Le Kreisker à Saint-Pol-de-Léon : une douzaine d'anciens élèves dénoncent des violences physiques et sexuelles
Personnes mises en cause par l'article de Splann! :
- Père Jacques Choquer (surnommé par les élèves Chocul) : Plusieurs anciens élèves mettent en cause l'ancien professeur de français et breton pour des propos et attitudes inappropriées à caractère sexuel, des années 1950 aux années 1980. Il est décédé en 2020.
- André Guéguen : cité par près d'une dizaine d'anciens élèves interrogés par Splann ! comme étant l'auteur de nombreuses violences physiques.
- Jean-Claude Rohel : devenu par la suite maire de Plouénan et député Républicains indépendants du Finistère, est identifié par plusieurs anciens élèves comme ayant eu l'habitude de retourner sa chevalière à l'intérieur de sa main avant de gifler les élèves, occasionnant fatalement des marques et des douleurs plus importantes. Il est décédé en 2009.
- « Sparfel » : retournait sa chevalière à l'intérieur de sa main avant de gifler les élèves.
Une douzaine d'anciens élèves de l'établissement d'enseignement privé catholique Le Kreisker à Saint-Pol-de-Léon (29) dénoncent des violences physiques et sexuelles qui auraient été commises dans les années 1950 à 1980 par des membres du corps enseignant de cette institution réputée.
[…]
Les agissements de Jacques Choquer sont décrits par le menu dans le livre Tu rôtiras en enfer, publié en 2016 et écrit par Jean-Pierre Salou, un éducateur spécialisé et psychologue à la retraite ayant fréquenté le Kreisker, de 1957 à 1964. Le prêtre y apparaît sous le pseudo « l'abbé C. ». « Son surnom parmi les élèves, c'était Chocul (orthographe interprétée par Splann !, NDLR) », révèle l'auteur, aujourd'hui âgé de 77 ans. Preuve selon lui que son comportement était de « notoriété publique ».
— Splann!
Si les violences sexuelles sont reprochées à un seul enseignant du Kreisker, les violences physiques, elles, auraient été commises par plusieurs professeurs, assurent les anciens élèves interrogés par Splann !.
[…]
Les violences physiques pouvaient, selon Yannick Dirou, 59 ans, tout aussi bien sanctionner une mauvaise note à un devoir, « une mauvaise réponse » donnée au professeur ou « une fausse note » jouée en cours de musique. « À un moment, vous êtes plus préoccupé de savoir si vous allez prendre une baffe ou une beigne qu'autre chose », explique celui qui a été scolarisé au Kreisker, à partir de 1978, et y a passé trois ans. « C'était terrible. C'était un coup à faire une fugue. J'y repense souvent et j'en ai les larmes aux yeux. »
— Splann!
Les victimes ou témoins des violences commises dans cet établissement du Finistère peuvent écrire à l'adresse suivante : collectifsaintpierrekerhuon@yahoo.com
Informations complémentaires
Le Kreisker à Saint-Pol-de-Léon
- https://splann.org/violences-physiques-sexuelles-kreisker-saint-pol-de-leon/
- https://www.letelegramme.fr/bretagne/qui-est-labbe-b-dont-les-actes-ignobles-ont-ete-publiquement-denonces-par-leveque-de-quimper-6786830.php
- https://www.letelegramme.fr/finistere/saint-pol-de-leon-29250/a-saint-pol-de-leon-les-victimes-de-violences-a-notre-dame-du-kreisker-se-constituent-en-collectif-6822424.php
Personnes mises en cause
- Père Jacques Choquer (surnommé par les élèves Chocul) : Plusieurs anciens élèves mettent en cause l'ancien professeur de français et breton pour des propos et attitudes inappropriées à caractère sexuel, des années 1950 aux années 1980. Il est décédé en 2020 🡵.
- André Guéguen : cité par près d'une dizaine d'anciens élèves interrogés par Splann ! comme étant l'auteur de nombreuses violences physiques 🡵.
- Abbé Jean-Louis Béchu : surveillant au Kreisker de 1949 à 1951 🡵, il pourrait avoir sexuellement abusé de dizaines de victimes dans le Finistère tout au long de ses ministères successifs, selon une victime 🡵.
- Jean-Claude Rohel : devenu par la suite maire de Plouénan et député Républicains indépendants du Finistère, est identifié par plusieurs anciens élèves comme ayant eu l'habitude de retourner sa chevalière à l'intérieur de sa main avant de gifler les élèves, occasionnant fatalement des marques et des douleurs plus importantes. Il est décédé en 2009 🡵.
- « Sparfel » : retournait sa chevalière à l'intérieur de sa main avant de gifler les élèves 🡵.
Collectif des victimes de Notre-Dame du Kreisker et Sainte-Ursule
Le collectif lance un appel à tous les anciens élèves de ces deux institutions, garçons et filles, à le rejoindre afin de témoigner. Ils peuvent se faire connaître via l'adresse électronique suivante : victkreiskerursl29@gmail.com 🡵
Voir aussi :
Enseignement privé catholique
- https://www.ciase.fr/rapport-final/
- https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/des-excuses-quelques-annonces-et-une-promesse-de-reflexion-comment-l-enseignement-catholique-reagit-aux-temoignages-de-violences-physiques-et-sexuelles-dans-ses-etablissements_7127985.html
- https://www.la-croix.com/societe/affaire-betharram-pour-philippe-delorme-tout-ce-qui-contribue-a-lutter-contre-les-violences-est-une-bonne-chose-20250220
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr/auto-evaluation-sur-le-harcelement/
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr/plan-boussole/
- https://www.nouvelobs.com/societe/20250508.OBS103665/on-ne-peut-pas-se-contenter-de-dire-nous-sommes-une-grande-famille-la-grande-majorite-des-faits-est-derriere-nous-apres-betharram-l-enseignement-catholique-face-aux-plaintes.html
- https://enseignement-catholique.fr/campagne-stop-violences/
- https://www.la-croix.com/apres-betharram-l-enseignement-catholique-lance-une-campagne-stop-violences-20250502
- https://www.letudiant.fr/college/lancement-de-la-campagne-stop-violences-par-lenseignement-catholique.html
Les chiffres documentés par la CIASE
Dans son rapport paru en 2021, la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l'Église catholique (Ciase) a estimé à 330 000 le nombre de victimes entre 1950 et 2020. Près d'un tiers (30%) des faits ont eu lieu dans les établissements et internats scolaires, « premier lieu des violences sexuelles » contre les mineurs au sein de l'Église. Les victimes sont très majoritairement (83%) des garçons, âgés pour la plupart (62%) de 10 à 13 ans. Les sévices sexuels s'inscrivent « dans un continuum de violences pédagogiques », relève aussi la Ciase.
D'après les chiffres de la CIASE, il y aurait donc eu presque 100 000 victimes dans les établissements et internats scolaires en lien avec l'Église.
« Cette loi de l'omerta était générale » dans la société, assure l'évêque de Bayonne [Mgr Aillet]. « Dans les congrégations religieuses, qui jouent un rôle important dans l'enseignement catholique, la culture du silence, inhérente à l'Église, est redoublée du fait de l'obéissance due au supérieur, et d'une culture corporatiste qui incite à garder le silence au sein de la communauté et à protéger ses membres », nuance l'historienne Agnès Demazières. « Ces congrégations exercent aussi une force d'attraction sur des personnalités perverses du fait de ce climat de silence et d'un accès facile à des enfants et des personnes vulnérables », avance la spécialiste de l'histoire du christianisme, autrice de Sans loi ni foi : Prêtres et violences sexuelles. Au cœur du système catholique.
Actions récentes mises en place
Le programme de protection des publics fragiles (3PF)
Depuis 2018, l'enseignement catholique a mis en place le « 3PF », le « programme de protection des publics fragiles ». C'est un dispositif visant la prévention et la lutte contre toute forme de maltraitance, que ce soit le harcèlement, les violences, les abus au sein des établissements scolaires, en mettant à leur disposition des ressources, des éléments juridiques, des outils de discernement et d'action… 🡵.
Le site internet du 3PF propose :
- Des livrets d'information
- Livret 1 : De la lutte contre la maltraitance à la bientraitance éducative
- Livret 2 : La bientraitance éducative
- Recueillir la parole de l'enfant témoin ou victime
- Être à l'écoute - créer des dispositifs d'écoute
- Secret professionnel, discrétion professionnelle, devoir de réserve, confidentialité
- Procédures en matière de protection des mineurs
- Des grilles d'auto-évaluation sur le harcèlement pour les élèves
- Le plan boussole : un processus de discernement et d'action du 3PF. Il peut être mis en place dans les établissements pour faire progresser la culture de la bientraitance éducative.
Un dispositif 3PF pour « programme de protection des publics fragiles » a été lancé par le Sgec. Sur le papier, il est ambitieux (si l'on oublie sa dénomination problématique qui associe le risque d'exposition aux violences à une fragilité préalable). Les conditions de recueil de la parole y sont détaillées, et les risques de maltraitance par une personne détenant l'autorité ouvertement évoqués. Ce n'est pas du tout le cas dans le public, où la question de l'adulte dysfonctionnel reste un impensé, absent du site du ministère et des formations prodiguées aux personnels. Sur le terrain, toutefois, les choses sont plus compliquées. Le Sgec, qui ne dispose que d'un simple pouvoir d'animation et de proposition, est incapable de s'avancer sur la mise en œuvre effective du fameux 3PF, au point de lancer une campagne de communication auprès des parents pour le faire connaître. C'est que l'enseignement catholique est un parfait négatif de l'enseignement public : si le second souffre de son hypercentralisation, le premier se singularise par la très grande autonomie de ses établissements.
La campagne « Stop Violences »
La campagne « Stop Violences » a été lancée le vendredi 2 mai 2025. C'est une campagne d'information et de sensibilisation sur les violences en milieu scolaire dans tous ses établissements, après le scandale de Notre-Dame de Bétharram qui a entraîné une libération de la parole sur le sujet. La campagne « Stop violences » a pour objectif d’« amplifier l'information et renforcer l'implication de tous les acteurs de l'école » sur ce sujet, a indiqué le Secrétariat général de l'enseignement catholique dans un communiqué 🡵.
Suite au lancement de cette campagne, Le collectif Stop Souffrances qui rassemble parents d'élèves, enseignants et personnels des établissements catholiques s'interroge sur l'efficacité réelle de ces mesures, et demande des changements profonds sur le terrain au-delà des effets d'annonce. Sophie, professeure au sein d'un établissement privé sous contrat, « n'a jamais entendu parler de cette campagne Stop Violences, à part aux informations ». 🡵
Voir aussi :
- Abbaye-école de Sorèze (1)
- André Guéguen (1)
- Collège de Combrée (3)
- Collège de l’Annonciation, à Seilh (1)
- Collège Ozanam de Limoges (7)
- Collège Richelieu à La-Roche-sur-Yon (1)
- Collège Saint François-Xavier d'Ustaritz (3)
- Collège Saint-Michel à Bruxelles (fiche uniquement)
- Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon (5)
- Collège-lycée Saint-Augustin de Bitche (1)
- Collège-lycée Saint-Joseph de Nay (2)
- Dominicaines du Saint Nom de Jésus (2)
- Institut Notre-Dame d’Avranches (1)
- Institut Saint-Lô d’Agneaux (1)
- Institution Paul Mélizan (1)
- Institution Saint-Dominique de Neuilly (5)
- Institution Saint-Pierre, à Saint-Pé-de-Bigorre (2)
- L'Immaculée Conception de Pau (1)
- Le Kreisker à Saint-Pol-de-Léon (3)
- Notre Dame de Garaison (6)
- Notre-Dame de Bétharram (41)
- Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon (2)
- Notre-Dame-de-Sion (1)
- Père Jacques Choquer (1)
- Père Raymond Mélizan (1)
- Saint-Thomas-d’Aquin, à Oullins (3)
- Sainte Croix des Neiges (3)
- Sainte-Marie, à Chagny (1)
- École Saint-Genès de Bordeaux (1)
- École Saint-Pierre-Fourier (Collège Saint-Maur) (1)
- École Sainte-Marie à Quimper, dite le Likès (1)
- Établissement Saint-Bernard de Troyes (1)
- Établissement scolaire Stanislas (10)
Diocèse de Quimper et Léon
- https://www.diocese-quimper.fr/
- https://eglise.catholique.fr/guide-eglise-catholique-france/structure/diocese-quimper/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Dioc%C3%A8se_de_Quimper_et_L%C3%A9on
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_Guillon
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Le_Vert
- https://eglise.catholique.fr/guide-eglise-catholique-france/personne/mgr-laurent-dognin/
Derniers évêques
- 1989–2007 : Mgr Clément Guillon 🡵
- 2007–2015 : Mgr Jean-Marie Le Vert 🡵
- Depuis 2015 : Mgr Laurent Dognin 🡵
Voir aussi :
Père Jacques Choquer (1930-2020)
Biographie résumée
- 1930 Naissance à Taulé 🡵
- 1954 ordonné prêtre 🡵
- 1956-1958 Etudes à l'Université catholique d'Angers 🡵
- 1958-1994 Enseignant au Kreisker à Saint-Pol-de-Léon 🡵
- 1994 Retraite 🡵
- 2020 Décès 🡵
- 2022 Mgr Laurent Dognin reçoit le témoignage de l'épouse d'une victime, aujourd'hui décédée, relatif à des violences sexuelles concernant le collège du Kreisker, commises par l'abbé Jacques Choquer 🡵.
André Guéguen
Parcours
- 1963-1984 : enseignant au Kreisker à Saint-Pol-de-Léon 🡵
- 1984-1996 : directeur du collège Saint-Ursule 🡵
- 1996-2002 : à Douarnenez 🡵
Aujourd'hui diacre à la paroisse de Saint-Pol-de-Léon 🡵.
Accusations
En 2025, des témoignages publiés dans Splann ! accusent André Guéguen de violences.
Un autre professeur, déjà cité plus haut, a marqué plusieurs générations d'élèves : André Guéguen. Celui-ci est cité par près d'une dizaine d'anciens élèves interrogés par Splann ! comme étant l'auteur de nombreuses violences physiques.
[…]
Claude, qui se définit lui-même comme un élève « bagarreur », assure qu'il avait « droit à Guéguen une fois par semaine ». Il se remémore un épisode lors duquel il aurait couru dans les escaliers du Kreisker avant d'être corrigé par le professeur. « Il m'a tabassé à un point que, alors que j'avais essayé de me protéger, j'ai vu tout noir avec des petits points blancs. J'étais complètement sonné. Pendant trois-quatre jours, je n'ai pas pu poser ma joue gonflée sur l'oreiller », certifie de sa voix rauque le pêcheur à la retraite de 63 ans.
[…]
Splann ! a pu rencontrer André Guéguen le 24 avril dernier à son domicile. Le professeur à la retraite – il a enseigné au sein de l'établissement privé catholique, de 1963 à 1984, avant de devenir directeur du collège Saint-Ursule de 1984 à 1996 puis d'être affecté à Douarnenez jusqu'à sa retraite en 2002 – « assume » une seule forme de violence envers les élèves. « Oui, c'est vrai, il m'est arrivé de donner des gifles. Parfois peut-être par énervement », admet le retraité âgé de plus de 80 ans. Mais pas davantage. « Des parents – pas beaucoup – ont demandé des comptes. J'avais de plutôt bonnes relations avec eux dans l'ensemble. Certains participaient à la catéchèse avec moi. »
André Guéguen ajoute que « la pression était assez forte (au sein de l'établissement, NDLR). Donc, il y avait de la discipline, je le reconnais. » Quant aux « raclées » évoquées par d'anciens élèves, l'ancien professeur les réfute catégoriquement : « Non, je refuse. Il n'y a eu aucune méchanceté de ma part. Sûrement pas. » En l'application des lois, André Guéguen bénéficie bien entendu de la présomption d'innocence.
— Splann!