Tim Guénard : accusé de violences sexuelles, il aurait également inventé une partie de sa biographie

Comment ces versions des faits ont-elles pu passer inaperçues pendant vingt-cinq ans ? Son histoire à succès est alors favorisée par un contexte ecclésial qui, dans le sillage du pape Jean-Paul II, met l'accent sur l'écoute des « cabossés de la vie ». « Dans toutes les sensibilités de l'Église, il y avait une attention particulière aux blessés de la vie et à la grâce, souligne l'historien du catholicisme Charles Mercier. Il y avait un vrai désir chez les jeunes croyants des milieux aisés de passer un an à l'Arche ou en mission avec Points-Coeur, dans une forme de romantisme catholique qui idéalise la vulnérabilité. » « Comme les frères Philippe ou Jean Vanier, Tim Guénard fait partie de ces figures qui émergent car il témoigne davantage par son parcours de vie que par sa réflexion théologique », ajoute l'historien. 🡵

L'auteur de Plus fort que la haine aurait bien fabriqué son enfance et ses racines, ses origines canadiennes et iroquoises, son hospitalisation de plus de deux ans à la suite d'une correction infligée par son père. De la même manière, le « marché aux orphelins » ou la description des maisons de correction murées et ultraviolentes qu'il aurait fréquentées ne correspondent pas aux réalités du système de la protection de l'enfance de l'époque, souligne un ancien juge des enfants en poste dans les années 1960.

Les inexactitudes ne se limitent pas aux premières années de sa vie. Selon les Fédérations françaises de boxe, aucune licence n'a en effet jamais été émise à son nom ou à son pseudonyme, bien qu'il clame être un champion du noble art, dans les catégories amateur et professionnel. Pas plus qu'il n'aurait passé une journée dans les rues de Rome avec Mère Teresa.

Plus fort que la haine compile ainsi des anecdotes extraordinaires, confinant parfois à l'invraisemblable – pour combler « un besoin de reconnaissance maladif », comme l'avancent ceux qui le connaissent ? –, comme son supposé recours au président Pompidou pour entrer chez les Compagnons du devoir. Une institution qui affirme ne pas avoir la moindre trace de son passage, alors qu'il clame en avoir été le plus jeune apprenti tailleur de pierre à son époque. Tim Guénard aurait emprunté ce « détail » à son ami, le frère Gsell, peu après leur rencontre dans la région d'Amiens à la fin des années 1970.

La Croix

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