Communauté des Béatitudes : au DIAM, c'est indemnisation contre silence

Refusant d'adhérer à la CRR, la Communauté des Béatitudes avait mis en place son propre dispositif en janvier 2024 : le Dispositif Indépendant d'Accueil et de Médiation (DIAM) 🡵. Celui-ci avait été vivement critiqué par une association de victimes 🡵. Pour le Collectif d'Accompagnement des Victimes des Béatitudes (CAV Béatitudes), ni ses membres, ni son financement, ni son fonctionnement n'étaient clairs.

Myriam REMY, membre du Collectif témoigne cette semaine de son parcours avec le DIAM. Il lui a été demandé de signer un protocole qui prévoyait la confidentialité.

Dans un contexte où la libération de la parole est vantée par tous les responsables dans l'Église, cette pratique de l'indemnisation contre silence est incompréhensible. Sauf à vouloir éviter que d'autres victimes se manifestent, les motivations ne nous paraissent pas claires.

De plus, nous constatons avec regret l'extension de cette pratique. Elle avait été mise en place dans l'affaire Benoît Moulay par la communauté de l'Emmanuel… et certains échos indiquent qu'elle aurait pu être proposée dans le cadre de la CRR. Pour que la libération de la parole, tant vantée dans l'Église soit effective, il est nécessaire que cesse cette pratique de l'indemnisation contre silence.

« Il m'a été demandé de signer un protocole qui prévoyait la confidentialité, raconte Myriam Rémy. J'ai dit non ! Si on dit que la parole doit être libérée, il faut que ce soit vrai. Quand on prend la peine de décrire notre souffrance, le Diam ne peut pas nous interdire de parler. Le but est aussi que d'autres victimes pas encore déclarées puissent se rendre compte de ce qu'on a vécu. Cette clause est faite pour nous museler, c'est scandaleux ! »

Contacté par « Sud Ouest », le Diam a refusé un entretien par téléphone, préférant une réponse par courriel : « La confidentialité constitue une modalité classique dans le cadre d'une médiation, répond Clotilde Beylouneh, la coordinatrice de l'instance. Cette clause favorise la liberté des échanges. Que diraient les personnes si ce qu'elles ont pu déclarer dans le cadre du Diam était répété en dehors ? »

Protection des victimes ou perpétuation de la loi du silence ? Les autres instances de réparation ne prévoient pas, quant à elles, de telles clauses restrictives concernant la parole des victimes.

Sud Ouest

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