Audition de François Bayrou : une nécessité qui laisse un goût amer ?

Il est difficile de résumer l'audition de François Bayrou… Celle-ci était très attendue et a donc été extrêmement commentée par la presse. Voici quelques points qui ne prétendent pas être exhaustifs, mais significatifs.

Une audition fleuve

Les deux rapporteurs de la commission prévoyaient une audition d'environ trois heures, elle aura duré quasiment le double. Pendant cinq heures et demie, mercredi 14 mai, François Bayrou a répondu aux questions de Paul Vannier (La France insoumise, LFI, Val-d'Oise) et Violette Spillebout (Renaissance, Nord), ainsi qu'aux autres députés de la commission d'enquête sur les violences dans les établissements scolaires 🡵.

Passe d'armes entre Paul Vannier et François Bayrou

Durant son audition, François Bayrou a dénoncé une commission d'enquête « pas totalement objective » et un corapporteur désireux de « nourrir un procès en scandale » pour « abattre le gouvernement », en visant Paul Vannier. Selon Violette Spillebout, cette audition a été « politisée » par « la stratégie du Premier ministre », mais aussi par « les déclarations de Paul Vannier ». Elle décrit un François Bayrou qui « se défend avec vigueur » car « son honneur est mis en cause ».

Paul Vannier, lui, se défend de tout procès politique. Il se dit prêt à encaisser « la violence, l'outrance du Premier ministre ». Il affirme avoir conduit cette audition « comme toutes les précédentes avec des questionnements sur des faits, sur des documents que nous avons saisis sur place ». Et de dénoncer la stratégie de « déresponsabilisation, de victimisation » de François Bayrou 🡵.

François Bayrou cherche à décrédibiliser le témoignage de Françoise Gullung

Sur les quelque cinq heures trente qu'a duré sa tumultueuse audition, François Bayrou a consacré près d'une demi-heure à jeter le discrédit sur Françoise Gullung, lanceuse d'alerte à propos des violences à Notre-Dame de Bétharram, qu'il a accusée, au prix d'une démonstration tortueuse, d'avoir « affabulé sous serment » 🡵.

Des propos que Françoise Gullung conteste fermement. « Non, je n'ai pas affabulé, conteste-t-elle mercredi 14 mai au soir sur franceinfo. Je pense que vous avez entendu la suite, la réponse de M. Vannier, qui a apporté les preuves que le père Carricart est bien revenu dans l'établissement à la suite des problèmes de 1995-1996 ». […] Sur le fond de son témoignage, Françoise Gullung précise : « Je n'accuse pas, à proprement parler, le Premier ministre actuel. J'ai alerté, en son temps, M. Bayrou, de problèmes graves à Bétharram. Je crois que c'est difficilement contestable. À l'époque, il était président du Conseil général, il avait donc une obligation. Il ne l'a toujours pas remplie. Je déplore que, n'ayant rien fait, il ait permis inconsciemment que pendant trente ans supplémentaires, des enfants subissent des violences physiques et sexuelles » 🡵.

Une « comédie politicienne indécente tellement cela était décalé par rapport à la souffrance des victimes » 🡵

« On n'a aucune reconnaissance formelle de l'existence de cette violence, de ces actes de barbarie, de manière systémique. Il nous a même parlé de petites tapes éducatives », hallucine-t-il, à propos d'une gifle que l'élu avait lui-même donnée en 2002 à Strasbourg. « Par ailleurs, il n'y a eu aucune réflexion non plus sur les mécanismes qui font que ces violences perdurent aussi longtemps, qu'une loi du silence impose une telle omerta », déplore cet enseignant-chercheur 🡵.

Toute la question est à présent de savoir si, au-delà des arrière-pensées politiciennes de ses animateurs, le travail de la commission sur les violences en milieu scolaire peut déboucher sur des avancées concrètes permettant une véritable expression des victimes et une prévention efficace. […] Au-delà de son rôle d'alerte et d'information, le travail des députés s'avérera salutaire, surtout s'il contribue à aider le pays à passer d'une culture du silence à celle de l'écoute 🡵.

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