Collège de Combrée : "Tous les ans, il changeait d'enfant"
Deux anciens élèves du collège de Combrée, établissement privé d'enseignement catholique du Maine-et-Loire, témoignent des agressions sexuelles dont ils auraient été victimes à la fin des années 1980 de la part du Préfet de discipline, qui se faisait appeler « Le Chef ».
C'est dans cette ambiance austère qu'un homme, Préfet de discipline, se détachait du lot en proposant aux élèves des activités récréatives, de quoi s'affranchir de la rigidité de l'institut.
Des moments de liberté, autour d'un ballon de football, de soirées cinéma, de conférences. L'homme avait même créé une télévision dans l'enceinte du collège, Télé Brecom, où les élèves présentaient leur journal, suivi d'un débat. Du pain béni pour ces adolescents, qui vouaient une admiration sans bornes à cet homme qui dégageait une certaine aura et qui se faisait appeler « Le Chef ».
— France3
Informations complémentaires
Collège de Combrée
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/maine-et-loire/angers/violences-sexuelles-dans-un-ancien-college-catholique-une-premiere-victime-porte-plainte-pour-viol-contre-un-surveillant-3132682.html
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/maine-et-loire/tous-les-ans-il-changeait-d-enfant-deux-anciens-eleves-denoncent-des-agressions-sexuelles-dans-un-etablissement-catholique-du-maine-et-loire-3125554.html
- https://www.facebook.com/groups/collegecombree/
Le préfet de discipline dit « Le Chef »
Si une partie des faits se sont déroulés à l'extérieur de l'établissement, lors de camps de vacances que l'homme organisait à sa propre initiative, d'autres se seraient passés à l'intérieur du collège, le week-end, pour réaliser des films avec les pensionnaires pour Télé Brecom 🡵.
- 1994 Départ du Préfet de discipline de l'institution pour « créer ma propre famille et élever mes enfants en prenant une responsabilité uniquement administrative sans investissement direct » 🡵.
- 1996 Le successeur du préfet de discipline alerte la gendarmerie de Pouancé (Maine-et-Loire) suite aux déclarations d'un ancien élève, en pleur, qui aurait subi des agressions sexuelles de la part de l'homme en question 🡵.
- 1997 Une enquête judiciaire est ouverte et les gendarmes procèdent à l'audition d'une centaine d'élèves. Il semble que cela n'aurait pas donné lieu à des poursuites judiciaires 🡵.
- 2005 Fermeture du collège de Combrée 🡵.
- 2016 Dépôt de plainte de la part d'Estelle, classée sans suite, les faits étant prescrits 🡵.
- 2018 Dépôt de plainte de la part de Coralie, classée sans suite, les faits étant prescrits 🡵.
- 2019 Dépôt de plainte de la part de François, classée sans suite, les faits étant prescrits (ils s'étaient produits en 1989, lors d'un camp qu'il dirigeait). Pour la première fois, un témoignage est rendu public 🡵 🡵.
- 2025
Pour témoigner
L'Amicale des anciens élèves de Combrée a décidé, en assemblée générale, de créer une adresse mail dédiée pour recueillir d'éventuels témoignages 🡵 : signalement-abus@amicalecombree.fr
Une page Facebook, « Combrée beach », rassemble de nombreux témoignages.
A propos de l'enseignement privé catholique
- https://www.ciase.fr/rapport-final/
- https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/des-excuses-quelques-annonces-et-une-promesse-de-reflexion-comment-l-enseignement-catholique-reagit-aux-temoignages-de-violences-physiques-et-sexuelles-dans-ses-etablissements_7127985.html
Les chiffres documentés par la CIASE
Dans son rapport paru en 2021, la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l'Église catholique (Ciase) a estimé à 330 000 le nombre de victimes entre 1950 et 2020. Près d'un tiers (30%) des faits ont eu lieu dans les établissements et internats scolaires, « premier lieu des violences sexuelles » contre les mineurs au sein de l'Église. Les victimes sont très majoritairement (83%) des garçons, âgés pour la plupart (62%) de 10 à 13 ans. Les sévices sexuels s'inscrivent « dans un continuum de violences pédagogiques », relève aussi la Ciase.
D'après les chiffres de la Ciase, il y aurait donc eu presque 100 000 victimes dans les établissements et internats scolaires en lien avec l'Église.
« Cette loi de l'omerta était générale » dans la société, assure l'évêque de Bayonne [Mgr Aillet]. « Dans les congrégations religieuses, qui jouent un rôle important dans l'enseignement catholique, la culture du silence, inhérente à l'Église, est redoublée du fait de l'obéissance due au supérieur, et d'une culture corporatiste qui incite à garder le silence au sein de la communauté et à protéger ses membres », nuance l'historienne Agnès Demazières. « Ces congrégations exercent aussi une force d'attraction sur des personnalités perverses du fait de ce climat de silence et d'un accès facile à des enfants et des personnes vulnérables », avance la spécialiste de l'histoire du christianisme, autrice de Sans loi ni foi : Prêtres et violences sexuelles. Au cœur du système catholique.
Voir aussi :
- Abbaye-école de Sorèze (1)
- Collège de Combrée (2)
- Collège Richelieu à La-Roche-sur-Yon (1)
- Collège Saint François-Xavier d'Ustaritz (2)
- Collège Saint-Michel à Bruxelles (fiche uniquement)
- Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon (3)
- Etablissement scolaire Stanislas (5)
- Institution Paul Mélizan (1)
- Institution Saint-Dominique de Neuilly (4)
- Institution Saint-Pierre, à Saint-Pé-de-Bigorre (2)
- L'Immaculée Conception de Pau (fiche uniquement)
- Notre Dame de Garaison (5)
- Notre-Dame de Bétharram (36)
- Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon (2)
- Notre-Dame-de-Sion (1)
- Père Raymond Mélizan (1)
- Sainte Croix des Neiges (3)
- Sainte-Marie, à Chagny (1)
- École Ozanam de Limoges (4)
- École Sainte-Marie à Quimper, dite le Likès (1)