Collège-lycée Saint-Joseph de Nay : de nouveaux témoignages
Ci-dessous, l'un des récits. L'intégralité est à retrouver sur l'article du journal Libération.
Il dénonce en fait des violences généralisées durant sa scolarité dans l'établissement, au milieu des années 70. « Ils avaient chacun leur façon d'exprimer leur pouvoir. Avec l'abbé C., c'était des punitions"intellectuelles »: des textes de plusieurs pages à connaître par cœur, sinon on ne sortait pas. Avec l'abbé H., ça se passait en plein cours : il nous lançait dessus le tampon pour effacer le tableau et on se le prenait en pleine tête. Avec l'abbé A., c'était des coups d'une très grande violence : il m'a déjà mis KO avec une gifle. L'abbé R. de G. profitait de sa fonction d'infirmier : on avait mal à la tête, il nous faisait baisser le pantalon et nous touchait les parties intimes. Avec l'abbé H., qui était le père supérieur[équivalent du chef d'établissement, lui a occupé ce poste de 1965 à 1984, ndlr], c'était des attouchements dans ses appartements."
Patrice inspire avant de développer : « On était plusieurs garçons concernés. On était convoqués pendant les études. On entendait notre nom, suivi de"chez l'abbé H.« Toute l'étude nous regardait passer. On savait ce qui nous attendait : des caresses. Et on revenait honteux. » CheckNews a eu écho d'autres cas de violences sexuelles, sans pouvoir les confirmer pour le moment, ni échanger avec leurs victimes.
Informations complémentaires
Collège-lycée Saint-Joseph de Nay
- https://www.liberation.fr/checknews/a-saint-joseph-de-nay-a-dix-kilometres-de-betharram-dautres-enfances-brisees-par-les-violences-20250524_KKXJYDRSGRA3LA7J3XKBVXOSQQ/
- https://www.humanite.fr/politique/ecoles-privees/un-nouveau-betharram-pres-de-pau-sept-anciens-eleves-du-college-lycee-prive-saint-joseph-de-nay-temoignent-de-violences-physiques
- https://www.humanite.fr/societe/ecole-catholique/je-voudrais-demander-pardon-un-ancien-surveillant-general-de-saint-joseph-de-nay-accuse-de-violences-temoigne
- https://www.facebook.com/groups/1367998958047811
Saint-Joseph de Nay a été tenu par des religieux jusqu'en 1988 🡵. Tandis que Bétharram était plutôt huppé, Saint-Joseph accueillait un public plus rural 🡵.
En 2025, un article de l'Humanité 🡵 donne la parole à sept anciens élèves qui dénonces des violences subies dans l'établissement. Cet article est suivi d'un autre du journal Libération qui publie d'autres témoignages rapportant des faits d'une extrême violence 🡵.
Personnes mises en cause
- L'abbé Lartiguet : Gifles quotidiennes, tabassages en règle : le religieux, dépeint comme une « armoire à glace », décochait ses coups « sans explications, juste pour le plaisir », accuse le septuagénaire 🡵.
- L'ancien directeur Jacques Hourcaillou : « Il tapait souvent », confie-t-il. La « grosse mandale » pouvait servir de punition, mais aussi s'abattre sans aucune explication, instaurant « une forme de pression psychologique proche de ce qu'on pourrait appeler la terreur » 🡵. Il a dirrigé l'établissement de 1984 à 1991 🡵.
- L'ex-surveillant d'études, le père Jean Mailharro : lui aussi décédé, surnommé par les élèves « l'abbé boxeur » 🡵.
- Le surveillant général Charles Chanjou : Charles Chanjou admet avoir asséné des baffes. S'il reconnaît qu'un tel geste constitue bien une « violence » et une « atteinte morale », il explique qu'il s'agissait de « solutions d'urgence » 🡵. Il demande aujourd'hui pardon pour cela 🡵.
- L'abbé Labat 🡵.
- Geneviève Lacaze : professeure d'anglais 🡵.
Directeurs
Collectif de victimes
Une page Facebook a été créée : Saint Joseph de Nay « les années sombres ».
Voir aussi :
Diocèse de Tarbes et Lourdes
- https://catholique65.fr/
- https://eglise.catholique.fr/guide-eglise-catholique-france/structure/diocese-tarbes-et-lourdes/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Dioc%C3%A8se_de_Tarbes_et_Lourdes
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Perrier
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Brouwet
- https://eglise.catholique.fr/guide-eglise-catholique-france/personne/mgr-jean-marc-micas-p-s-s/
Derniers évêques
- 1998-2012 : Mgr Jacques Perrier 🡵
- 2012-2021 : Mgr Nicolas Brouwet 🡵
- Depuis 2022 : Mgr Jean-Marc Micas 🡵
Voir aussi :
Enseignement privé catholique
- https://www.ciase.fr/rapport-final/
- https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/des-excuses-quelques-annonces-et-une-promesse-de-reflexion-comment-l-enseignement-catholique-reagit-aux-temoignages-de-violences-physiques-et-sexuelles-dans-ses-etablissements_7127985.html
- https://www.la-croix.com/societe/affaire-betharram-pour-philippe-delorme-tout-ce-qui-contribue-a-lutter-contre-les-violences-est-une-bonne-chose-20250220
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr/auto-evaluation-sur-le-harcelement/
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr/plan-boussole/
- https://www.nouvelobs.com/societe/20250508.OBS103665/on-ne-peut-pas-se-contenter-de-dire-nous-sommes-une-grande-famille-la-grande-majorite-des-faits-est-derriere-nous-apres-betharram-l-enseignement-catholique-face-aux-plaintes.html
- https://enseignement-catholique.fr/campagne-stop-violences/
- https://www.la-croix.com/apres-betharram-l-enseignement-catholique-lance-une-campagne-stop-violences-20250502
- https://www.letudiant.fr/college/lancement-de-la-campagne-stop-violences-par-lenseignement-catholique.html
Les chiffres documentés par la CIASE
Dans son rapport paru en 2021, la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l'Église catholique (Ciase) a estimé à 330 000 le nombre de victimes entre 1950 et 2020. Près d'un tiers (30%) des faits ont eu lieu dans les établissements et internats scolaires, « premier lieu des violences sexuelles » contre les mineurs au sein de l'Église. Les victimes sont très majoritairement (83%) des garçons, âgés pour la plupart (62%) de 10 à 13 ans. Les sévices sexuels s'inscrivent « dans un continuum de violences pédagogiques », relève aussi la Ciase.
D'après les chiffres de la CIASE, il y aurait donc eu presque 100 000 victimes dans les établissements et internats scolaires en lien avec l'Église.
« Cette loi de l'omerta était générale » dans la société, assure l'évêque de Bayonne [Mgr Aillet]. « Dans les congrégations religieuses, qui jouent un rôle important dans l'enseignement catholique, la culture du silence, inhérente à l'Église, est redoublée du fait de l'obéissance due au supérieur, et d'une culture corporatiste qui incite à garder le silence au sein de la communauté et à protéger ses membres », nuance l'historienne Agnès Demazières. « Ces congrégations exercent aussi une force d'attraction sur des personnalités perverses du fait de ce climat de silence et d'un accès facile à des enfants et des personnes vulnérables », avance la spécialiste de l'histoire du christianisme, autrice de Sans loi ni foi : Prêtres et violences sexuelles. Au cœur du système catholique.
Actions récentes mises en place
Le programme de protection des publics fragiles (3PF)
Depuis 2018, l'enseignement catholique a mis en place le « 3PF », le « programme de protection des publics fragiles ». C'est un dispositif visant la prévention et la lutte contre toute forme de maltraitance, que ce soit le harcèlement, les violences, les abus au sein des établissements scolaires, en mettant à leur disposition des ressources, des éléments juridiques, des outils de discernement et d'action… 🡵.
Le site internet du 3PF propose :
- Des livrets d'information
- Livret 1 : De la lutte contre la maltraitance à la bientraitance éducative
- Livret 2 : La bientraitance éducative
- Recueillir la parole de l'enfant témoin ou victime
- Être à l'écoute - créer des dispositifs d'écoute
- Secret professionnel, discrétion professionnelle, devoir de réserve, confidentialité
- Procédures en matière de protection des mineurs
- Des grilles d'auto-évaluation sur le harcèlement pour les élèves
- Le plan boussole : un processus de discernement et d'action du 3PF. Il peut être mis en place dans les établissements pour faire progresser la culture de la bientraitance éducative.
Un dispositif 3PF pour « programme de protection des publics fragiles » a été lancé par le Sgec. Sur le papier, il est ambitieux (si l'on oublie sa dénomination problématique qui associe le risque d'exposition aux violences à une fragilité préalable). Les conditions de recueil de la parole y sont détaillées, et les risques de maltraitance par une personne détenant l'autorité ouvertement évoqués. Ce n'est pas du tout le cas dans le public, où la question de l'adulte dysfonctionnel reste un impensé, absent du site du ministère et des formations prodiguées aux personnels. Sur le terrain, toutefois, les choses sont plus compliquées. Le Sgec, qui ne dispose que d'un simple pouvoir d'animation et de proposition, est incapable de s'avancer sur la mise en œuvre effective du fameux 3PF, au point de lancer une campagne de communication auprès des parents pour le faire connaître. C'est que l'enseignement catholique est un parfait négatif de l'enseignement public : si le second souffre de son hypercentralisation, le premier se singularise par la très grande autonomie de ses établissements.
La campagne « Stop Violences »
La campagne « Stop Violences » a été lancée le vendredi 2 mai 2025. C'est une campagne d'information et de sensibilisation sur les violences en milieu scolaire dans tous ses établissements, après le scandale de Notre-Dame de Bétharram qui a entraîné une libération de la parole sur le sujet. La campagne « Stop violences » a pour objectif d’« amplifier l'information et renforcer l'implication de tous les acteurs de l'école » sur ce sujet, a indiqué le Secrétariat général de l'enseignement catholique dans un communiqué 🡵.
Suite au lancement de cette campagne, Le collectif Stop Souffrances qui rassemble parents d'élèves, enseignants et personnels des établissements catholiques s'interroge sur l'efficacité réelle de ces mesures, et demande des changements profonds sur le terrain au-delà des effets d'annonce. Sophie, professeure au sein d'un établissement privé sous contrat, « n'a jamais entendu parler de cette campagne Stop Violences, à part aux informations ». 🡵
Voir aussi :
- Abbaye-école de Sorèze (1)
- André Guéguen (1)
- Collège de Combrée (3)
- Collège de l’Annonciation, à Seilh (1)
- Collège Ozanam de Limoges (7)
- Collège Richelieu à La-Roche-sur-Yon (1)
- Collège Saint François-Xavier d'Ustaritz (3)
- Collège Saint-Michel à Bruxelles (fiche uniquement)
- Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon (5)
- Collège-lycée Saint-Joseph de Nay (2)
- Dominicaines du Saint Nom de Jésus (2)
- Institut Notre-Dame d’Avranches (1)
- Institut Saint-Lô d’Agneaux (1)
- Institution Paul Mélizan (1)
- Institution Saint-Dominique de Neuilly (5)
- Institution Saint-Pierre, à Saint-Pé-de-Bigorre (2)
- L'Immaculée Conception de Pau (1)
- Le Kreisker à Saint-Pol-de-Léon (3)
- Notre Dame de Garaison (6)
- Notre-Dame de Bétharram (41)
- Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon (2)
- Notre-Dame-de-Sion (1)
- Père Jacques Choquer (1)
- Père Raymond Mélizan (1)
- Saint-Thomas-d’Aquin, à Oullins (3)
- Sainte Croix des Neiges (3)
- Sainte-Marie, à Chagny (1)
- École Saint-Genès de Bordeaux (1)
- École Saint-Pierre-Fourier (Collège Saint-Maur) (1)
- École Sainte-Marie à Quimper, dite le Likès (1)
- Établissement Saint-Bernard de Troyes (1)
- Établissement scolaire Stanislas (9)