Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon : témoignage d'une victime
Dans le Finistère, Joël Barusseau, ex-enseignant au collège Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon (Finistère), a laissé un souvenir amer à Frédéric, 64 ans, qui l'a eu comme professeur principal en 5 e en 1973 : « Il feintait de la main gauche et envoyait une gifle de la main droite. J'en ai vu, des oreilles rouges et des garçons tomber au sol. » Une mauvaise réponse, un chuchotement en classe… et « ce petit bonhomme barbu, qui n'était pas le plus violent du collège, nous envoyait sous l'estrade, où l'on restait allongé près des seaux et du linge puant ».
Joël Barusseau reconnaît avoir « flanqué des claques » et « fait saigner des nez ». L'octogénaire en a même éprouvé « des remords ». Il a pourtant continué à être au contact des enfants, après sa retraite. Il nous raconte avoir été bénévole dans une association… d'aide aux devoirs. Aujourd'hui, estime-t-il, les élèves ne respectent plus les professeurs, qui se « prennent des coups de couteau ». Alors, ajoute l'ex-professeur : « Vaut-il mieux être victime ou bourreau ? »
Informations complémentaires
Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon
- https://www.letelegramme.fr/finistere/relecq-kerhuon-29480/cetait-la-terreur-deux-anciens-eleves-visent-ce-college-finisterien-6767557.php
- https://www.diocese-quimper.fr/tous-les-communiques/condamnation-des-violences-survenues-dans-lancien-college-saint-pierre-au-relecq-kerhuon/
- https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/culture-de-l-info/l-enseignement-catholique-destabilise-par-les-accusations-de-violences-en-son-sein-6618343
- https://www.francebleu.fr/emissions/l-info-d-ici-ici-breizh-izel/il-etait-naturellement-violent-le-pere-l-chef-d-orchestre-des-violences-dans-l-ex-college-du-relecq-kerhuon-8959968
- https://www.leparisien.fr/societe/religions/abus-dans-les-ecoles-catholiques-le-crabe-pere-argouarch-ils-nont-toujours-pas-ete-eloignes-des-enfants-18-04-2025-WHWAWDIQZVCYPPUSZOKFRCIWCQ.php
- https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/04/02/d-anciens-eleves-victimes-de-violences-au-college-catholique-breton-saint-pierre-saisissent-la-justice_6590018_3224.html
- https://www.liberation.fr/checknews/taloches-dans-la-tronche-coups-de-poing-les-anciens-eleves-du-college-catholique-saint-pierre-deposent-50-temoignages-contre-leurs-enseignants-20250402_Z7V5CJIJ7VDRNE4HXI2WWNABI4/
- https://www.ouest-france.fr/faits-divers/violences/qui-est-le-pere-l-directeur-de-lex-college-breton-mis-en-cause-par-50-eleves-pour-sa-brutalite-7b943496-fc19-11ef-84e6-97a4d0833d6d
Le Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon, est devenu mixte en 1985. Il a disparu à la fin des années 80 dans la fusion avec l'école Notre-Dame pour devenir Saint-Jean-de-la-Croix 🡵.
Le collectif Saint-Pierre accuse notamment le diocèse de Quimper et Léon d'avoir couvert ces violences durant des décennies. Le diocèse a fini par publier un communiqué 🡵 où il reconnaît, « pleinement la douleur et la souffrance des victimes » 🡵.
Au cœur des accusations : le père Yvon L. « Il pratiquait la violence avec une régularité et une nonchalance tout à fait stupéfiante », selon une victime 🡵.
Joël Barusseau est également mis en cause 🡵.
Les anciens élèves, qui se surnomment entre eux « les bagnards », ont déposé au parquet un dossier de 50 témoignages écrits, relatant des faits de violences commis entre 1962 et 1996 par les enseignants de ce collège catholique 🡵 🡵.
Le collectif Saint-Pierre
collectifsaintpierrekerhuon@yahoo.com 🡵
Voir aussi :
A propos de l'enseignement privé catholique
- https://www.ciase.fr/rapport-final/
- https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/des-excuses-quelques-annonces-et-une-promesse-de-reflexion-comment-l-enseignement-catholique-reagit-aux-temoignages-de-violences-physiques-et-sexuelles-dans-ses-etablissements_7127985.html
Les chiffres documentés par la CIASE
Dans son rapport paru en 2021, la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l'Église catholique (Ciase) a estimé à 330 000 le nombre de victimes entre 1950 et 2020. Près d'un tiers (30%) des faits ont eu lieu dans les établissements et internats scolaires, « premier lieu des violences sexuelles » contre les mineurs au sein de l'Église. Les victimes sont très majoritairement (83%) des garçons, âgés pour la plupart (62%) de 10 à 13 ans. Les sévices sexuels s'inscrivent « dans un continuum de violences pédagogiques », relève aussi la Ciase.
D'après les chiffres de la Ciase, il y aurait donc eu presque 100 000 victimes dans les établissements et internats scolaires en lien avec l'Église.
« Cette loi de l'omerta était générale » dans la société, assure l'évêque de Bayonne [Mgr Aillet]. « Dans les congrégations religieuses, qui jouent un rôle important dans l'enseignement catholique, la culture du silence, inhérente à l'Église, est redoublée du fait de l'obéissance due au supérieur, et d'une culture corporatiste qui incite à garder le silence au sein de la communauté et à protéger ses membres », nuance l'historienne Agnès Demazières. « Ces congrégations exercent aussi une force d'attraction sur des personnalités perverses du fait de ce climat de silence et d'un accès facile à des enfants et des personnes vulnérables », avance la spécialiste de l'histoire du christianisme, autrice de Sans loi ni foi : Prêtres et violences sexuelles. Au cœur du système catholique.
Voir aussi :
- Abbaye-école de Sorèze (1)
- Collège de Combrée (3)
- Collège Richelieu à La-Roche-sur-Yon (1)
- Collège Saint François-Xavier d'Ustaritz (2)
- Collège Saint-Michel à Bruxelles (fiche uniquement)
- Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon (4)
- Etablissement scolaire Stanislas (5)
- Institution Paul Mélizan (1)
- Institution Saint-Dominique de Neuilly (5)
- Institution Saint-Pierre, à Saint-Pé-de-Bigorre (2)
- L'Immaculée Conception de Pau (fiche uniquement)
- Notre Dame de Garaison (6)
- Notre-Dame de Bétharram (36)
- Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon (2)
- Notre-Dame-de-Sion (1)
- Père Raymond Mélizan (1)
- Sainte Croix des Neiges (3)
- Sainte-Marie, à Chagny (1)
- École Ozanam de Limoges (4)
- École Saint-Genès de Bordeaux (1)
- École Saint-Pierre-Fourier (Collège Saint-Maur) (1)
- École Sainte-Marie à Quimper, dite le Likès (1)