Miviludes : Rapport d'activité 2022-2024

Festival Agapé

La fondation : Marie-Dominique Philippe et Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve

Le festival a été créé en 1992 par le père Marie-Dominique Philippe 🡵 🡵 avec le {{ tag-link « père Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve » }} 🡵. Jusqu'à son décès en 2006, le père Marie-Dominique Philippe restera dans le cercle restreint du festival, célébrant une messe et donnant une conférence à chaque édition 🡵.

Par la suite, le festival est aussi un moyen d'entretenir la mémoire de son fondateur, le Père Marie-Dominique Philippe, en faisant fi de la gravité des actes pourtant reconnue par le Vatican. Dans le livre Epiphanies de beauté. Artistes en entretiens, édité à Genève par Slatkine en 2015, Benoît Peltereau-Villeneuve interroge sept artistes ayant développé des liens particulièrement étroits avec le festival – trois sont invités cette année. C'est le cas du musicien Jean Tubéry qui y déclare: « Le Père Philippe est un exemple de vie pour les générations qui ont eu la chance de le côtoyer. » Pour sa part, le metteur en scène Jean-Luc Jeener affirme: « J'ai eu le bonheur particulier de rencontrer le Père Philippe deux ou trois fois. » 🡵

Des artistes contestables

Dans les artistes invités à l'édition 2025 (finalement annulée), se trouvent :

• Jean-Luc Jeener qui a publié en 2014 Pédophilie, une pièce décrivant des actes pédophiles. Cette pièce était d'ailleurs dédiée à son ami le comédien Hubert Morel (dit Bob Morel) 🡵 qui fut l'instigateur du premier réseau de pédocriminalité en ligne, sur minitel. Il aurait également organisé et photographié des agressions et des viols sur mineurs 🡵.
• Jean Tubéry : condamné en 2024 à 6 mois de prison avec sursis par le Tribunal correctionnel de Sens, dans l'Yonne, pour avoir tenu des « propos à connotation sexuelle imposés de manière répétée » dans le cadre d'une position d'autorité. Jean Tubéry est cependant annoncé à la Rochelle 🡵 et il a participé à plusieurs éditions précédentes.

L'extension du festival dans plusieurs lieux

En fonction des opportunités, le festival initialement lancé à Genève se déploie ensuite dans plusieurs lieux. Par exemple, en 2013, alors qu'il est accueilli par la branche dissidente des Frères de Saint-Jean, Verbum Spei, le père Benoît-Emmanuel fonde à Saltillo une ramification du Festival Agapé 🡵.

Le festival interdit à Genève

En 2023, suite au renvoi de l'état clérical du père Benoît-Emmanuel, Mgr Charles Morerod, évêque du diocèse de Genève, Lausanne et Fribourg interdit la tenue du festival dans les églises de son diocèse. Pour cette raison, l'édition 2023 a eu lieu principalement à la Salle Frank-Martin, au temple de Carouge ou à l'église Sainte-Croix, deux édifices protestants 🡵.

Lors de cet événement, le Père Benoît-Emmanuel se présente comme prêtre, ignorant son renvoi de l'état clérical 🡵 et prononce régulièrement des discours à la fin des concerts 🡵.

Après cette édition, Mgr Charles Morerod parvient à interdire le festival dans toutes les églises genevoises (catholiques et protestantes) pour éviter toute ambiguïté, Benoît-Emmanuel se présentant encore comme prêtre 🡵.

Pour l'édition suivante (en 2025) ne pouvant plus être accueilli dans les églises genevoises, le festival est organisé dans une salle du Collège Calvin et sur la scène de la Salle Frank-Martin. Mais quelques jours avant le début du festival, l'État de Genève annule la location « Considérant que les faits allégués semblent solides et admis par nos institutions religieuses, il est aujourd'hui impossible pour l'État de Genève de permettre, en toute connaissance de cause, la tenue de ce festival dans des bâtiments publics alors même qu'il en a été exclu des murs des Églises catholique romaine et protestante de Genève et ce pour de graves motifs. » 🡵.

Voir aussi :

• Communauté Saint-Jean (27)
• Père Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve (2)

Riaumont

Riaumont, de quoi parle t-on ?

L'Institut Sainte-Croix de Riaumont

L'Institut Sainte-Croix de Riaumont, de spiritualité bénédictine, a été fondée en 1958 par le père Albert Revet (1917-1986) sur la colline de Riaumont dans le Pas-de-Calais 🡵. Les prêtres célèbrent la liturgie en latin, dans la forme extraordinaire du rite romain 🡵. L'institut compte en moyenne une dizaine de religieux tout au long de son existence 🡵.

En 1991, saint Jean Paul II reconnaît l'Institut Sainte-Croix de Riaumont 🡵.

D'un point de vue spirituel, l'Institut Sainte-Croix est rattaché à l'abbaye Notre-Dame de Fontgombault (Indre) 🡵 : les prêtres sont oblats réguliers de l'Abbaye de Fontgombault.

D'un point de vue canonique, il est difficile de savoir si l'Institut Sainte-Croix de Riaumont relève du droit diocésain (donc de l'évêché d'Arras) ou du droit pontifical, avec dans ce cas un rattachement direct au Vatican. Malgré des investigations, Ixchel Delaporte n'est pas parvenue dans son livre à obtenir de réponse définitive (elle explique ses démarches aux pp. 352 à 356). On notera que :

• La page d'accueil du site internet de l'institut indique que ce dernier est « Reconnu canoniquement par le pape Jean-Paul II » 🡵, ce qui n'aide pas à connaître son statut canonique exact.
• Mgr Jean-Paul Jaeger, évêque d'Arras de 1998 à 2020, affirmait en 2018 n'avoir aucune « responsabilité quelconque » sur la communauté 🡵, ce qui semble indiquer un rattachement direct au Vatican, comme le revendiquent les membres de l'Institut Sainte-Croix de Riaumont.
• Selon le diocèse d'Arras, l'actuel père abbé de l'abbaye de Fontgombault Jean Pateau « a autorité sur les religieux de Riaumont » 🡵.

Le village d'enfants

• 1960 Fondation du village d'enfants par le père Albert Revet dans le bois de Riaumont à Liévin, avec une pédagogie inspirée du scoutisme. Les enfants accueillis étaient placés par des juges, certains pour actes de délinquance mais beaucoup suite à des dysfonctionnements familiaux. L'objectif était de les « sauver » en les réformant 🡵. Les enfants sont alors scolarisés à l'école publique du village .
• 1979 Trois juges de Béthune reçoivent une lettre détaillée d'une professeur de français. Après des auditions, ces juges écrivent un rapport alarmant. Mais il est enterré au niveau de la Préfecture et du ministère de la Justice, qui continuent donc à envoyer des enfants à Riaumont 🡵.
• 1982 Suite aux alertes lancées par l'enseignante, l'agrément ministériel est retiré 🡵 et le village d'enfants ne peut plus accueillir d'enfants placés par la DDASS 🡵.
• 1983 Le village continue à accueillir de manière illégale des enfants venus des boat people, vietnamiens, laotiens, mais aussi des enfants placés toujours par la DDASS sans aucune légitimité administrative. Il commence également à accueillir une poignée d'enfants confiés par leurs parents 🡵.
• 1989 Création d'un établissement privé hors contrat accueillant les enfants directement envoyés par leur famille 🡵.
• 2019 Fermeture administrative de l'école 🡵 suite aux informations judiciaires des années 2010. Ouverture à de jeunes majeurs (garçons de 18 à 25 ans) comme lieu de vie et d'accueil 🡵.
• 2025 Un arrêté préfectoral interdit les séjours courts de mineurs au village d'enfants de Riaumont 🡵.

Scouts et Guides de Riaumont

Il existe plusieurs unités des Scouts et Guides de Riaumont, listées sur le site internet du village de Riaumont. Ces unités sont basées à Riaumont (plus exactement Liévin), et également à Fontgombault et à Paris.

En 2025, l'Association des scouts et guides de Riaumont a l'interdiction d'organiser des camps dans toute la France 🡵.

À Riaumont, se trouve également

• Un mémorial national des scouts morts pour la France 🡵.
• Un centre de documentation sur le scoutisme baptisé « laboratoire scout » 🡵.

Affaires judiciaires

• 2001 Une grand-mère dépose plainte pour signaler les sévices subis par son petit-fils", qui « s'est suicidé quelques semaines plus tard » 🡵. Un non-lieu est finalement prononcé 🡵.
• 2010 À la faveur d'une dénonciation pour violences, en 2010, que le parquet de Béthune lance les premières investigations autour du village d'enfants de Riaumont 🡵.
• 2013 Première plainte pour des faits de violences physiques et sexuelles 🡵. Une enquête est ouverte. Elle marque le départ de ce qui va suivre.
• 2014 Ouverture de trois informations judiciaires : une première pour « viols aggravés et agressions sexuelles aggravées sur mineur de 15 ans », une deuxième pour « viols aggravés et agressions sexuelles aggravées sur mineur de 15 ans commis par un mineur » et une troisième pour « maltraitance sur mineurs de 15 ans » 🡵.
• 2017
  • Ouverture d'une quatrième information judiciaire pour des faits de « détention et consultation de fichiers à caractère pédopornographique » 🡵. Le père prieur d'alors, Alain Hocquemiller, est mis en examen après la découverte d'images pédopornographiques dans son ordinateur 🡵 et part dans un monastère près de Toulouse 🡵 avant de revenir plus tard à Riaumont 🡵.
  • Une inspection pédagogique est diligentée 🡵.
  • Un contrôle de sécurité de la préfecture du Pas-de-Calais rapporte « des observations » 🡵.
• 2018
  • Seconde inspection pédagogique 🡵.
  • Les contrôles de sécurité de la préfecture du Pas-de-Calais « n'ont pas permis d'identifier des manquements sur la sécurité publique » 🡵.
  • L'ancien prêtre-infirmier est interpellé près de Vannes (Morbihan) dans un lieu de retraite où il avait été exfiltré par la communauté, avant d'être mis en examen et écroué pour agressions sexuelles 🡵.
• 2019
  • Quatre religieux, dont deux prêtres de l'Institut de la Sainte-Croix sont mis en examen pour « violences légères » sur mineurs par personne ayant autorité 🡵.
  • Fermeture administrative de l'école 🡵.
• 2021 Une plainte est déposée pour « violences sexuelles » par un ancien pensionnaire de l'internat. Bruno Raout, au cœur d'un livre-enquête accablant de la journaliste Ixchel Delaporte paru en mars 2020, y témoigne de violences sexuelles qu'il impute à Philippe Peignot (qui a ensuite rejoint la Fraternité Saint-Pie-X où il a été sanctionné pour de nouveaux abus sexuels, avant de rejoindre la mouvance de Williamson), alors encadrant à Riaumont, à la fin des années 1970 🡵.
• 2022 Une autre plainte est déposée pour « violences sexuelles » par Djamal Fekrache contre le père Revet et un autre éducateur. La procédure n'aboutira pas : le fondateur est mort en 1986 et les faits sont prescrits vu leur ancienneté – ils remontent à la fin des années 1960. Il témoigne lui aussi dans le livre de Ixchel Delaporte.
• 2024 Dans l'affaire de la fermeture de l'école en 2019, le Conseil d'État refuse le pourvoi en cassation des plaignants, mettant fin à l'action en justice 🡵.

Affaires judiciaires : l'année 2025

Arrêtés préfectoraux

En janvier, un arrêté préfectoral interdit les séjours courts de mineurs au village d'enfants de Riaumont 🡵.

En mai, un arrêté préfectoral interdit à l'Association des scouts et guides de Riaumont d'organiser des camps dans toute la France 🡵.

Le procès du père Alain Hocquemiller

En mars, le père Alain Hocquemiller, ancien prieur de Riaumont âgé de 60 ans, est jugé pour des « faits de consultation habituelle en ligne, d'acquisition ou détention d'images pédopornographiques » 🡵.

En mai, le père Alain Hocquemiller est condamné à deux ans d'emprisonnement avec sursis pour consultation de fichiers pédopornographiques. Le tribunal correctionnel de Béthune lui a aussi interdit d'exercer une activité professionnelle en lien avec des mineurs pendant cinq ans, et a ordonné son inscription au Fichier des auteurs d'infractions sexuelles (Fijais) 🡵.

Le père compte faire appel 🡵 et détaille sur le site internet de Riaumont les « raisons d'un procès en appel ».

Suite à la condamnation du père Alain Hocquemiller, Mgr Olivier LEBORGNE, évêque d'Arras, et Dom Jean PATEAU, Père Abbé de l'Abbaye Notre-Dame de Fontgombault annoncent 🡵 :

• la poursuite de la procédure canonique (indiquant implicitement qu'une procédure canonique est en cours) ;
• le renforcement des mesures conservatoires déjà prises : le père Alain Hocquemiller avait interdiction de confesser et d'accompagner des mineurs, il a à présent interdiction de tout ministère public ;
• l'instruction d'une visite canonique extraordinaire de la communauté de Riaumont, avec deux visiteurs extérieurs qui seront nommés dans les prochains jours.

Le reportage d'Arte et Ixchel Delaporte

En avril, l'Association Notre-Dame de Riaumont

• Dépose plainte pour diffamation avec constitution de partie civile suite à la diffusion du reportage d'Arte 🡵.
• Qualifie de « Calomnies sous serment » les propos tenus par Ixchel Delaporte le 20 mars 2025 devant la commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée nationale 🡵.

Remise en cause de la commission d'enquête parlementaire

En avril, l'avocat de Riaumont dénonce « les dérives de la commission d'enquête parlementaire » et « Un simulacre d'investigation » 🡵.

Cela s'ajoute à ce que l'Association Notre-Dame de Riaumont à qualifié de « Calomnies sous serment » (voir ci-dessus) 🡵.

Une nouvelle plainte

En avril, une plainte pour des faits non prescrits est déposée. Elle vise le Père Jean Paul Argouarc'h, le Père Alain Hocquemiller et le Frère Nicolas Vercel 🡵 🡵 pour des violences sexuelles, physiques et psychologiques vers 2010 🡵.

Les Enfants martyrs de Riaumont

En 2022, Ixchel Delaporte publie Les Enfants martyrs de Riaumont. Enquête sur un pensionnat intégriste (Rouergue). Ce livre aura un très fort retentissement médiatique. Selon l'auteure, « L'univers créé par le père Revet et ceux qui ont suivi ses traces est un univers de violence et de perversion sexuelle. C'est aussi un pensionnat avec une idéologie très forte. On bourrait le crâne aux enfants, on les faisait vivre en vase clos le plus possible comme dans une secte. Leur idéologie, c'est celle de l'extrême droite catholique dans toute sa splendeur, avec des liens et des rencontres régulières avec des intégristes belges et allemands. L'idée folle étant de constituer des petits soldats du Christ prêts à repartir en croisade pour défendre l'Europe blanche et chrétienne » 🡵.

En 2024, un documentaire éponyme de Ixchel Delaporte et Remi Benichousera est diffusé sur Arte. Pour Riaumont, « ce documentaire est une horreur et une manipulation pleine de fake-news » 🡵.

Pour le livre comme pour le documentaire, Riaumont conteste vigoureusement de nombreux points développés par Ixchel Delaporte : « Les procédés journalistiques tendancieux de Madame Ixchel DELAPORTE ne favorisent pas une véritable libération de la parole des victimes. Elle étouffe les plaintes les plus authentiques sous le vacarme des calomnies haineuses » 🡵. Le site internet de Riaumont référence ce qu'ils qualifient d’« informations trompeuses » et de « stratagèmes de la désinformation ». Une vidéo est également produite pour défendre Riaumont. En avril 2025, l’ Association Notre-Dame de Riaumont dépose plainte pour diffamation avec constitution de partie civile suite à la diffusion du reportage d'Arte 🡵.

Collectif de Victimes et d'Anciens du Village d'enfants de Riaumont 🡵

Un groupe Facebook a été créé en mars 2025 et un email de contact est également disponible : cvaver@ikmail.com

Appel à Témoins : Le Village de Riaumont

Le Collectif des Anciens et Victimes du village de Riaumont lance un appel à témoins pour éclaircir les événements tragiques qui ont eu lieu dans ce village.
Si vous avez vécu à Riaumont, avez été dans le groupe scout ou avez été en contact avec le village entre 1960 et aujourd'hui, nous vous invitons à nous contacter.
Nous recherchons des témoignages sur les points suivants :
La vie quotidienne au village de Riaumont
Avez-vous été victimes ou témoins de violences physiques, morales ou sexuelles ?

Votre témoignage est essentiel pour comprendre la vérité sur ce qui s'est passé à Riaumont et que pour cela ne se reproduise plus jamais nulle part.
Contactez-nous en toute confidentialité.

Ensemble, faisons la lumière sur cette affaire!

Appel à Témoins publié sur Facebook