Collège de l'Annonciation, à Seilh : de nouveaux témoignages
Même si elle prétend avoir subi des maltraitances physiques comme de se faire attraper par les cheveux, Agnès mentionne surtout la maltraitance morale qui aurait été exercée par sœur Anna. « Je me souviens d'une fois par exemple, elle m'attrape, elle m'agrippe le poignet et elle me parle, tout près du visage. On est vraiment très très près mais de sorte qu'en face, on puisse croire que c'est très sympa ce qu'elle me dit, avec un petit sourire. Mais sa façon de me parler, les choses qu'elle me dit et sa façon de me broyer le poignet… C'est ça, sœur Anna : aux yeux des autres, je fais croire que je suis hypersympa. Par contre, je vais te dézinguer dès que je peux ».
Un soir, elle dit avoir surpris la sœur dans la chambre de son amie. « Je suis rentrée exprès. Elle était en train de brosser les cheveux d'Alice. Je me rappellerai toute ma vie parce qu'Alice avait les cheveux très très longs jusqu'aux fesses. Et elle lui brossait les cheveux langoureusement. J'étais hyperchoquée. Je sentais qu'Alice avait peur. On savait… Enfin, moi, je savais qu'il y avait un truc qui n'allait pas. J'essayais de faire le maximum pour Alice. J'avais peur aussi ». Face à la réaction de son amie, qu'elle décrit comme mutique et pétrifiée, la collégienne dit s'être fait punir plusieurs fois pour obliger la sœur à rester surveiller l'étude. Des faits que confirment les deux femmes aujourd'hui proches de la soixantaine.
Informations complémentaires
Collège de l'Annonciation, à Seilh
- https://www.dominicaines-snj.com/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Dominicaines_du_Saint_Nom_de_J%C3%A9sus
- https://www.dominicaines-snj.com/les-chantiers/
- https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/religieuse-mise-cause-abus-sexuels-adolescente-2019-01-22-1200997237
- https://www.dominicaines-snj.com/#nous-trouver/les-communautes
- https://www.lannonciation.com/ensemble-scolaire/ensemble-scolaire-organigramme/
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/temoignages-c-etait-notre-cerbere-nouvelles-revelations-sur-une-s-ur-dominicaine-accusee-de-viol-et-d-agressions-sexuelles-par-deux-anciennes-eleves-3143579.html
- https://www.leparisien.fr/faits-divers/l-archeveche-de-toulouse-saisi-d-un-dossier-de-pedophilie-d-une-religieuse-21-01-2019-7993551.php
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/pedophilie-dans-l-eglise-des-dominicaines-refusent-de-reconnaitre-la-victime-d-abus-sexuels-d-une-religieuse-2796094.html
- https://www.lefigaro.fr/flash-actu/2019/01/21/97001-20190121FILWWW00061-toulouse-une-sur-dominicaine-accusee-d-agression-sexuelle.php
La congrégation des Dominicaines du Saint Nom de Jésus a été fondée en 1800 par le Père Vincent, prêtre du diocèse de Toulouse. Avec une poignée de jeunes femmes, il fonde une œuvre vouée à l'enseignement et à l'éducation des jeunes filles quel que soit leur milieu social 🡵. C'est une congrégation de droit pontifical 🡵.
Collège de l'Annonciation, à Seilh, est un établissement privé catholique sous tutelle dominicaine (congrégation des Dominicaines du Saint Nom de Jésus). En 2025, Sœur Marielle Laporte (prieure de la communauté de Seth 🡵) était membre de l'équipe de direction 🡵
Les témoignages suivants font état de violences présumées de la part de sœur Anna (nom d'emprunt) qui faisait partie de la communauté de Seth et se trouvait à ce titre au contact d'élèves du collège de l'Annonciation.
Le témoignage de Sophie
Rien de suspect jusqu'au jour où Sophie apprend le décès de son oncle. Elle est bouleversée. « Je pleurais évidemment. Elle m'a mise à l'écart des autres élèves. Elle m'a dit qu'elle allait s'occuper de moi. Elle m'a emmenée dans une salle de bains. Elle a fait brûler de l'encens et a commencé à me nettoyer. Je suis dans la baignoire, nue. Elle me dit de fermer les yeux, de me calmer et de m'étendre. Et là, j'ai été pénétrée avec un objet, je n'avais jamais eu de rapport, je ne savais pas ce qui se passait ».
[…]
Suite à cela, Sophie a été déscolarisée. Aujourd'hui encore très marquée par cet évènement vécu comme traumatique, Sophie dit s'être réfugiée pendant des années dans le déni. Mais elle a dû faire face à son mal-être. Au fil de sa dépression, les souvenirs sont remontés à la surface. Elle a déposé plainte en 2023 mais sans résultat. Celle-ci vient d'être classée sans suite faute d'éléments suffisants. Fait étonnant car une autre victime présumée s'est signalée, comme l'a révélé France 3 en 2019.
Le témoignage d'Alice
- 2017 Alice s'adresse à sœur Margron 🡵.
- 2018 Pré-enquête canonique dont les résultats ont été transmis au Vatican 🡵.
- 2022 Alice contacte la CRR 🡵.
- 2023 La CRR reconnaît à Alice le statut de victime agressée sexuellement par une sœur lorsqu'elle était collégienne. Plusieurs recommandations sont émises comme « juste réparation » : que Sœur Anna ne soit plus placée en lien avec des enfants, qu'elle n'entre plus en contact avec Alice, ni ne réside près de chez elle, et qu'elle verse à sa victime 50.000 euros 🡵. La congrégation des Dominicaines, elle, s'est refusée à appliquer les mesures préconisées par la CRR, telles que l'éloignement pour protéger les enfants… Comme nous l'indiquions en 2023, les sœurs avaient décidé de se retirer d'un processus qu'elle considère comme « injuste ». Elles ne donneront « aucune suite à ces recommandations ou celles qui pourront suivre » 🡵.
Alice* était elle aussi en 4e quand elle affirme avoir été agressée par sœur Anna. Elle témoigne de baisers forcés, de caresses sur les seins, jusqu'à ce que les choses aillent plus loin.
[…]
« Je ne comprenais pas ce qui arrivait. La première fois, quand je l'ai repoussée, elle s'est excusée et elle est vite partie. Et le lendemain, elle est revenue, comme si de rien n'était en fait. C'est à partir de là que j'ai eu peur. Quand elle arrivait dans le couloir, on entendait ses pas. J'avais même compté combien il y avait de pas. J'entendais ses pas, le rosaire qui… Et c'est là que j'avais le plus peur… Je savais qu'il fallait que je sois gentille avec elle. Parce que sinon, le lendemain, c'était l'enfer ».
Des agressions sexuelles qui auraient été accompagnées d'harcèlement moral : « Elle (Soeur Anna) faisait le catéchisme et elle me désignait comme « le mal ». Comme dans la parabole de « la mauvaise herbe et du bon grain ». J'étais la « mauvaise herbe ». Dans cette parabole, à la fin, elle (la mauvaise herbe) est brûlée. J'en faisais des cauchemars terribles. Un jour, nous étions partis pour une retraite de trois jours. Elle a alors dit à nouveau à tout le monde que j'étais le « mal » et donc qu'il y aurait une séance d'exorcisme. Je ne savais pas ce qu'était un exorcisme. Je ne comprenais pas parce que je n'étais pas méchante. Je ne me considérais pas comme mauvaise. » Une expérience qui l'a détruite psychologiquement.
Diocèse de Toulouse
- https://toulouse.catholique.fr/
- https://eglise.catholique.fr/guide-eglise-catholique-france/structure/diocese-toulouse/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Archidioc%C3%A8se_de_Toulouse
- https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Marcus
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Le_Gall_%28archev%C3%AAque%29
- https://eglise.catholique.fr/guide-eglise-catholique-france/personne/mgr-guy-de-kerimel/
Derniers évêques
Voir aussi :
Enseignement privé catholique
- https://www.ciase.fr/rapport-final/
- https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/des-excuses-quelques-annonces-et-une-promesse-de-reflexion-comment-l-enseignement-catholique-reagit-aux-temoignages-de-violences-physiques-et-sexuelles-dans-ses-etablissements_7127985.html
- https://www.la-croix.com/societe/affaire-betharram-pour-philippe-delorme-tout-ce-qui-contribue-a-lutter-contre-les-violences-est-une-bonne-chose-20250220
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr/auto-evaluation-sur-le-harcelement/
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr/plan-boussole/
- https://www.nouvelobs.com/societe/20250508.OBS103665/on-ne-peut-pas-se-contenter-de-dire-nous-sommes-une-grande-famille-la-grande-majorite-des-faits-est-derriere-nous-apres-betharram-l-enseignement-catholique-face-aux-plaintes.html
- https://enseignement-catholique.fr/campagne-stop-violences/
- https://www.la-croix.com/apres-betharram-l-enseignement-catholique-lance-une-campagne-stop-violences-20250502
- https://www.letudiant.fr/college/lancement-de-la-campagne-stop-violences-par-lenseignement-catholique.html
Les chiffres documentés par la CIASE
Dans son rapport paru en 2021, la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l'Église catholique (Ciase) a estimé à 330 000 le nombre de victimes entre 1950 et 2020. Près d'un tiers (30%) des faits ont eu lieu dans les établissements et internats scolaires, « premier lieu des violences sexuelles » contre les mineurs au sein de l'Église. Les victimes sont très majoritairement (83%) des garçons, âgés pour la plupart (62%) de 10 à 13 ans. Les sévices sexuels s'inscrivent « dans un continuum de violences pédagogiques », relève aussi la Ciase.
D'après les chiffres de la CIASE, il y aurait donc eu presque 100 000 victimes dans les établissements et internats scolaires en lien avec l'Église.
« Cette loi de l'omerta était générale » dans la société, assure l'évêque de Bayonne [Mgr Aillet]. « Dans les congrégations religieuses, qui jouent un rôle important dans l'enseignement catholique, la culture du silence, inhérente à l'Église, est redoublée du fait de l'obéissance due au supérieur, et d'une culture corporatiste qui incite à garder le silence au sein de la communauté et à protéger ses membres », nuance l'historienne Agnès Demazières. « Ces congrégations exercent aussi une force d'attraction sur des personnalités perverses du fait de ce climat de silence et d'un accès facile à des enfants et des personnes vulnérables », avance la spécialiste de l'histoire du christianisme, autrice de Sans loi ni foi : Prêtres et violences sexuelles. Au cœur du système catholique.
Actions récentes mises en place
Le programme de protection des publics fragiles (3PF)
Depuis 2018, l'enseignement catholique a mis en place le « 3PF », le « programme de protection des publics fragiles ». C'est un dispositif visant la prévention et la lutte contre toute forme de maltraitance, que ce soit le harcèlement, les violences, les abus au sein des établissements scolaires, en mettant à leur disposition des ressources, des éléments juridiques, des outils de discernement et d'action… 🡵.
Le site internet du 3PF propose :
- Des livrets d'information
- Livret 1 : De la lutte contre la maltraitance à la bientraitance éducative
- Livret 2 : La bientraitance éducative
- Recueillir la parole de l'enfant témoin ou victime
- Être à l'écoute - créer des dispositifs d'écoute
- Secret professionnel, discrétion professionnelle, devoir de réserve, confidentialité
- Procédures en matière de protection des mineurs
- Des grilles d'auto-évaluation sur le harcèlement pour les élèves
- Le plan boussole : un processus de discernement et d'action du 3PF. Il peut être mis en place dans les établissements pour faire progresser la culture de la bientraitance éducative.
Un dispositif 3PF pour « programme de protection des publics fragiles » a été lancé par le Sgec. Sur le papier, il est ambitieux (si l'on oublie sa dénomination problématique qui associe le risque d'exposition aux violences à une fragilité préalable). Les conditions de recueil de la parole y sont détaillées, et les risques de maltraitance par une personne détenant l'autorité ouvertement évoqués. Ce n'est pas du tout le cas dans le public, où la question de l'adulte dysfonctionnel reste un impensé, absent du site du ministère et des formations prodiguées aux personnels. Sur le terrain, toutefois, les choses sont plus compliquées. Le Sgec, qui ne dispose que d'un simple pouvoir d'animation et de proposition, est incapable de s'avancer sur la mise en œuvre effective du fameux 3PF, au point de lancer une campagne de communication auprès des parents pour le faire connaître. C'est que l'enseignement catholique est un parfait négatif de l'enseignement public : si le second souffre de son hypercentralisation, le premier se singularise par la très grande autonomie de ses établissements.
La campagne « Stop Violences »
La campagne « Stop Violences » a été lancée le vendredi 2 mai 2025. C'est une campagne d'information et de sensibilisation sur les violences en milieu scolaire dans tous ses établissements, après le scandale de Notre-Dame de Bétharram qui a entraîné une libération de la parole sur le sujet. La campagne « Stop violences » a pour objectif d’« amplifier l'information et renforcer l'implication de tous les acteurs de l'école » sur ce sujet, a indiqué le Secrétariat général de l'enseignement catholique dans un communiqué 🡵.
Suite au lancement de cette campagne, Le collectif Stop Souffrances qui rassemble parents d'élèves, enseignants et personnels des établissements catholiques s'interroge sur l'efficacité réelle de ces mesures, et demande des changements profonds sur le terrain au-delà des effets d'annonce. Sophie, professeure au sein d'un établissement privé sous contrat, « n'a jamais entendu parler de cette campagne Stop Violences, à part aux informations ». 🡵
Voir aussi :
- Abbaye-école de Sorèze (1)
- André Guéguen (1)
- Collège de Combrée (3)
- Collège de l’Annonciation, à Seilh (1)
- Collège Ozanam de Limoges (7)
- Collège Richelieu à La-Roche-sur-Yon (1)
- Collège Saint François-Xavier d'Ustaritz (3)
- Collège Saint-Michel à Bruxelles (fiche uniquement)
- Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon (5)
- Collège-lycée Saint-Augustin de Bitche (1)
- Collège-lycée Saint-Joseph de Nay (2)
- Dominicaines du Saint Nom de Jésus (2)
- Institut Notre-Dame d’Avranches (1)
- Institut Saint-Lô d’Agneaux (1)
- Institution Paul Mélizan (1)
- Institution Saint-Dominique de Neuilly (5)
- Institution Saint-Pierre, à Saint-Pé-de-Bigorre (2)
- L'Immaculée Conception de Pau (1)
- Le Kreisker à Saint-Pol-de-Léon (3)
- Notre Dame de Garaison (6)
- Notre-Dame de Bétharram (41)
- Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon (2)
- Notre-Dame-de-Sion (1)
- Père Jacques Choquer (1)
- Père Raymond Mélizan (1)
- Saint-Thomas-d’Aquin, à Oullins (3)
- Sainte Croix des Neiges (3)
- Sainte-Marie, à Chagny (1)
- École Saint-Genès de Bordeaux (1)
- École Saint-Pierre-Fourier (Collège Saint-Maur) (1)
- École Sainte-Marie à Quimper, dite le Likès (1)
- Établissement Saint-Bernard de Troyes (1)
- Établissement scolaire Stanislas (10)