Violences sexuelles : "Je demande à l'Église de me donner accès au dossier du prêtre qui m'a agressé"

C'est difficile, à 43 ans, de se prendre son passé en pleine figure. Pour tenir, j'ai besoin de rassembler des faits sur cet homme. Est-ce qu'il existait d'autres victimes ? Et pour quelles raisons avait-il quitté son diocèse ? Ces réponses se trouveraient peut-être dans son « dossier ». Ce document, conservé dans le diocèse d'origine de chaque prêtre, pourrait contenir des informations, des signalements, permettant de prouver à mes parents, que mon traumatisme n'était pas une affabulation de ma part.

[…]

Face à moi, il n'y avait aucune « grâce », seulement une organisation, faisant valoir son droit à ne pas transmettre les informations dont elle dispose. Sans procédure judiciaire de ma part, l'Église n'a effectivement aucune obligation légale de me laisser consulter les archives en sa possession. C'est pourquoi je réitère ma demande, et celle de mon frère, en la rendant publique. Et je demande solennellement à l'Église de mettre en place un protocole, permettant aux victimes de violences sexuelles par des membres du clergé, de pouvoir consulter les archives ou les dossiers relatifs aux auteurs de ces violences.

Il ne s'agit pas d'une obligation légale, mais d'un devoir moral et spirituel. Dans le cas contraire, l'écoute empathique ne serait qu'un artifice, visant à contenir les plaintes, les larmes et les peines, afin d'en limiter les effets pour l'institution de l'Église. Pourtant, on trouve dans l'Evangile de Jean, cette phrase magnifique qui ne me lâche pas : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libre. »

Libération