Abbé Pierre : publication d'un nouveau rapport du cabinet Egaé

12 nouvelles victimes identifiées dont 7 mineurs

L'abbé Pierre est visé par douze nouvelles accusations de violences sexuelles, dont « sept concernent des personnes mineures » au moment des faits, selon un rapport du cabinet spécialisé Egaé publié mercredi 🡵.

Durant la période qui s'est écoulée entre le 1er janvier et le 8 juillet 2025, 12 nouvelles victimes de l'abbé se sont fait connaître, selon le dernier compte-rendu d'activité de la ligne d'écoute, un mécanisme d'accueil de victimes composé d'une adresse e-mail et d'un répondeur téléphonique sur lequel il est possible de laisser un message.

« La spécificité de ces nouveaux témoignages tient dans le nombre important de mineurs parmi les victimes », explique Caroline De Haas, la cofondatrice du groupe Egaé, chargé par Emmaüs de gérer la ligne d'écoute. En tout, au moins 45 personnes auraient donc été victimes du fondateur d'Emmaüs.

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Le nouveau rapport tend à montrer qu'Henri Grouès, le nom de naissance de l'Abbé Pierre, c'était également organisé pour commettre des violences en toute impunité. « Ces nouveaux témoignages viennent confirmer que l'Abbé Pierre s'est rendu coupable de violences multiples sur mineurs, parfois en lien avec d'autres adultes qui commettaient des violences », ajoute ainsi Caroline De Haas.

La Vie

Le nouveau dispositif d'accompagnement

Les trois victimes déjà accompagnées par l'Inirr poursuivent avec cette instance. Toutes les autres sont invitées à se tourner vers la CRR. La réparation financière sera exclusivement à la charge de la CEF avant 1954, et sera partagée entre la CEF et Emmaüs après cette date, selon une répartition non communiquée publiquement.

La CEF et Emmaüs considèrent qu'à partir de 1954 et la médiatisation de l'Abbé Pierre, son double statut de prêtre et de fondateur d'Emmaüs engage les deux entités dans la prise en charge financière de la réparation proposée aux victimes. Avant cette date, la CEF assumera seule cette charge. Le dispositif de réparation financière devrait être opérationnel à partir de septembre 2025.

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Dans un premier temps, l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et réparation (Inirr) s'était portée volontaire pour accompagner les victimes mineures de l'Abbé Pierre, comme elle le fait déjà pour les victimes mineures de prêtres. C'est finalement la CRR qui a été choisie pour accompagner toutes les victimes, quelques heures avant la révélation du dispositif.

Néanmoins, l'Inirr a eu connaissance de trois victimes, dont deux se sont manifestées directement. Ces dernières poursuivront donc le travail de réparation engagé auprès de cette instance.

La Vie

Communiqué de la Fédération Emmaüs France

Communiqué de la Fédération Emmaüs France

Depuis les premières révélations en juillet 2024 concernant les violences sexuelles commises par l'abbé Pierre, le mouvement Emmaüs a fait le choix de la transparence et de l'attention portée aux victimes, dont nous saluons le courage et que nous remercions pour leur confiance. Ce choix s'est traduit par la mise en place d'un dispositif inédit d'écoute, d'accompagnement, d'enquête sociologique et historique et de réparations, pensé pour accueillir la parole des victimes, leur apporter un soutien et construire une reconnaissance sincère des faits, dans toutes leurs dimensions.

À travers cette démarche, Emmaüs poursuit un double objectif : faire face à la réalité des violences commises tout au long de sa vie par l'abbé Pierre, et placer l'accompagnement des victimes au centre de toutes ses actions.

Un dispositif d'écoute maintenu sans interruption

Dès les premières publications de témoignages à l'été 2024, Emmaüs a confié au groupe Égaé la mise en place et l'animation d'un dispositif d'écoute et de recueil de la parole des victimes dans le cadre d'un appel à témoignage qui a donné lieu à la publication de 3 documents de synthèse, le dernier au mois de janvier 2025. A la suite de ce dispositif, Emmaüs a ensuite souhaité maintenir une ligne d'écoute à destination des victimes de l'abbé Pierre qui ne se seraient pas exprimées dans le cadre de l'appel à témoignages (compte-rendu d'activité de la ligne d'écoute janvier – juillet 2025). C'est dans ce cadre que 12 nouveaux témoignages ont été reçus depuis janvier 2025, dont 7 concernent des personnes mineures au moment des faits, âgées de 10 à 17 ans. Ces témoignages s'ajoutent à ceux déjà recensés entre 2024 et 2025. L'un d'eux a conduit à un signalement à la justice en raison de la gravité des faits rapportés, qui mettent en cause des tiers, dont deux personnes, aujourd'hui décédées, ayant évolué dans l'entourage de l'abbé Pierre, et qui avaient des responsabilités dans une structure Emmaüs locale.

Chaque victime entendue peut bénéficier d'un accompagnement psychologique, de la possibilité de participer à des groupes de parole et, si elle le souhaite, d'un échange avec les responsables du mouvement. Ce dispositif d'accueil, dont la gestion a été confiée au groupe Égaé, restera actif aussi longtemps que nécessaire, pour permettre à toute personne concernée de se manifester, dans le respect absolu de son anonymat et de son rythme. Ce travail d'écoute, de reconnaissance, et de réparation a toujours été, et restera toujours, la priorité du mouvement Emmaüs.

Lancement d'un dispositif de réparation financière conjointement avec l'Église

Un an après avoir engagé ce processus de reconnaissance, Emmaüs et la Conférence des évêques de France (CEF) ont décidé conjointement la mise en place d'un dispositif de réparation financière à destination des victimes de l'abbé Pierre, qui sera porté par la commission reconnaissance et réparation (CRR). Préalablement, cette décision a été validée par le Conseil d'administration d'Emmaüs International et l'Assemblée générale d'Emmaüs France. Ce dispositif sera complété par l'engagement pris par l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et réparation (Inirr) de prendre en charge la réparation pour les trois victimes de l'abbé Pierre qui l'ont déjà contactée. Ces deux organismes sont spécialisés et totalement indépendants.

Ce dispositif, opérationnel à compter de septembre 2025, sera entièrement financé par les fonds propres du mouvement Emmaüs et ceux de la CEF. Aucun don versé au mouvement Emmaüs ne servira à financer ces réparations. L'effort financier assumé conjointement par l'Église et Emmaüs repose sur un principe de responsabilité partagée : à partir de 1954, l'abbé Pierre devient une figure publique associée à la fois à son sacerdoce et à son rôle dans la fondation d'Emmaüs.

Les montants versés seront établis en totale indépendance par l'Inirr et la CRR, en fonction de chaque personne et selon les critères des institutions. Des garanties strictes sont apportées sur la protection de l'anonymat, l'indépendance de l'évaluation des dossiers et la non-publicité des démarches.

Une reconnaissance de la responsabilité historique d'Emmaüs

Pendant des décennies, le mouvement Emmaüs a bénéficié de la figure de l'abbé Pierre, dont l'image a puissamment contribué à la notoriété et à la légitimité du combat contre la misère. Les révélations de ces derniers mois ont montré que cette figure publique, unanimement respectée, avait aussi commis des violences très graves. Pour Emmaüs, cette réalité fait désormais partie de l'histoire de son fondateur.

La mise en place du dispositif de réparation financière s'inscrit ainsi dans une continuité logique : elle prolonge le devoir de transparence par un devoir de réparation, dans toutes ses dimensions – morale, psychologique, matérielle. Elle relève donc à la fois de la cohérence de notre approche vis-à-vis des victimes et de notre responsabilité en tant qu'organisation co-fondée par l'abbé Pierre et fortement associée à son image pendant de nombreuses années.

Une articulation entre réparation, mémoire et recherche

Ce travail de transparence ne s'arrête pas à la reconnaissance institutionnelle ni à l'indemnisation. Emmaüs a confié à la Commission indépendante d'études sur les violences commises par l'abbé Pierre (CEVAP), dirigée par la sociologue Céline Béraud et hébergée par l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), la mission d'analyser et de chercher à comprendre les mécanismes qui ont permis à l'abbé Pierre de commettre des violences pendant des décennies en toute impunité.

Cette démarche de recherche indépendante a débuté en février 2025. Pour le mouvement Emmaüs, il est essentiel de comprendre ces mécanismes afin de prévenir toute reproduction de ce phénomène. Son rapport est attendu pour début 2027.

Une démarche sans précédent par son ampleur et sa cohérence

Depuis un an, Emmaüs a fait le choix de porter en même temps deux ambitions fortes : prendre en compte la parole des victimes et assumer ses responsabilités institutionnelles. À l'écoute a succédé l'accompagnement ; à la reconnaissance, une enquête sociologique et historique rigoureuse ; au choc de la révélation des faits, une volonté de réparer. Aucun de ces volets ne suffit seul, mais tous ensemble composent une démarche que nous avons souhaitée complète et cohérente.

Elle répond aussi à une exigence morale : celle de reconnaître que les victimes de l'abbé Pierre, longtemps ignorées, doivent désormais être écoutées, crues, accompagnées, soutenues.

Ces choix permettent au mouvement Emmaüs de rester fidèle à l'idéal de justice qui a fondé son engagement.

Désormais, une nouvelle phase s'ouvre, avec un dispositif complet au service des victimes, qui peuvent le mobiliser dans chacune de ses composantes autant qu'elles le souhaiteront ou en sentiront le besoin.

Contacts presse :
Roman Abreu +33 6 23 21 36 86
Elizabeth Jacob +33 6 38 01 30 37
Pauline Reullier +33 6 70 14 30 17

mouvementemmaus@2017.fr

Fédération Emmaüs France

Communiqué de la Conférence des Évêques de France

La Conférence des évêques de France (CEF) a reçu avec effroi le témoignage de 12 nouvelles personnes victimes de l'Abbé Pierre, dont 7 mineures au moment des faits. Les évêques assurent ces personnes de leur proximité.

La CEF et Emmaüs ont le souci de prendre en charge les personnes victimes afin de les aider dans leur reconstruction après ce qu'elles ont subi. Elles travaillent conjointement et avec détermination à un processus de réparation.

Ce dispositif de réparation s'appuie sur l'expertise reconnue de la CRR (Commission de Reconnaissance et de Réparation) dans l'accompagnement des personnes victimes mineures et majeures. Les personnes victimes de l'Abbé Pierre pourront s'adresser à cette commission. Il s'agit avant tout d'un dispositif d'accueil, d'écoute, de reconnaissance, de réparation financière et d'accompagnement des personnes victimes pour les aider à se reconstruire.

Les personnes déjà prises en charge par l'INIRR (Instance Nationale Indépendante de Reconnaissance et de Réparation) poursuivront le travail de réparation engagé auprès de cette instance.

De nouveau, dans un souci de vérité et de clarté, la CEF encourage toute personne ayant subi des violences par l'Abbé Pierre à se rapprocher de l'un des dispositifs d'écoute et d'accompagnement de l'Église.

CEF

Coordonnées des dispositifs de la CEF d'écoute et d'accompagnement des personnes victimes de violences sexuelles dans un cadre ecclésial 🡵 :

  • Le numéro d'appel national dédié, créé par la CEF et la CORREF avec l'association France Victimes (des professionnels de l'aide aux victimes, indépendants de l'Église, disponibles 7/7 j de 9h à 21h) : 01 41 83 42 17
  • Les cellules d'écoute des diocèses via le lien suivant
  • L'adresse email paroledevictimes@cef.fr
  • L’INIRR (Instance nationale de reconnaissance et de réparation), pour les personnes agressées lorsqu'elles étaient mineures : secretariat@inirr.fr
  • La CRR (Commission de Reconnaissance et de Réparation) : victimes@crr.contact

Informations complémentaires