Communauté des Béatitudes : une vidéo fait polémique

Lettre ouverte
Une vidéo intitulée « film documentaire », publiée le 24 février sur leur site, retrace l'histoire élogieuse de la communauté des Béatitudes. Nous réagissons par cette lettre ouverte.

Nous avions proposé un délai de huit jour, et aucune réaction, ni de Mgr de Kérimel (évêque protecteur), ni des Béatitudes ne nous ont été communiquée.

OBJET : Vidéo promotionnelle de la communauté des Béatitudes

Bonjour,

Nous sommes celles et ceux que vous ne verrez pas dans la dernière vidéo du 24 février 2025 de la communauté des Béatitudes.

Celles et ceux dont, contrairement à l'année dernière où votre communauté mettait en place un « Dispositif indépendant d'accueil et de médiation » qui était chargé « d'apporter des réponses sérieuses et concrètes pour prévenir toute forme d'abus » et surtout d’« accueillir les victimes et répondre à leurs attentes de réparations », ne sont visiblement aujourd'hui plus un soucis.

Exit dans la vidéo le souhait d’« apporter une réponse à la souffrance de ces personnes dans une perspective évangélique », plus non plus de « reconnaissance, réparation, restauration » (communiqué des Béatitudes du 11/01/2024) et on oubliera bien volontiers la réconciliation qui nous semblait déjà absurde et l'est encore plus aujourd'hui !

Nous sommes donc les victimes de graves abus, parfois même de délits, voire de crimes, vécus dans la communauté.

La vidéo intitulée « Maranatha, viens, Seigneur Jésus » est une vidéo de propagande, ne mettant en valeur que ce qu'il y a de « positif » dans l'histoire communautaire" et faisant complètement l'impasse sur les problèmes récurrents de gouvernance, et les abus divers dont nous avons été victimes.

Plus inique encore, dès le début de la vidéo à 3mn 30s concernant l'histoire de la communauté il est dit : « Au début on avait besoin d'une radicalité, parfois excessive avec des maladresses, mais qui étaient nécessaires pour poser les fondations » « Le Seigneur bâtissait la maison, c'est Lui qui construisait la communauté, qui construisait les relations, qui nous apprenait à vivre ensemble »

La « radicalité » et les « maladresses » des débuts, ce sont les différents abus de gouvernement et d'autorité, les abus de confiance, les exigences financières non respectueuses, le non-respect des différents états de vie, les pratiques psycho-spirituelles, le mélange du « for interne et du fort externe » qui se comprend comme une manipulation et une emprise sur les personnes, les abus spirituel et sexuels… Ce qui a été reconnus du bout des lèvres dans le communiqué de presse de novembre 2011 où « la communauté des Béatitudes (…) reconnaît ses erreurs passées et s'engage à tout faire, au cœur de l'Église et sous sa conduite, pour que de telles dérives ne se reproduisent plus » avec des changements importants, une demande de refondation et avec l'exclusion du fondateur agresseur.

Et dans la vidéo non seulement il n'est plus question du travail de réorganisation et de refondation, ni des délits de certains avec des plaintes en cours notamment pour la maison d'Autrey, mais cette radicalité « excessive et ses maladresses » étaient « nécessaires », et « on (en) avait besoin » !!! Par ailleurs c'était voulu par DIEU, lui-même.

C'est un recul plus de 20 ans auparavant quand on apprenait sans sourciller dans l'introduction à la règle donnée par Gérard Croissant, Ephraïm, que : « la règle de la communauté a été donné par le Seigneur », « Cette grâce est toujours présente et elle t'est donné aujourd'hui » « un don de Dieu auquel tu es invité à t'abandonner totalement(…) une grâce préexistante à la fondation de la communauté » (page 3 de l'introduction à la règle).

Donc nous, victimes, constatons qu'aujourd'hui dans cette vidéo, la communauté est à nouveau dans le déni, et même plus dans une toute puissance que nous n'avions pas vu depuis des lustres !

La communauté n'a peur de rien ni de personne et semble totalement intouchable, en plus d'être très satisfaite d'elle-même !

Quel est l'intérêt du Dispositif Indépendant DIAM, si finalement vous n'avez plus rien à vous reprocher que des « excès et des maladresses » et encore « nécessaires et voulues par Dieu » ?

Nous collectif de victimes des Béatitudes demandons instamment le retrait de cette vidéo qui est une insulte et une négation de ce que nous avons vécus de destructeur dans la communauté des Béatitudes.

Des excuses pour le trouble qu'une telle vidéo vient infliger à des victimes qui n'en ont vraiment pas besoin.

Par ailleurs, un point sur la prise en charge des victimes par le DIAM serait nécessaire. Car notre collectif sait qu'un certain nombre de victimes l'ont quitté se sentant maltraitées par les délais, le fonctionnement opaque et les demande de confidentialité, qui même si elles ne sont pas illégales, peuvent être insupportables pour des victimes qui ont pris la parole, souvent avec beaucoup de difficultés, et se sentent ainsi à nouveau obligée de se taire pour avoir un peu d'attention de la part de leur agresseur.

De même, nous sommes toujours en attente de la commission pluridisciplinaire indépendante, visant à faire la part d'ombres et de lumières dans l'histoire de la communauté, annoncée le 8 novembre 2023.

Cette lettre ouverte vous est communiquée avant toute publication, vous permettant un droit de réponse.

Dans l'attente d'une réponse significative des responsables de la communauté et de son évêque protecteur sous huit jours, nous vous prions d'agréer l'expression de nos sentiments distingués.

Myriam Remy et Caroline Pierrot

Coordinatrices

— Lettre ouverte publiée sur le site CAV Béatitudes

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