Le jésuite espagnol Lucho Roma a abusé de centaines de jeunes filles autochtones en Bolivie pendant des décennies
Durant son séjour missionnaire à Charagua, dans le sud-est du pays, entre 1994 et 2005, Lucho Roma avait écrit à la main comment il avait photographié, filmé et abusé de plus de 100 jeunes filles, pour la plupart des autochtones guaranis. Au moins 70 d'entre elles sont identifiées par leur nom. Roma a détaillé l'émotion que cela lui avait causée et les difficultés qu'il avait rencontrées pour commettre ses crimes. Le journal comprenait 75 pages, désorganisées, dont beaucoup n'étaient pas datées, et qu'il conservait dans trois dossiers différents. Il s'agit du deuxième journal connu d'un jésuite pédophile en Bolivie, après la publication, il y a un an, par EL PAÍS, des mémoires du prêtre Alfonso Pedrajas.
[…]
Tout était consigné dans un rapport accablant confirmant la dissimulation systématique par l'ordre de cette affaire et d'autres cas de pédophilie. Mais quelques semaines seulement avant la rédaction des conclusions, Roma est décédé à Cochabamba des suites de maladies dont il souffrait depuis des années. C'était le 6 août 2019, à l'âge de 84 ans. Les résultats de l'enquête n'ont pas été rendus publics. La Fraternité, l'ordre auquel appartient le pape François, n'a pas informé les autorités civiles boliviennes de ses conclusions et n'a pas tenu compte de la recommandation des inspecteurs d'indemniser les victimes.
Tout était tombé dans l'oubli jusqu'à il y a un an. La publication par EL PAÍS du journal d'un autre jésuite espagnol, Alfonso Pedrajas, dans lequel il avouait avoir agressé sexuellement au moins 85 enfants entre 1978 et 2000, a provoqué une tempête médiatique dans ce pays sud-américain. Cela a conduit à la révélation de nouveaux cas, comme celui de Lucho Roma.
Ce n'est qu'après ce scandale que l'ordre informa les autorités boliviennes de la plainte déposée contre Lucho Roma et leur remit tous les documents de son enquête. Autrement dit, pendant quatre ans, les jésuites gardèrent le silence sur tout ce qu'ils savaient, tant sur le matériel pédophile conservé dans leurs archives que sur les manuscrits. Finalement, sous la pression des médias et du public, ils agissaient. Mais les tribunaux classèrent l'affaire, faute de pouvoir localiser les victimes, et tous les dossiers d'enquête restèrent inédits.
— EL PAÍS
Informations complémentaires
Compagnie de Jésus
- https://www.jesuites.com/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Compagnie_de_J%C3%A9sus
- https://www.jesuites.com/abus-et-violences-sexuelles-appel-a-temoignages/
- https://france3-regions.franceinfo.fr/bretagne/morbihan/lycee-saint-francois-xavier-de-vannes-c-etait-la-face-sombre-et-inconnue-de-l-etablissement-dans-les-annees-50-60-3188667.html
- https://covijez.over.blog/2025/05/collectif-des-victimes-d-abus-sexuels-par-des-pretres-jesuites-7.html
- https://www.facebook.com/groups/1910594509715823/
Appel à témoignages
Le site internet des jésuites dispose d’une page regroupant les appels à témoignages. Ils concernent :
- Jean Mambrino, jésuite
- Henry Collard, Albert Stevens et Jules Francken, jésuites – Collège Saint-Michel à Bruxelles
- Gilbert Lamande, jésuite – Saint-Louis de Gonzague Paris (Franklin)
- Louis Mouren, jésuite – Association les liens brisés #1
- Association les liens brisés #2
Fin 2024, sur toute la France, 176 personnes se sont manifestées (dont 139 pour dénoncer des faits d'agressions à connotation sexuelle : paroles, gestes, ou rapports sexuels) depuis 1949. Leurs témoignages ont permis d'identifier que 115 jésuites s'étaient rendus coupables d'agressions (psychiques, spirituelles, morales, physiques ou sexuelles). La cellule d'écoute rapporte également des signalements en Belgique avec 43 dénonciations pour des abus sexuels 🡵.
Sur les 115 jésuites s'étaient rendus coupables d'agressions (psychiques, spirituelles, morales, physiques ou sexuelles) 🡵, seulement 6 font l'objet d'un appel à témoignages sur le site internet des jésuites (Jean Mambrino, Henry Collard, Albert Stevens, Jules Francken, Gilbert Lamande et Louis Mouren).
Collectif des victimes d'abus sexuels par des prêtres jésuites
Ce collectif a pour vocation de rassembler le plus grand nombre de victimes d'agressions sexuelles commises par des prêtres jésuites ou des laïcs employés par la Compagnie de Jésus, afin de les aider à se libérer de l'emprise mortifère toujours active de leurs agresseurs (enfermement, isolement, culpabilité, honte, peur, silence), les encourager à parler et à échanger leurs expériences. Il vise aussi à permettre d'établir un dialogue réel et de travailler de concert avec les jésuites sur un certain nombre d'objectifs essentiels pour briser le silence et rendre dignité et justice aux victimes. Toute personne sensible à cette démarche peut aussi rejoindre ce collectif 🡵.
- Le groupe Facebook : https://www.facebook.com/groups/1910594509715823/
- Le site Internet : https://covijez.over.blog/2025/05/collectif-des-victimes-d-abus-sexuels-par-des-pretres-jesuites-7.html
- Email : covijez@gmail.com
Voir aussi :