Congrégation de Bétharram : plus de 200 plaintes déposées

Plus de 200 plaintes déposées

Le collectif des victimes de Bétharram a déposé ce mercredi un septième et « probable dernier » corpus de 17 plaintes auprès du parquet du Pau, déplorant le « manque de moyens alloués à l'enquête » sur ce vaste scandale de violences sexuelles et physiques sur des enfants.

Ces 217 plaintes recensées par le collectif, dont une centaine portent sur des faits à caractère sexuel, mettent en cause 15 prêtres, presque tous décédés, et quatre laïcs ayant officié du milieu de 1957 à 2004 dans cet établissement catholique privé des Pyrénées-Atlantiques. S'y ajoutent des plaintes déposées directement en gendarmerie ou commissariat, dont le nombre n'est pas communiqué par le parquet de Pau.

« On a insisté sur la question des moyens parce qu'il n'est pas normal que sur le dernier corpus déposé début avril les victimes n'aient toujours pas été entendues », a déclaré Alain Esquerre, porte-parole du collectif, après avoir été reçu par le parquet. « Nous avions demandé des moyens supplémentaires à François Bayrou en février et il n'y a que deux enquêteurs en difficulté sur ce dossier tentaculaire », a-t-il ajouté.

Le Dauphiné Libéré

« Il faisait des piqûres à l'eau par pur sadisme »

Deux semaines après mon arrivée, le père Carricart me convoque dans son bureau. Je me revois pousser la porte molletonnée. Il commence par me dire qu'il a conscience qu'être à Bétharram n'est pas évident pour moi, mes parents sont loin, je suis tout seul ici. Forcément, je me mets à pleurer. C'est ce qu'il cherchait. Il me lance : « Viens mon petit ! » en montrant ses genoux. J'ai vu ce bonhomme rond, prêt à me consoler, j'y suis allé.

Il me dit alors qu'il va me faire vivre de nouvelles sensations. Il se met à caresser mon sexe. Ensuite, tout est flou. Je ne me souviens que de sa respiration saccadée et qu'à la fin, je pleurais beaucoup. J'ai subi une autre agression dans les dortoirs. La nuit, la porte s'ouvrait, les ombres des surveillants passaient. L'un a vu mes yeux ouverts et m'a fait subir des attouchements. J'étais pétrifié.

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Une fois, j'ai prévenu deux camarades que Cheval arrivait, il m'a attrapé et m'a jeté dans l'escalier de secours. Il était en bois, très étroit. J'ai dégringolé jusqu'en bas puis il m'a soulevé du sol par les cheveux et m'a donné des coups de poing. À partir de là, je n'ai plus jamais voulu avoir les cheveux longs. Une autre fois, alors que j'allais à l'infirmerie, Cheval m'a arrêté et m'a dit qu'il allait me soigner. J'ai eu le droit à une piqûre dans l'épaule. Sur le coup, je n'ai rien senti puis j'ai souffert pendant une semaine. Quand il me recroisait, il faisait exprès de me pincer l'épaule. En découvrant le livre d'Alain Esquerre, j'ai compris : il faisait des piqûres à l'eau par pur sadisme. Je me suis dit : c'était ça, l'enc… !

Le Parisien

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