Assemblée plénière : élection du nouveau secrétaire général du Secrétariat général de l'enseignement catholique

Philippe Delorme : une fin de mandat dans la tourmente

Élu à la tête de l'enseignement catholique par les évêques en 2018, Philippe Delorme a donc répondu durant deux heures aux questions nourries et parfois offensives sur les contrôles des établissements catholiques, les révélations de violences qui s'enchaînent depuis quelques mois, ou encore sur la mise en œuvre du nouveau programme d'éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité (Evars).

La Croix

« Beaucoup d'écrits que vous avez signés contredisent les déclarations que vous faites aujourd'hui » souligne le co-rapporteur, citant un courrier de Philippe Delorme adressé à la DAF du Ministère de l'Éducation nationale, le service en charge du privé sous contrat.

Le café pédagogique

C'est un courrier envoyé le 29 novembre 2024 par Philippe Delorme à la direction des affaires financières (DAF) du ministère, qui a de fait la tutelle du privé, qui a monopolisé une grande partie des échanges. On y découvre que le Sgec avait été consulté, cette fois, sur le guide du contrôle des établissements privés sous contrat, en cours d'élaboration. Dans sa réponse, le Sgec qualifiait entre autres ce texte de « manuel de l'inquisiteur ».

Dans ce guide composé de huit fiches thématiques, il se permettait de demander la suppression pure et simple de deux d'entre elles : celle sur la vie scolaire (portant notamment sur l'obligation d'affichage de la devise républicaine et du numéro d'appel 119 pour l'enfance en danger, sur les règles des conseils de discipline ou le contrôle des internats), et celle sur le non-respect des obligations du contrat d'association – pouvant éventuellement déboucher sur la rupture de celui-ci. Troublant, de la part de qui n'a « rien à cacher ».

Mais Philippe Delorme a réponse à tout : tantôt il invoque la loi Debré, qui consacre le « caractère propre » des établissements confessionnels ; tantôt il avance « nous n'écririons plus la même chose aujourd'hui ». C'est le cas par exemple sur l'Evars (éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité) : le Sgec s'engage à l'appliquer pleinement dans les établissements, et même à « combattre » les associations – souvent proches des milieux catholiques – qui le rejettent.

L'humanité

Il faut sans doute porter au crédit du Sgec – et, avant lui, de la conférence des évêques de France – d'avoir évolué sur bien des plans, devant la pression et la gravité des scandales à répétition. Mais quand Paul Vannier lui fait remarquer qu'il « peine à comprendre quelles actions concrètes ont été menées » et qu’« on ne sait pas où se trouve la responsabilité, que tout semble informel », il se donne le beau rôle en soulignant qu'il peut « avertir, alerter, vérifier que les choses bougent »… mais pas imposer.

L'humanité

Guillaume Prévost succède à Philippe Delorme

À l'issue de son deuxième mandat de trois ans, qui s'achèvera le 31 août, Philippe Delorme avait fait part de son souhait de voir son mandat prolongé jusqu'à son départ à la retraite, ce qui lui a été refusé 🡵.

Autre sujet de la semaine : l'enseignement catholique. Les évêques ont décidé de nommer à la tête du secrétariat chargé de la question Guillaume Prévost, un homme issu de l'enseignement public et jusqu'ici délégué général du think tank Vers Le Haut, dont la réflexion tourne autour de la façon d'améliorer l'éducation en France.

Il sera supervisé dans cette tâche par l'évêque de Nanterre, Matthieu Rougé, dont la connaissance des milieux politiques n'est plus à démontrer. Le prélat francilien succède à son collègue d'Autun, Benoît Rivière, dont la gestion du dossier de l'enseignement catholique a été remise en cause en coulisse par nombre de ses collègues. Ces deux nominations sont le signe clair d'une reprise en main du sujet par une Église catholique dont beaucoup de membres étaient remontés contre l'actuel secrétaire général de l'enseignement catholique, Philippe Delorme.

« Il faudra qu'on encourage sérieusement une révision de la façon dont nous travaillons en église avec l'enseignement catholique », avait déclaré, jeudi, le cardinal Jean-Marc Aveline, nouveau président de la CEF. « La situation actuelle montre qu'on peut mieux faire » et, donc, « doit mieux faire », a-t-il ajouté avant de reconnaître : « C'est une responsabilité commune qui nous incombe. Nous serions en tort si nous ne le faisions pas. » Pour l'Église, le sujet des violences commises au sein de l'enseignement catholique risque d'être une bombe dont les déflagrations se feront sentir pendant plusieurs années.

Le Monde

La lutte contre les violences sexuelles sera l'une des priorités du nouveau tandem, qui aura pour tâche de tirer les enseignements du rapport Sauvé pour l'enseignement catholique. « C'est incompréhensible qu'il ne se soit rien passé dans l'enseignement catholique après le rapport de la Ciase », lâche un évêque de la moitié nord de la France. Le rapport, publié en 2021, pointait pourtant les violences perpétrées dans les établissements scolaires catholiques.

La Croix

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