République. De tous ceux qui, dans les silences trop longtemps tenus, ont commis le pire et continuent d'abuser d'eux. »

Le chef de l'État semblait même ému : « Je sais… Je sais parce qu'à travers le pays, tant de fois, [certains] m'ont tiré la manche pour me confesser ce qu'ils avaient vécu, avec la honte de l'avoir vécu, avec la douleur […] de n'avoir trouvé aucune oreille pour l'entendre, aucun adulte pour le recevoir. Cette honte-là, elle changera de camp. » Par quel miracle, monsieur le président ?

Car un mois est passé depuis que la commission d'enquête post-Bétharram de l'Assemblée nationale a publié son rapport final, avec cinquante recommandations visant à tirer les leçons du scandale, adoptées sans qu'un·e seul·e député·e ait voté contre. Et depuis ? Tout juste, la ministre de l'éducation nationale Élisabeth Borne a-t-elle remis en scène quelques mesures déjà annoncées et jugées insuffisantes par les parlementaires. Mais au sommet de l'État ? Rien.

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La commission d'enquête « version 1998 »

Avec le recul, on est frappé par les résonances entre cette commission d'enquête « version 1998 » et celle de 2025. « Notre société doit apprendre ou réapprendre à écouter et à parler », écrit déjà Laurent Fabius, dans le rapport final. Certaines recommandations de l'époque ressemblent à s'y méprendre à celles énoncées le 2 juillet : de meilleurs circuits de signalement, des recrutements de médecins et d'infirmières scolaires pour améliorer le repérage…

Déjà, le député Fabius réclame « que les pouvoirs publics mettent en œuvre l'ensemble des propositions » et lance cet avertissement : « Nous serons actifs et vigilants. » Car « une société se juge par le sort qu'elle réserve à ses enfants ».

Verdict ? Vingt-sept ans plus tard, nous avons omis d'agir – ou alors à la marge – pour venir au secours des cohortes de victimes.

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