Nomination de l'Abbé Spina : les réactions de réprobation ne tarissent pas

Prise de parole publique de Mgr Hervé Giraud

Sur Bluesky

1 Co 12,26 Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui. #HG « D'où vient cette impression que l'Église a toujours mieux su faire avec les pécheurs qu'avec les victimes ? » (J.-B. Metz) La nomination du chancelier du diocèse de Toulouse est inacceptable et intenable. 🡵

Dans La Vie

« Je ne vois pas pourquoi un prêtre, ayant purgé sa peine, ne pourrait pas prendre un emploi ordinaire comme tout citoyen » 🡵.

Vous vous êtes exprimé sur les réseaux sociaux au regard de la décision prise dans le diocèse de Toulouse. Qu'est-ce qui vous a poussé à sortir de votre réserve ?

Ma première réaction a été de penser aux victimes. Leurs réactions indignées ne se sont pas fait attendre. Comme beaucoup d'autres, j'ai donc été atterré par cette nomination. Après tant d'années de prise de conscience, de rapports dont celui de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église, ndlr), comment pouvait-on encore nommer un prêtre coupable, même ayant accompli sa peine, à un tel poste qui demande une « réputation intègre » ?

L'archevêque de Toulouse parlait de « principe de miséricorde » mais je me suis dit que nous n'avions vraiment pas la même notion de la miséricorde. Qui doit faire miséricorde ? Je ne pense pas qu'un évêque puisse faire miséricorde sans prendre en compte les personnes victimes. Certes, ce n'est pas simple car il faut bien veiller aussi à l'avenir du prêtre mais il y a bien d'autres manières de lui ouvrir un chemin de vie.

[…]

Comment articuler collégialité et justesse vis-à-vis de vos confrères évêques ? La présidence de la Conférence des évêques de France devrait-elle intervenir ?

​La collégialité entre évêques ne suffit pas. Elle peut paralyser. Elle peut aussi montrer une détermination commune pour la prévention des abus et violences sexuelles.

Mais en amont de la collégialité, il y a, pour un évêque diocésain, le souci de tout le peuple de Dieu. Je dois d'abord avoir une sollicitude pour toute l'Église et donc être solidaire du peuple qui m'est confié.

La Vie

Sur France Inter

Il ne s'agit pas d'abord d'affronter un confrère, je ne connais pas toutes les circonstances qui ont amené à cette décision, mais j'ai reçu des réactions vraiment de gauche et de droite pour faire très court, de conservateurs comme de progressistes et je voyais que tout le monde était indigné par cela.

Je trouvais que cette opinion publique, il fallait qu'elle s'exprime par une voix un peu plus episcopale, et qu'on avait tellement travaillé à nous mettre à l'écoute des victimes pendant des années, on arrivait à trouver une attitude juste vis à vis d'elles, à se mettre de leur point de vue, vraiment il ne faut pas pas qu'on revienne en arrière.

Bien sûr, il ne faut pas de double peine pour ce prêtre, mais il y a d'autres manières de lui confier un avenir et pas forcément en donnant une mission qui demande une sorte intégrité assez forte. Il y a encore beaucoup à faire, il y a beaucoup de prévention à faire, il ne faut pas qu'un événement comme celui ci empêche cette attente qu'il y a du côté des victimes.

France Inter (à partir de 5min 30)

Miséricorde ! Le magazine qui se lit les yeux fermés

Un ton grinçant et un humour particulièrement sarcastique. Le « magazine qui se lit les yeux fermés », baptisé Miséricorde ! a été publié en ligne, lundi 21 juillet. Il se présente comme un hors-série gratuit et son premier numéro. Le sujet est grave : celui des abus sexuels dans l'Église catholique. Une quinzaine de pages pour dénoncer le suivi de cette question, particulièrement par les évêques de France 🡵.

Téléchargement gratuit

Association Parler et Revivre, dans La Vie

Dans la situation toulousaine, les « explications » de l'archevêque sont révélatrices de ce système à l'œuvre. La miséricorde, ici sollicitée comme un passe-droit pour l'oubli d'un lourd passé, est un bouclier pour l'institution soucieuse de préserver ses forces, tout comme les sacrements ont été et sont utilisés comme « une arme » à des fins d'abus et d'agressions sur des enfants et des adultes.

Ainsi, les piliers fondateurs de l'Église sont dévoyés pour préserver l'impunité et protéger des membres du clergé ayant commis des crimes.

[…]

Nous exprimons enfin notre vive inquiétude face au silence de la Conférence des évêques de France (CEF), en particulier de son président, le cardinal Jean-Marc Aveline, en fonction depuis le 1er juillet. Cette absence de réaction publique nourrit la crainte d'un soutien tacite à une décision incompréhensible et inacceptable, qui va à l'encontre des avancées pourtant significatives réalisées ces dernières années dans la lutte contre les abus et violences dans l'Église.

Il est aujourd'hui indispensable que les institutions ecclésiales, la CEF comme la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref), clarifient leur politique de gestion, de vigilance et de réintégration des clercs, prêtres et religieux condamnés pour des faits d'agressions et de crimes. Cette clarification est un impératif de justice, de vérité, et de fidélité aux engagements pris devant les personnes victimes, les fidèles catholiques, et la société tout entière.

Association Parler et Revivre, dans La Vie

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