Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon : Le collectif d'anciens élèves dépose une plainte
Ce communiqué, signé de Mgr Nicolas Souchu, se termine par la phrase : « Le temps du silence est révolu. Celui de la justice, de la vérité et de la réparation est venu. »
Alors que Mgr Nicolas Souchu a été extrêmement critiqué pour sa gestion des affaires Olivier de Scitivaux et Vincent Goguey, cette phrase n'a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Dax, le 26 juin 2025
CONDAMNATION DES ABUS COMMIS À L'ÉTABLISSEMENT CENDRILLON ET RECONNAISSANCE DES VICTIMES
Le collectif d'anciens élèves de l'établissement Notre-Dame-du-Sacré-Coeur (dit Cendrillon) nous ayant prévenu d'un dépôt de plainte auprès du procureur de la République de Dax, ce mercredi 25 juin, nous, Monseigneur Nicolas Souchu, évêque d'Aire et Dax, et Monsieur Emmanuel Ortolo, directeur diocésain de l'Enseignement catholique des Landes et chef d'établissement de Saint-Jacques-de-Compostelle, tenons à exprimer publiquement notre position.
Nous souhaitons, avant toute chose, réaffirmer avec force notre condamnation totale, ferme et sans réserve des abus qui ont été commis au sein de l'établissement Cendrillon. Ces actes, qu'ils soient de nature sexuelle, psychologique, physique ou morale, sont gravement contraires à la dignité humaine et à l'Évangile. Rien, jamais, ne pourra les justifier ou les minimiser.
Nous reconnaissons comme victimes les anciens élèves qui ont eu le courage de témoigner, de dire l'indicible, et d'engager aujourd'hui une démarche en justice. Leur souffrance est réelle, leur parole est entendue.
Mais il nous faut aller plus loin. L'histoire montre que des responsables de l'Église et de l'Enseignement catholique, en des temps passés, n'ont pas pris la mesure de la gravité des faits portés à leur connaissance. Par leur silence ou leur inaction, ils ont contribué à couvrir les agresseurs et à maintenir les victimes dans la solitude et la honte.
Nous tenons à reconnaître cette responsabilité institutionnelle, à en assumer aujourd'hui les conséquences morales, et à présenter aux victimes nos excuses les plus sincères et les plus profondes.
Le diocèse d'Aire et Dax et l'Enseignement catholique des Landes s'engagent à poursuivre :
- un travail de vérité et de mémoire avec les anciens élèves,
- un accompagnement personnalisé des victimes qui le souhaitent,
- une prévention renforcée dans tous les établissements,
- et, si cela peut aider à réparer, à envisager des gestes symboliques ou concrets, définis en dialogue avec les personnes concernées.
Le temps du silence est révolu. Celui de la justice, de la vérité et de la réparation est venu.
+ Nicolas Souchu
Évêque d'Aire et DaxEmmanuel Ortolo
Directeur diocésain de l'Enseignement catholique des Landes
Chef d'établissement de Saint-Jacques-de-Compostelle, DaxContact presse : Paul Perromat 06 45 98 41 27 communication@diocese40.fr
Informations complémentaires
Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon
- https://www.ouest-france.fr/faits-divers/violence-sexuelle/apres-betharram-un-college-prive-de-dax-accuse-a-son-tour-de-violences-physiques-et-sexuelles-ad7059ee-f396-11ef-a658-d59bc62913c1
- https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/affaire-cendrillon-a-dax-qui-sont-les-pretres-et-le-surveillant-mis-en-cause-dans-les-temoignages-3355944
- https://diocese40.fr/communique-du-diocese-daire-et-dax/
Le collège Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax était communément appelé « Cendrillon ».
- 2003 Le collège devient Saint-Jacques-de-Compostelle
- Entre 2018 et 2020 Une victime témoigne auprès de la Ciase 🡵.
- 2021 Deux plaintes sont déposées mais classées sans suite, en raison de la prescription des faits reprochés 🡵.
- 2025
- « ici Gascogne » recense sept témoignages d'anciens élèves disant avoir été violés, agressés sexuellement ou violentés pendant leur scolarité dans le collège privé catholique, des années 1960 aux années 1980. Trois prêtres et un laïc sont mis en cause 🡵.
- Le collectif d'anciens élèves dépose une plainte. Mgr Souchu et le directeur diocésain de l'Enseignement catholique signent alors un communiqué qui se termine par la phrase : « Le temps du silence est révolu. Celui de la justice, de la vérité et de la réparation est venu » 🡵.
Voir aussi :
Enseignement privé catholique
- https://www.ciase.fr/rapport-final/
- https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/des-excuses-quelques-annonces-et-une-promesse-de-reflexion-comment-l-enseignement-catholique-reagit-aux-temoignages-de-violences-physiques-et-sexuelles-dans-ses-etablissements_7127985.html
- https://www.la-croix.com/societe/affaire-betharram-pour-philippe-delorme-tout-ce-qui-contribue-a-lutter-contre-les-violences-est-une-bonne-chose-20250220
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr/auto-evaluation-sur-le-harcelement/
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr/plan-boussole/
- https://www.nouvelobs.com/societe/20250508.OBS103665/on-ne-peut-pas-se-contenter-de-dire-nous-sommes-une-grande-famille-la-grande-majorite-des-faits-est-derriere-nous-apres-betharram-l-enseignement-catholique-face-aux-plaintes.html
- https://enseignement-catholique.fr/campagne-stop-violences/
- https://www.la-croix.com/apres-betharram-l-enseignement-catholique-lance-une-campagne-stop-violences-20250502
- https://www.letudiant.fr/college/lancement-de-la-campagne-stop-violences-par-lenseignement-catholique.html
- https://www.unsa-education.com/article-/scandale-betharram-le-metoo-de-lenseignement-prive-catholique/
Les chiffres documentés par la CIASE
Dans son rapport paru en 2021, la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l'Église catholique (Ciase) a estimé à 330 000 le nombre de victimes entre 1950 et 2020. Près d'un tiers (30%) des faits ont eu lieu dans les établissements et internats scolaires, « premier lieu des violences sexuelles » contre les mineurs au sein de l'Église. Les victimes sont très majoritairement (83%) des garçons, âgés pour la plupart (62%) de 10 à 13 ans. Les sévices sexuels s'inscrivent « dans un continuum de violences pédagogiques », relève aussi la Ciase.
D'après les chiffres de la CIASE, il y aurait donc eu presque 100 000 victimes dans les établissements et internats scolaires en lien avec l'Église.
« Cette loi de l'omerta était générale » dans la société, assure l'évêque de Bayonne [Mgr Aillet]. « Dans les congrégations religieuses, qui jouent un rôle important dans l'enseignement catholique, la culture du silence, inhérente à l'Église, est redoublée du fait de l'obéissance due au supérieur, et d'une culture corporatiste qui incite à garder le silence au sein de la communauté et à protéger ses membres », nuance l'historienne Agnès Demazières. « Ces congrégations exercent aussi une force d'attraction sur des personnalités perverses du fait de ce climat de silence et d'un accès facile à des enfants et des personnes vulnérables », avance la spécialiste de l'histoire du christianisme, autrice de Sans loi ni foi : Prêtres et violences sexuelles. Au cœur du système catholique.
Premières actions mises en place
Le programme de protection des publics fragiles (3PF)
Depuis 2018, l'enseignement catholique a mis en place le « 3PF », le « programme de protection des publics fragiles ». C'est un dispositif visant la prévention et la lutte contre toute forme de maltraitance, que ce soit le harcèlement, les violences, les abus au sein des établissements scolaires, en mettant à leur disposition des ressources, des éléments juridiques, des outils de discernement et d'action… 🡵.
Le site internet du 3PF propose :
- Des livrets d'information
- Livret 1 : De la lutte contre la maltraitance à la bientraitance éducative
- Livret 2 : La bientraitance éducative
- Recueillir la parole de l'enfant témoin ou victime
- Être à l'écoute - créer des dispositifs d'écoute
- Secret professionnel, discrétion professionnelle, devoir de réserve, confidentialité
- Procédures en matière de protection des mineurs
- Des grilles d'auto-évaluation sur le harcèlement pour les élèves
- Le plan boussole : un processus de discernement et d'action du 3PF. Il peut être mis en place dans les établissements pour faire progresser la culture de la bientraitance éducative.
Un dispositif 3PF pour « programme de protection des publics fragiles » a été lancé par le Sgec. Sur le papier, il est ambitieux (si l'on oublie sa dénomination problématique qui associe le risque d'exposition aux violences à une fragilité préalable). Les conditions de recueil de la parole y sont détaillées, et les risques de maltraitance par une personne détenant l'autorité ouvertement évoqués. Ce n'est pas du tout le cas dans le public, où la question de l'adulte dysfonctionnel reste un impensé, absent du site du ministère et des formations prodiguées aux personnels. Sur le terrain, toutefois, les choses sont plus compliquées. Le Sgec, qui ne dispose que d'un simple pouvoir d'animation et de proposition, est incapable de s'avancer sur la mise en œuvre effective du fameux 3PF, au point de lancer une campagne de communication auprès des parents pour le faire connaître. C'est que l'enseignement catholique est un parfait négatif de l'enseignement public : si le second souffre de son hypercentralisation, le premier se singularise par la très grande autonomie de ses établissements.
La campagne « Stop Violences »
La campagne « Stop Violences » a été lancée le vendredi 2 mai 2025. C'est une campagne d'information et de sensibilisation sur les violences en milieu scolaire dans tous ses établissements, après le scandale de Notre-Dame de Bétharram qui a entraîné une libération de la parole sur le sujet. La campagne « Stop violences » a pour objectif d’« amplifier l'information et renforcer l'implication de tous les acteurs de l'école » sur ce sujet, a indiqué le Secrétariat général de l'enseignement catholique dans un communiqué 🡵.
Suite au lancement de cette campagne, Le collectif Stop Souffrances qui rassemble parents d'élèves, enseignants et personnels des établissements catholiques s'interroge sur l'efficacité réelle de ces mesures, et demande des changements profonds sur le terrain au-delà des effets d'annonce. Sophie, professeure au sein d'un établissement privé sous contrat, « n'a jamais entendu parler de cette campagne Stop Violences, à part aux informations ». 🡵
2025 La commission d'enquête parlementaire
En 2025, la commission « sur les modalités du contrôle par l'État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires » a été initiée après les révélations de Notre-Dame de Bétharram. « Le périmètre de la commission d'enquête, ce sont tous les établissements scolaires de France, privés, privés sous contrat, privés hors contrat », précisait Paul Vannier 🡵.
Voir aussi :
- Abbaye-école de Sorèze (1)
- André Guéguen (1)
- Collège de Combrée (3)
- Collège de l’Annonciation, à Seilh (1)
- Collège Ozanam de Limoges (7)
- Collège Richelieu à La-Roche-sur-Yon (1)
- Collège Saint François-Xavier d'Ustaritz (3)
- Collège Saint-Louis de la Guillotière (1)
- Collège Saint-Michel à Bruxelles (fiche uniquement)
- Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon (5)
- Collège-lycée Saint-Augustin de Bitche (1)
- Collège-lycée Saint-Joseph de Nay (2)
- Dominicaines du Saint Nom de Jésus (2)
- Institut Notre-Dame d’Avranches (1)
- Institut Saint-Lô d’Agneaux (1)
- Institution Paul Mélizan (1)
- Institution Saint-Dominique de Neuilly (5)
- Institution Saint-Pierre, à Saint-Pé-de-Bigorre (2)
- L'Immaculée Conception de Pau (2)
- Le Kreisker à Saint-Pol-de-Léon (3)
- Notre Dame de Garaison (6)
- Notre-Dame de Bétharram (42)
- Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon (3)
- Notre-Dame-de-Sion (1)
- Père Jacques Choquer (1)
- Père Raymond Mélizan (1)
- Saint-Thomas-d’Aquin, à Oullins (3)
- Saint-Vincent Providence (1)
- Sainte Croix des Neiges (3)
- Sainte-Marie, à Chagny (1)
- École Saint-Genès de Bordeaux (1)
- École Saint-Pierre-Fourier (Collège Saint-Maur) (1)
- École Sainte-Marie à Quimper, dite le Likès (1)
- Établissement Saint-Bernard de Troyes (1)
- Établissement scolaire Stanislas (10)
Diocèse d'Aire et Dax
- https://diocese40.fr/
- https://eglise.catholique.fr/guide-eglise-catholique-france/structure/diocese-aire-et-dax/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Dioc%C3%A8se_d%27Aire_et_Dax
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Sarrab%C3%A8re
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Breton_
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Herv%C3%A9_Gaschignard
- https://eglise.catholique.fr/guide-eglise-catholique-france/personne/mgr-nicolas-souchu/
Derniers évêques
- 1978-2002 : Mgr Robert Sarrabère 🡵
- 2002-2012 : Mgr Philippe Breton 🡵
- 2012-2017 : Mgr Hervé Gaschignard 🡵
- Depuis 2017 : Mgr Nicolas Souchu 🡵
Voir aussi :
Mgr Nicolas Souchu
- https://eglise.catholique.fr/guide-eglise-catholique-france/personne/mgr-nicolas-souchu/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Souchu
- https://eglise.catholique.fr/actualites/364223-ordination-episcopale-de-mgr-souchu-le-18-janvier-a-rennes/
- https://eglise.catholique.fr/actualites/450116-monseigneur-souchu/
- https://x.com/afpfr/status/1794345848949842005
- https://www.20minutes.fr/justice/4131708-20250102-condamne-centaines-viols-agressions-sexuelles-ancien-pretre-orleans-renonce-faire-appel
- https://www.ktotv.com/article/mgr-souchu-eveque-daire-et-dax
- https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-grand-format/non-denonciation-d-abus-sexuels-dans-l-eglise-a-orleans-le-silence-de-vicaires-generaux-pointe-du-doigt-1638133
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/loiret/orleans/proces-scitivaux-le-pretre-nous-a-mis-de-la-poudre-aux-yeux-comment-une-famille-a-ete-bernee-pour-ne-pas-voir-l-horreur-2974085.html
- https://diocese40.fr/lettre-de-mgr-nicolas-souchu/
- https://x.com/ntrouiller/status/1839586677976625272
- https://diocese40.fr/communique-du-diocese-daire-et-dax/
Dates clé
- 1986 Ordonné prêtre pour le diocèse d'Orléans 🡵
- 2008-2017 Évêque auxiliaire de Rennes, Dol et Saint-Malo 🡵
- Depuis 2017 Évêque d'Aire et Dax 🡵
Affaires médiatisées
Père Olivier de Scitivaux
En 2024, le père Olivier de Scitivaux a été reconnu coupable de centaines de viols et agressions sexuelles aggravées et condamné à 17 ans de réclusion criminelle (période de sûreté de 10 ans 🡵), assortie d'un « suivi sociojudiciaire », « une injonction de soins », « l'interdiction d'exercer toute activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact avec des mineurs » 🡵.
Avant d'être évêque, Mgr Nicolas Souchu a été vicaire général du diocèse d'Orléans de 2000 à 2008 🡵 🡵.
En 2007, une religieuse rencontre Nicolas Souchu (alors vicaire général) dans le cadre d'un projet de pèlerinage à Rome avec des collégiens, auquel Olivier De Scitivaux doit participer. Et le vicaire général lui confirme que des lettres étaient déjà parvenues à l'évêché et qu'une enquête avait été menée 🡵.
Lors du procès de 2024, Mgr Nicolas Souchu a expliqué ne pas se souvenir des alertes 🡵.
Une autre fois, le vicaire général du diocèse demande aux parents de ne plus loger Pierre chez le prêtre, « parce qu'il était mineur ». Ce que l'ancien vicaire, Nicolas Souchu, a nié devant le tribunal 🡵.
Père Vincent Goguey
Mgr Nicolas Souchu a laissé le père Vincent Goguey, alors accusé d'agression sexuelle par plusieurs femmes, accompagner la pastorale des jeunes de son diocèse. Le maintien du Père Vincent Goguey a été interprété par certains comme une mise en danger des mineurs, alors que Mgr Nicolas Souchu n'ignorait rien des accusations pesant contre ce prêtre, et alors que le père Vincent Goguey avait déjà été sanctionné canoniquement auparavant.
Par la suite, le 1er mars 2024, le père Vincent Goguey revient au Berceau, avec l'accord de Mgr Nicolas Souchu, « sans qu'il ait de mission dans le diocèse » 🡵, tout en sachant que ce lieu accueille des événements diocésains, y compris en lien avec l'aumônerie étudiante 🡵.
Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon
En 2025, le collectif d'anciens élèves dépose une plainte. Mgr Souchu et le directeur diocésain de l'Enseignement catholique signent alors un communiqué qui se termine par la phrase : « Le temps du silence est révolu. Celui de la justice, de la vérité et de la réparation est venu » 🡵.
Alors que Mgr Nicolas Souchu a été extrêmement critiqué pour sa gestion des affaires Olivier de Scitivaux et Vincent Goguey, cette phrase n'a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux.