Riaumont : le père Alain Hocquemiller condamné à deux ans d'emprisonnement avec sursis pour consultation de fichiers pédopornographiques

Résumé

La condamnation

Le père Alain Hocquemiller vient d'être condamné à deux ans d'emprisonnement avec sursis pour consultation de fichiers pédopornographiques. Le tribunal correctionnel de Béthune lui a aussi interdit d'exercer une activité professionnelle en lien avec des mineurs pendant cinq ans, et a ordonné son inscription au Fichier des auteurs d'infractions sexuelles (Fijais) 🡵.

L'annonce de l'appel

Le père va faire appel 🡵.

Sa défense s'appuie notamment sur :

  • l'absence d'intention délibérée de rechercher des contenus interdits
  • la clarification du contexte dans lequel certaines connexions ont pu avoir lieu
  • l'absence de caractère pédopornographique ou illicite des sites éventuellement consultés.

Si l'arrêt d'appel est rendu dans le respect des principes de justice et d'impartialité, la défense estime qu'il ne pourra raisonnablement aboutir qu'à une relaxe totale.

Site internet de Riaumont

Communiqué de Mgr Olivier LEBORGNE et de Dom Jean PATEAU 🡵

Suite à la condamnation du père Alain Hocquemiller, Mgr Olivier LEBORGNE, évêque d'Arras, et Dom Jean PATEAU, Père Abbé de l'Abbaye Notre-Dame de Fontgombault annoncent :

  • la poursuite de la procédure canonique (indiquant implicitement qu'une procédure canonique est en cours) ;
  • le renforcement des mesures conservatoires déjà prises : le père Alain Hocquemiller avait interdiction de confesser et d'accompagner des mineurs, il a à présent interdiction de tout ministère public ;
  • l'instruction d'une visite canonique extraordinaire de la communauté de Riaumont, avec deux visiteurs extérieurs qui seront nommés dans les prochains jours.

Communiqué du Collectif de Victimes et d'Anciens du Village d'enfants de Riaumont 🡵

« Notre collectif se réjouit de cette avancée et l'accueille avec espérance, tant les victimes ont souffert et, pour beaucoup, continuent à souffrir. Nous sommes sans défiance mais sans naïveté face à cette inspection qui arrive très tard, alors que le scandale était et est impossible à ignorer ».

Le collectif propose également une série de mesures, « par mesure de précaution » pour davantage de transparence et d'information des personnes pouvant être en contact avec le Village d'enfants de Riaumont et les membres de l'Institut Sainte-Croix de Riaumont.

La condamnation

Un ancien prieur de la communauté catholique traditionaliste de Riaumont a été condamné mardi 6 mai à deux ans d'emprisonnement avec sursis pour consultation de fichiers pédopornographiques, dans le premier procès organisé autour du « village d'enfants » de cette institution, au cœur de plusieurs enquêtes.

Le tribunal correctionnel de Béthune (Pas-de-Calais) a aussi interdit à Alain H. d'exercer une activité professionnelle en lien avec des mineurs pendant cinq ans, et a ordonné son inscription au Fichier des auteurs d'infractions sexuelles (Fijais).

La Croix

L'annonce de l'appel

L'annonce de l'appel par Maître Octave Nitkowski

Se réjouissant de la relaxe pour détention, Me Octave Nitkowski balaya tout suspense : « Nous allons faire appel. On veut faire du père Alain le cliché du prêtre pédophile, ce qu'il n'est pas. » Et le conseil d'insister sur « la confusion entre fichier pornographique et fichier pédopornographique ».

[…]

Son avocat, insistant sur la présomption d'innocence de son client, a évoqué sa future stratégie : « Nous espérons que dans son jugement, le tribunal correctionnel de Béthune liste tous les sites prétendument consultés par le père Alain : on pourra devant la cour d'appel contester point par point le caractère pédopornographique de chaque site. »

La voix du Nord

Sur le site internet de Riaumont, « Raisons d'un procès en appel »

La Voix du Nord annonce dans son édition du 06 mai 2025  : « Le tribunal judiciaire de Béthune a condamné l'ancien prieur du Village de Riaumont à deux ans de prison avec sursis simple pour consultation de contenu pédopornographique, de 2013 à 2017. Il a été relaxé pour les faits de détention. "

Au terme de huit années de mise en examen, cette décision judiciaire invalide donc les propos diffamatoires largement répandus dans la presse évoquant " plus de deux mille clichés à caractère pédopornographique retrouvés sur l'ordinateur du prévenu. "

Cette même décision donne toutefois provisoirement raison au réquisitoire qui incrimine le Père Alain du chef de connexion à des sites mettant en scène des mineurs… sans pour autant donner la liste des sites concernés. Ces poursuites reposent en définitive sur 57 traces informatiques d'images supposément pédopornographiques… parmi lesquelles figurent 30 images munies d'estampilles de légalité garantissant la majorité des acteurs. La défense a d'ailleurs pu préciser le nom et l'âge de 13 d'entre eux.

L'accusation n'ayant pas su faire la différence entre ces visuels incontestablement légaux et les images qui peuvent rester problématiques, il est abusif d'attribuer au Père Alain HOCQUEMILLER l'intention de rechercher du contenu pédopornographique. Il ne s'est jamais rendu sur le " darknet « . Il n'a jamais cherché à visionner volontairement des contenus mettant en scène des mineurs dans un contexte pornographique.

Aussi fait-il appel de sa condamnation pour le délit de consultation habituelle.

Les éléments de contexte fournis par la défense indiquent que le Père Alain est un éducateur qui a consacré trente-sept ans de sa vie aux jeunes en difficultés. L'implication d'un de ses anciens élèves dans l'industrie du cinéma pornographique l'a amené à des recherches aux fins de vérifier si d'autres élèves l'avaient suivi dans sa dérive, ce qui ne fut pas le cas. Le studio dans lequel cet élève tournait a la réputation de présenter des acteurs juvéniles. Ce studio et la presse qui en fait la publicité tapageuse[1]Au sujet de la filmographie de ce studio Cxxxx, on lit dans les Inrockuptibles un long panégyrique de Romain Burrel, ancien directeur de la rédaction de Têtu, journaliste à France Culture, LCI, … Continue reading ne font pas l'objet de poursuites. Pourquoi les connexions du Père HOCQUEMILLER vers ce type de site l'ont-elles mené devant la Justice ?

Il reste que consulter des images pornographiques est un péché grave. Le Père Alain HOCQUEMILLER regrette sincèrement son imprudence en cette douloureuse affaire et le grave scandale qu'elle a provoqué.

Tout citoyen a droit à un procès équitable, rendu dans un temps raisonnable. Pourtant, cette procédure intervient après huit années d'instruction, au cours desquelles le Père Alain a été soumis à de lourdes mesures restrictives de contrôle judiciaire, dont près de huit ans d'interdiction de résidence à Riaumont. Ce délai interroge sur le respect du droit à un procès équitable dans un délai raisonnable.

Le Père Alain Hocquemiller a fait valoir ses droits en interjetant appel, et il bénéficie pleinement de la présomption d'innocence dans l'attente de l'arrêt de la Cour d'appel de Douai à intervenir.

Sa défense s'appuie notamment sur :

  • l’absence d'intention délibérée de rechercher des contenus interdits
  • la clarification du contexte dans lequel certaines connexions ont pu avoir lieu
  • l’absence de caractère pédopornographique ou illicite des sites éventuellement consultés.

Si l'arrêt d'appel est rendu dans le respect des principes de justice et d'impartialité, la défense estime qu'il ne pourra raisonnablement aboutir qu'à une relaxe totale.

Site internet de Riaumont

Communiqué de Mgr Olivier LEBORGNE et de Dom Jean PATEAU

Message de Mgr Olivier LEBORGNE, évêque d'Arras 
et de Dom Jean PATEAU, Père Abbé de l'Abbaye Notre-Dame de Fontgombault

Nous apprenons la condamnation par le tribunal correctionnel de Béthune le 6 mai 2025 de l'ancien Prieur de Riaumont pour consultation de contenu pédopornographique, à deux ans de prison avec sursis, avec interdiction pendant 5 ans d'exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact avec des mineurs. 

Nous prenons acte de cette condamnation et de la décision du religieux en question de faire appel de cette condamnation. Il demeure présumé innocent en attendant la nouvelle décision judiciaire.

Les faits évoqués sont graves, encore plus s'ils ont été commis par un religieux responsable d'une œuvre d'éducation. 

La procédure canonique va suivre son cours. En attendant les conclusions de celle-ci, et la décision de la cour d'appel, nous renforçons à l'égard du religieux concerné les mesures conservatoires déjà prises. Il avait interdiction de confesser et d'accompagner des mineurs, nous ajoutons à cela l'interdiction de tout ministère public. 

D'autres procédures judiciaires sont en cours concernant des religieux de la communauté de Riaumont. Les frères concernés par ces procédures se sont vu retirer tout apostolat auprès de mineurs. 

Nous redisons notre confiance et notre coopération avec la justice de notre pays. Elle doit pouvoir poursuivre son travail dans des conditions sereines, pour le bien de tous.

Au vu du nombre de religieux mis en cause pour différents motifs, et des accusations graves portées contre la communauté, nous décidons pour notre part d'instruire une visite canonique extraordinaire de la communauté de Riaumont. Deux visiteurs extérieurs, que nous nommerons dans les prochains jours, seront chargés de cette visite qui nous permettra d'évaluer les décisions à prendre, les réformes importantes à mettre en œuvre à court et moyen terme, au regard de la situation. Nous invitons chacun à voir aussi dans cette visite une opportunité précieuse à plus long terme de regarder en vérité l'histoire de la communauté, d'interroger avec justesse et lucidité ses missions, son charisme, ses forces et ses fragilités, voire ses fautes, et de discerner avec sagesse son avenir et sa capacité réelle à poursuivre sa mission. 

Nous assurons de notre prière tous ceux qui ont souffert et souffrent encore, ainsi que tous ceux que cette situation éprouve. Nous restons disponibles pour rencontrer ceux qui le souhaitent et qui le demanderont. Nous réaffirmons notre priorité : servir la vérité, et protéger les plus petits. Nous sommes certains que tous peuvent se retrouver autour de ce principe. 

Mgr Olivier LEBORGNE
Evêque d'Arras

Dom Jean PATEAU
Père Abbé de Fontgombault

Contact presse : 07 505 999 60

Diocèse d'Arras

Communiqué du Collectif de Victimes et d'Anciens du Village d'enfants de Riaumont

Dimanche 11 mai 2025

Le Collectif de Victimes et d'Anciens du Village d'enfants de Riaumont prend note de l'annonce d'une visite canonique extraordinaire dans la communauté de la Sainte-Croix de Riaumont, faite par Mgr LEBORGNE, évêque d'ARRAS, et Dom PATEAU, Père Abbé de FONTGOMBAULT, en date du 06 mai 2025.

Notre collectif se réjouit de cette avancée et l'accueille avec espérance, tant les victimes ont souffert et, pour beaucoup, continuent à souffrir.

Nous sommes sans défiance mais sans naïveté face à cette inspection qui arrive très tard, alors que le scandale était et est impossible à ignorer.

Nous rappelons que les premières agressions sexuelles documentées datent de 1960. Depuis sept religieux (sur les neuf membres de la communauté) sont mis en cause pour des faits allant de la violence sur mineurs en situation d'autorité à agression sexuelle. Parmi eux, six sont mis en examen, sous contrôle judiciaire, avec interdiction d'exercer une activité professionnelle en contact avec des mineurs.

Vous écrivez qu'ils « se sont vus retirer tout apostolat auprès de mineurs ». Comment expliquer alors que deux religieux, par ailleurs visés par un contrôle judiciaire, ont organisé et animé un spectacle pour enfants, le 14 décembre 2024 ?

Par ailleurs, nous découvrons que le père Alain HOCQUEMILLER s'est vu retirer son pouvoir de confession il y a huit ans. Pourquoi cette information n'a-t-elle pas été rendue publique à l'époque, par mesure de prévention en direction des populations concernées ?

La communauté de Riaumont, dissidente par culture, a pourtant maintes fois prouvé qu'elle se soustrait aux règlements de toutes origines.

Sans défiance, mais sans naïveté donc, le Collectif de Victimes et d'Anciens du Village d'enfants de Riaumont demande la mise sous protection immédiate des mineurs, ainsi que des mesures conservatoires adéquates, réellement suivies d'effet.

C'est pourquoi nous demandons, par mesure de précaution :

  • que le public soit informé des mesures que vous prendrez à la suite de cette visite canonique extraordinaire ;
  • que les statuts de l’Institut Sainte-Croix de Riaumont, prévoyant que cette communauté religieuse a vocation à s'occuper d'enfants, soient officiellement suspendus, tant que six religieux sous contrôle judiciaire et interdits d'exercer une activité au contact de mineurs y officient ;
  • que les appellations trompeuses « village d'enfants » et « scoutisme » soient retirées tant que six religieux sous contrôle judiciaire et interdits d'exercer une activité au contact de mineurs y vivent ;
  • que le statut et la formation des laïcs bénévoles mis en contacts avec des mineurs soit inspectés avec attention ainsi que leur mode de recrutement ;
  • que l'Abbaye de FONTGOMBAULT, juge et partie en tant que tuteur de Riaumont depuis des décennies, soit également visitée canoniquement.

Dans le cas contraire, le public continuera à croire que Riaumont est un village d'enfants actif, abritant une communauté religieuse autorisée à mener des actions pédagogiques en direction de la jeunesse. Et Riaumont continuera à abuser du flou, impunément.

Nous sommes confiants, mais vigilants.

Collectif de Victimes et d'Anciens du Village d'enfants de Riaumont
Contact presse : cvaver@ikmail.com

Collectif de Victimes et d'Anciens du Village d'enfants de Riaumont

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