Assemblée plénière : élection du nouveau secrétaire général du Secrétariat général de l'enseignement catholique
- https://www.la-croix.com/societe/violences-sexuelles-l-action-de-lenseignement-catholique-mise-en-cause-par-des-deputes-20250402
- https://cafepedagogique.net/2025/04/03/vers-un-apres-betharram-dans-lenseignement-catholique/
- https://www.humanite.fr/societe/enseignement-prive/affaire-betharram-comment-lenseignement-catholique-se-dedouane-de-ses-responsabilites-devant-la-commission-denquete-parlementaire
- https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/04/04/violences-sexuelles-dans-l-eglise-le-dispositif-de-suivi-des-victimes-adultes-decoit_6591146_3224.html
- https://www.la-croix.com/religion/enseignement-catholique-le-nouveau-cap-des-eveques-20250404
Philippe Delorme : une fin de mandat dans la tourmente
Élu à la tête de l'enseignement catholique par les évêques en 2018, Philippe Delorme a donc répondu durant deux heures aux questions nourries et parfois offensives sur les contrôles des établissements catholiques, les révélations de violences qui s'enchaînent depuis quelques mois, ou encore sur la mise en œuvre du nouveau programme d'éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité (Evars).
— La Croix
« Beaucoup d'écrits que vous avez signés contredisent les déclarations que vous faites aujourd'hui » souligne le co-rapporteur, citant un courrier de Philippe Delorme adressé à la DAF du Ministère de l'Éducation nationale, le service en charge du privé sous contrat.
C'est un courrier envoyé le 29 novembre 2024 par Philippe Delorme à la direction des affaires financières (DAF) du ministère, qui a de fait la tutelle du privé, qui a monopolisé une grande partie des échanges. On y découvre que le Sgec avait été consulté, cette fois, sur le guide du contrôle des établissements privés sous contrat, en cours d'élaboration. Dans sa réponse, le Sgec qualifiait entre autres ce texte de « manuel de l'inquisiteur ».
Dans ce guide composé de huit fiches thématiques, il se permettait de demander la suppression pure et simple de deux d'entre elles : celle sur la vie scolaire (portant notamment sur l'obligation d'affichage de la devise républicaine et du numéro d'appel 119 pour l'enfance en danger, sur les règles des conseils de discipline ou le contrôle des internats), et celle sur le non-respect des obligations du contrat d'association – pouvant éventuellement déboucher sur la rupture de celui-ci. Troublant, de la part de qui n'a « rien à cacher ».
Mais Philippe Delorme a réponse à tout : tantôt il invoque la loi Debré, qui consacre le « caractère propre » des établissements confessionnels ; tantôt il avance « nous n'écririons plus la même chose aujourd'hui ». C'est le cas par exemple sur l'Evars (éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité) : le Sgec s'engage à l'appliquer pleinement dans les établissements, et même à « combattre » les associations – souvent proches des milieux catholiques – qui le rejettent.
Il faut sans doute porter au crédit du Sgec – et, avant lui, de la conférence des évêques de France – d'avoir évolué sur bien des plans, devant la pression et la gravité des scandales à répétition. Mais quand Paul Vannier lui fait remarquer qu'il « peine à comprendre quelles actions concrètes ont été menées » et qu’« on ne sait pas où se trouve la responsabilité, que tout semble informel », il se donne le beau rôle en soulignant qu'il peut « avertir, alerter, vérifier que les choses bougent »… mais pas imposer.
Guillaume Prévost succède à Philippe Delorme
À l'issue de son deuxième mandat de trois ans, qui s'achèvera le 31 août, Philippe Delorme avait fait part de son souhait de voir son mandat prolongé jusqu'à son départ à la retraite, ce qui lui a été refusé 🡵.
Autre sujet de la semaine : l'enseignement catholique. Les évêques ont décidé de nommer à la tête du secrétariat chargé de la question Guillaume Prévost, un homme issu de l'enseignement public et jusqu'ici délégué général du think tank Vers Le Haut, dont la réflexion tourne autour de la façon d'améliorer l'éducation en France.
Il sera supervisé dans cette tâche par l'évêque de Nanterre, Matthieu Rougé, dont la connaissance des milieux politiques n'est plus à démontrer. Le prélat francilien succède à son collègue d'Autun, Benoît Rivière, dont la gestion du dossier de l'enseignement catholique a été remise en cause en coulisse par nombre de ses collègues. Ces deux nominations sont le signe clair d'une reprise en main du sujet par une Église catholique dont beaucoup de membres étaient remontés contre l'actuel secrétaire général de l'enseignement catholique, Philippe Delorme.
« Il faudra qu'on encourage sérieusement une révision de la façon dont nous travaillons en église avec l'enseignement catholique », avait déclaré, jeudi, le cardinal Jean-Marc Aveline, nouveau président de la CEF. « La situation actuelle montre qu'on peut mieux faire » et, donc, « doit mieux faire », a-t-il ajouté avant de reconnaître : « C'est une responsabilité commune qui nous incombe. Nous serions en tort si nous ne le faisions pas. » Pour l'Église, le sujet des violences commises au sein de l'enseignement catholique risque d'être une bombe dont les déflagrations se feront sentir pendant plusieurs années.
— Le Monde
La lutte contre les violences sexuelles sera l'une des priorités du nouveau tandem, qui aura pour tâche de tirer les enseignements du rapport Sauvé pour l'enseignement catholique. « C'est incompréhensible qu'il ne se soit rien passé dans l'enseignement catholique après le rapport de la Ciase », lâche un évêque de la moitié nord de la France. Le rapport, publié en 2021, pointait pourtant les violences perpétrées dans les établissements scolaires catholiques.
— La Croix
Informations complémentaires
Enseignement privé catholique
- https://www.ciase.fr/rapport-final/
- https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/des-excuses-quelques-annonces-et-une-promesse-de-reflexion-comment-l-enseignement-catholique-reagit-aux-temoignages-de-violences-physiques-et-sexuelles-dans-ses-etablissements_7127985.html
- https://www.la-croix.com/societe/affaire-betharram-pour-philippe-delorme-tout-ce-qui-contribue-a-lutter-contre-les-violences-est-une-bonne-chose-20250220
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr/auto-evaluation-sur-le-harcelement/
- https://prevention-harcelement.enseignement-catholique.fr/plan-boussole/
- https://www.nouvelobs.com/societe/20250508.OBS103665/on-ne-peut-pas-se-contenter-de-dire-nous-sommes-une-grande-famille-la-grande-majorite-des-faits-est-derriere-nous-apres-betharram-l-enseignement-catholique-face-aux-plaintes.html
- https://enseignement-catholique.fr/campagne-stop-violences/
- https://www.la-croix.com/apres-betharram-l-enseignement-catholique-lance-une-campagne-stop-violences-20250502
Les chiffres documentés par la CIASE
Dans son rapport paru en 2021, la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l'Église catholique (Ciase) a estimé à 330 000 le nombre de victimes entre 1950 et 2020. Près d'un tiers (30%) des faits ont eu lieu dans les établissements et internats scolaires, « premier lieu des violences sexuelles » contre les mineurs au sein de l'Église. Les victimes sont très majoritairement (83%) des garçons, âgés pour la plupart (62%) de 10 à 13 ans. Les sévices sexuels s'inscrivent « dans un continuum de violences pédagogiques », relève aussi la Ciase.
D'après les chiffres de la Ciase, il y aurait donc eu presque 100 000 victimes dans les établissements et internats scolaires en lien avec l'Église.
« Cette loi de l'omerta était générale » dans la société, assure l'évêque de Bayonne [Mgr Aillet]. « Dans les congrégations religieuses, qui jouent un rôle important dans l'enseignement catholique, la culture du silence, inhérente à l'Église, est redoublée du fait de l'obéissance due au supérieur, et d'une culture corporatiste qui incite à garder le silence au sein de la communauté et à protéger ses membres », nuance l'historienne Agnès Demazières. « Ces congrégations exercent aussi une force d'attraction sur des personnalités perverses du fait de ce climat de silence et d'un accès facile à des enfants et des personnes vulnérables », avance la spécialiste de l'histoire du christianisme, autrice de Sans loi ni foi : Prêtres et violences sexuelles. Au cœur du système catholique.
Actions récentes mises en place
Le programme de protection des publics fragiles (3PF)
Depuis 2018, l'enseignement catholique a mis en place le « 3PF », le « programme de protection des publics fragiles ». C'est un dispositif visant la prévention et la lutte contre toute forme de maltraitance, que ce soit le harcèlement, les violences, les abus au sein des établissements scolaires, en mettant à leur disposition des ressources, des éléments juridiques, des outils de discernement et d'action… 🡵.
Le site internet du 3PF propose :
- Des livrets d'information
- Livret 1 : De la lutte contre la maltraitance à la bientraitance éducative
- Livret 2 : La bientraitance éducative
- Recueillir la parole de l'enfant témoin ou victime
- Être à l'écoute - créer des dispositifs d'écoute
- Secret professionnel, discrétion professionnelle, devoir de réserve, confidentialité
- Procédures en matière de protection des mineurs
- Des grilles d'auto-évaluation sur le harcèlement pour les élèves
- Le plan boussole : un processus de discernement et d'action du 3PF. Il peut être mis en place dans les établissements pour faire progresser la culture de la bientraitance éducative.
Un dispositif 3PF pour « programme de protection des publics fragiles » a été lancé par le Sgec. Sur le papier, il est ambitieux (si l'on oublie sa dénomination problématique qui associe le risque d'exposition aux violences à une fragilité préalable). Les conditions de recueil de la parole y sont détaillées, et les risques de maltraitance par une personne détenant l'autorité ouvertement évoqués. Ce n'est pas du tout le cas dans le public, où la question de l'adulte dysfonctionnel reste un impensé, absent du site du ministère et des formations prodiguées aux personnels. Sur le terrain, toutefois, les choses sont plus compliquées. Le Sgec, qui ne dispose que d'un simple pouvoir d'animation et de proposition, est incapable de s'avancer sur la mise en œuvre effective du fameux 3PF, au point de lancer une campagne de communication auprès des parents pour le faire connaître. C'est que l'enseignement catholique est un parfait négatif de l'enseignement public : si le second souffre de son hypercentralisation, le premier se singularise par la très grande autonomie de ses établissements.
La campagne « Stop Violences »
La campagne « Stop Violences » a été lancée le vendredi 2 mai 2025. C'est une campagne d'information et de sensibilisation sur les violences en milieu scolaire dans tous ses établissements, après le scandale de Notre-Dame de Bétharram qui a entraîné une libération de la parole sur le sujet. La campagne « Stop violences » a pour objectif d’« amplifier l'information et renforcer l'implication de tous les acteurs de l'école » sur ce sujet, a indiqué le Secrétariat général de l'enseignement catholique dans un communiqué 🡵.
Voir aussi :
- Abbaye-école de Sorèze (1)
- Collège de Combrée (3)
- Collège de l’Annonciation, à Seilh (1)
- Collège Richelieu à La-Roche-sur-Yon (1)
- Collège Saint François-Xavier d'Ustaritz (3)
- Collège Saint-Michel à Bruxelles (fiche uniquement)
- Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon (4)
- Dominicaines du Saint Nom de Jésus (2)
- Institution Paul Mélizan (1)
- Institution Saint-Dominique de Neuilly (5)
- Institution Saint-Pierre, à Saint-Pé-de-Bigorre (2)
- L'Immaculée Conception de Pau (fiche uniquement)
- Notre Dame de Garaison (6)
- Notre-Dame de Bétharram (38)
- Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon (2)
- Notre-Dame-de-Sion (1)
- Père Raymond Mélizan (1)
- Sainte Croix des Neiges (3)
- Sainte-Marie, à Chagny (1)
- École Ozanam de Limoges (6)
- École Saint-Genès de Bordeaux (1)
- École Saint-Pierre-Fourier (Collège Saint-Maur) (1)
- École Sainte-Marie à Quimper, dite le Likès (1)
- Établissement scolaire Stanislas (7)