Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon : le père Yvon L. chef d'orchestre des violences
- https://www.francetvinfo.fr/societe/education/les-archives-de-l-eveche-et-de-l-enseignement-catholique-ouvertes-aux-victimes-apres-des-revelations-de-violences-dans-un-college-prive-du-finistere_7162437.html
- https://www.la-croix.com/religion/des-anciens-eleves-d-un-college-catholique-breton-demandent-une-enquete-suite-a-des-violences-20250402
- https://www.francebleu.fr/emissions/l-info-d-ici-ici-breizh-izel/il-etait-naturellement-violent-le-pere-l-chef-d-orchestre-des-violences-dans-l-ex-college-du-relecq-kerhuon-8959968
Au total, 155 anciens élèves de l'établissement ont dénoncé des sévices des années 1960 aux années 1980, infligés par leurs professeurs et orchestrés, selon eux, par le directeur de l'établissement de l'époque, le père L 🡵.
Le parquet de Brest a reçu, mercredi 2 avril 2025, une cinquantaine de témoignages d'anciens élèves du collège Saint-Pierre de Relecq-Kerhuon dans le Finistère, faisant état de violences commises entre 1962 et 1996. Les plaignants espèrent l'ouverture d'une enquête malgré l'ancienneté des faits 🡵.
Le soixantenaire était interrogé par la Commission d'enquête parlementaire sur le contrôle par l'État des violences à l'école : « Consciencieusement, méticuleusement, ils ont massacré toute une population d'innocents. On nous a cassé. Et c'était un système violent qui reposait sur un homme : le père L. Qui a été couvert par le diocèse, je n'arrive pas à l'imaginer autrement. »
Le directeur recrutait des professeurs très jeunes, très peu diplômés, avec seulement le bac parfois, selon des documents du diocèse de Quimper que nous avons pu consulter.
Après les révélations, l'église a ouvert dans le Finistère ses archives au collectif de victimes. Le but étant de comprendre « comment on a pu en arriver là », s'interroge le directeur diocésain de l'Enseignement catholique du département. « Tout laisse à penser qu'il y a bien eu un système de violence orchestré par le père L. », poursuit Christophe Geffart, le directeur diocésain. Aucun signalement n'a jamais été fait, assure l'église.
Informations complémentaires
Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon
- https://www.letelegramme.fr/finistere/relecq-kerhuon-29480/cetait-la-terreur-deux-anciens-eleves-visent-ce-college-finisterien-6767557.php
- https://www.diocese-quimper.fr/tous-les-communiques/condamnation-des-violences-survenues-dans-lancien-college-saint-pierre-au-relecq-kerhuon/
- https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/culture-de-l-info/l-enseignement-catholique-destabilise-par-les-accusations-de-violences-en-son-sein-6618343
- https://www.francebleu.fr/emissions/l-info-d-ici-ici-breizh-izel/il-etait-naturellement-violent-le-pere-l-chef-d-orchestre-des-violences-dans-l-ex-college-du-relecq-kerhuon-8959968
- https://www.leparisien.fr/societe/religions/abus-dans-les-ecoles-catholiques-le-crabe-pere-argouarch-ils-nont-toujours-pas-ete-eloignes-des-enfants-18-04-2025-WHWAWDIQZVCYPPUSZOKFRCIWCQ.php
- https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/04/02/d-anciens-eleves-victimes-de-violences-au-college-catholique-breton-saint-pierre-saisissent-la-justice_6590018_3224.html
- https://www.liberation.fr/checknews/taloches-dans-la-tronche-coups-de-poing-les-anciens-eleves-du-college-catholique-saint-pierre-deposent-50-temoignages-contre-leurs-enseignants-20250402_Z7V5CJIJ7VDRNE4HXI2WWNABI4/
- https://www.ouest-france.fr/faits-divers/violences/qui-est-le-pere-l-directeur-de-lex-college-breton-mis-en-cause-par-50-eleves-pour-sa-brutalite-7b943496-fc19-11ef-84e6-97a4d0833d6d
Le Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon, est devenu mixte en 1985. Il a disparu à la fin des années 80 dans la fusion avec l'école Notre-Dame pour devenir Saint-Jean-de-la-Croix 🡵.
Le collectif Saint-Pierre accuse notamment le diocèse de Quimper et Léon d'avoir couvert ces violences durant des décennies. Le diocèse a fini par publier un communiqué 🡵 où il reconnaît, « pleinement la douleur et la souffrance des victimes » 🡵.
Au cœur des accusations : le père Yvon L. « Il pratiquait la violence avec une régularité et une nonchalance tout à fait stupéfiante », selon une victime 🡵.
Joël Barusseau est également mis en cause 🡵.
Les anciens élèves, qui se surnomment entre eux « les bagnards », ont déposé au parquet un dossier de 50 témoignages écrits, relatant des faits de violences commis entre 1962 et 1996 par les enseignants de ce collège catholique 🡵 🡵.
Le collectif Saint-Pierre
collectifsaintpierrekerhuon@yahoo.com 🡵
Voir aussi :
Diocèse de Quimper et Léon
- https://www.diocese-quimper.fr/
- https://eglise.catholique.fr/guide-eglise-catholique-france/structure/diocese-quimper/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Dioc%C3%A8se_de_Quimper_et_L%C3%A9on
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_Guillon
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Le_Vert
- https://eglise.catholique.fr/guide-eglise-catholique-france/personne/mgr-laurent-dognin/
Derniers évêques
- 1989–2007 : Mgr Clément Guillon 🡵
- 2007–2015 : Mgr Jean-Marie Le Vert 🡵
- Depuis 2015 : Mgr Laurent Dognin 🡵
Voir aussi :
Enseignement privé catholique
- https://www.ciase.fr/rapport-final/
- https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/des-excuses-quelques-annonces-et-une-promesse-de-reflexion-comment-l-enseignement-catholique-reagit-aux-temoignages-de-violences-physiques-et-sexuelles-dans-ses-etablissements_7127985.html
- https://www.la-croix.com/societe/affaire-betharram-pour-philippe-delorme-tout-ce-qui-contribue-a-lutter-contre-les-violences-est-une-bonne-chose-20250220
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr/auto-evaluation-sur-le-harcelement/
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr/plan-boussole/
- https://www.nouvelobs.com/societe/20250508.OBS103665/on-ne-peut-pas-se-contenter-de-dire-nous-sommes-une-grande-famille-la-grande-majorite-des-faits-est-derriere-nous-apres-betharram-l-enseignement-catholique-face-aux-plaintes.html
- https://enseignement-catholique.fr/campagne-stop-violences/
- https://www.la-croix.com/apres-betharram-l-enseignement-catholique-lance-une-campagne-stop-violences-20250502
Les chiffres documentés par la CIASE
Dans son rapport paru en 2021, la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l'Église catholique (Ciase) a estimé à 330 000 le nombre de victimes entre 1950 et 2020. Près d'un tiers (30%) des faits ont eu lieu dans les établissements et internats scolaires, « premier lieu des violences sexuelles » contre les mineurs au sein de l'Église. Les victimes sont très majoritairement (83%) des garçons, âgés pour la plupart (62%) de 10 à 13 ans. Les sévices sexuels s'inscrivent « dans un continuum de violences pédagogiques », relève aussi la Ciase.
D'après les chiffres de la Ciase, il y aurait donc eu presque 100 000 victimes dans les établissements et internats scolaires en lien avec l'Église.
« Cette loi de l'omerta était générale » dans la société, assure l'évêque de Bayonne [Mgr Aillet]. « Dans les congrégations religieuses, qui jouent un rôle important dans l'enseignement catholique, la culture du silence, inhérente à l'Église, est redoublée du fait de l'obéissance due au supérieur, et d'une culture corporatiste qui incite à garder le silence au sein de la communauté et à protéger ses membres », nuance l'historienne Agnès Demazières. « Ces congrégations exercent aussi une force d'attraction sur des personnalités perverses du fait de ce climat de silence et d'un accès facile à des enfants et des personnes vulnérables », avance la spécialiste de l'histoire du christianisme, autrice de Sans loi ni foi : Prêtres et violences sexuelles. Au cœur du système catholique.
Actions récentes mises en place
Le programme de protection des publics fragiles (3PF)
Depuis 2018, l'enseignement catholique a mis en place le « 3PF », le « programme de protection des publics fragiles ». C'est un dispositif visant la prévention et la lutte contre toute forme de maltraitance, que ce soit le harcèlement, les violences, les abus au sein des établissements scolaires, en mettant à leur disposition des ressources, des éléments juridiques, des outils de discernement et d'action… 🡵.
Le site internet du 3PF propose :
- Des livrets d'information
- Livret 1 : De la lutte contre la maltraitance à la bientraitance éducative
- Livret 2 : La bientraitance éducative
- Recueillir la parole de l'enfant témoin ou victime
- Être à l'écoute - créer des dispositifs d'écoute
- Secret professionnel, discrétion professionnelle, devoir de réserve, confidentialité
- Procédures en matière de protection des mineurs
- Des grilles d'auto-évaluation sur le harcèlement pour les élèves
- Le plan boussole : un processus de discernement et d'action du 3PF. Il peut être mis en place dans les établissements pour faire progresser la culture de la bientraitance éducative.
Un dispositif 3PF pour « programme de protection des publics fragiles » a été lancé par le Sgec. Sur le papier, il est ambitieux (si l'on oublie sa dénomination problématique qui associe le risque d'exposition aux violences à une fragilité préalable). Les conditions de recueil de la parole y sont détaillées, et les risques de maltraitance par une personne détenant l'autorité ouvertement évoqués. Ce n'est pas du tout le cas dans le public, où la question de l'adulte dysfonctionnel reste un impensé, absent du site du ministère et des formations prodiguées aux personnels. Sur le terrain, toutefois, les choses sont plus compliquées. Le Sgec, qui ne dispose que d'un simple pouvoir d'animation et de proposition, est incapable de s'avancer sur la mise en œuvre effective du fameux 3PF, au point de lancer une campagne de communication auprès des parents pour le faire connaître. C'est que l'enseignement catholique est un parfait négatif de l'enseignement public : si le second souffre de son hypercentralisation, le premier se singularise par la très grande autonomie de ses établissements.
La campagne « Stop Violences »
La campagne « Stop Violences » a été lancée le vendredi 2 mai 2025. C'est une campagne d'information et de sensibilisation sur les violences en milieu scolaire dans tous ses établissements, après le scandale de Notre-Dame de Bétharram qui a entraîné une libération de la parole sur le sujet. La campagne « Stop violences » a pour objectif d’« amplifier l'information et renforcer l'implication de tous les acteurs de l'école » sur ce sujet, a indiqué le Secrétariat général de l'enseignement catholique dans un communiqué 🡵.
Voir aussi :
- Abbaye-école de Sorèze (1)
- Collège de Combrée (3)
- Collège de l’Annonciation, à Seilh (1)
- Collège Richelieu à La-Roche-sur-Yon (1)
- Collège Saint François-Xavier d'Ustaritz (3)
- Collège Saint-Michel à Bruxelles (fiche uniquement)
- Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon (4)
- Dominicaines du Saint Nom de Jésus (2)
- Institution Paul Mélizan (1)
- Institution Saint-Dominique de Neuilly (5)
- Institution Saint-Pierre, à Saint-Pé-de-Bigorre (2)
- L'Immaculée Conception de Pau (fiche uniquement)
- Notre Dame de Garaison (6)
- Notre-Dame de Bétharram (38)
- Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon (2)
- Notre-Dame-de-Sion (1)
- Père Raymond Mélizan (1)
- Sainte Croix des Neiges (3)
- Sainte-Marie, à Chagny (1)
- École Ozanam de Limoges (6)
- École Saint-Genès de Bordeaux (1)
- École Saint-Pierre-Fourier (Collège Saint-Maur) (1)
- École Sainte-Marie à Quimper, dite le Likès (1)
- Établissement scolaire Stanislas (7)
Père Yvon L
- https://www.francebleu.fr/emissions/l-info-d-ici-ici-breizh-izel/il-etait-naturellement-violent-le-pere-l-chef-d-orchestre-des-violences-dans-l-ex-college-du-relecq-kerhuon-8959968
- https://www.ouest-france.fr/faits-divers/violences/qui-est-le-pere-l-directeur-de-lex-college-breton-mis-en-cause-par-50-eleves-pour-sa-brutalite-7b943496-fc19-11ef-84e6-97a4d0833d6d
Parcours du père Yvon L. 🡵
- 1950 Arrivé au Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon 🡵.
- juillet 1961 Directeur du collège jusqu'à son départ 🡵.
- juin 1977 Nommé dans une paroisse à une quarantaine de minutes du Relecq-Kerhuon 🡵 au Conquet 🡵.
- 2004 Décès 🡵.
« Le père L. exerçait la violence de façon continuelle. Il courait dans la cour et frappait, sans raison », relate Frédéric B., qui se rappelle aussi de longues files d'attente pour aller se confesser. « Une fois, je l'ai entendu hurler dans son confessionnal, saisir l'élève et lui péter la gueule, jusqu'à briser son arcade sourcilière. Il avait du sang sur les mains. »