Bétharram et répliques : Non, la "crise des abus" n'est pas terminée
#Betharram et répliques.
— Natalia Trouiller (@ntrouiller) March 20, 2025
Toutes ces personnes qui se manifestent sont une infime partie (quelques centaines) des 330.000 enfants du rapport de la CIASE.
Pour ceux qui ont lu le rapport et croyaient à ce chiffre, c'est un choc car on sort du chiffre pour entrer dans la chair.
Ci-dessous, le contenu d’un thread Twitter de @ntrouiller.
#Betharram et répliques.
Toutes ces personnes qui se manifestent sont une infime partie (quelques centaines) des 330.000 enfants du rapport de la CIASE. Pour ceux qui ont lu le rapport et croyaient à ce chiffre, c’est un choc, car on sort du chiffre pour entrer dans la chair. Pour ceux qui le déniaient, c’est un choc, car ça vient percuter le déni. Deux réactions possibles: ouvrir les yeux, ou encore plus de déni. Mais nous avions toutes les cartes en main pour savoir depuis maintenant 4 ans. Tout était dans le rapport: ces 330.000 enfants étaient majoritairement élèves d’établissements et petits séminaires catholiques.
Cette deuxième onde de choc, pourquoi se la prend-on en pleine face, alors que nous savions ?
Parce que nous avons cru, trop souvent, que le travail de la CIASE avait eu une valeur performative.
Parce que nous avons cru que le fait de lever le voile sur ces pratiques les faisait passer immédiatement aux oubliettes de l’Histoire.
Non seulement ça voulait dire que ces violences, c’était une « époque » désormais révolue, mais on allait pouvoir bientôt « tourner la page » (poke @frerePauladrien) et s’occuper de trucs sérieux (faire du chiffre en termes de conversions).
Donc on a mis en place une juridiction pérenne et deux juridictions d’exception. La juridiction pérenne, c’est le TPCN (Tribunal pénal canonique national). Le nombre d’évêques, dans les affaires que je suis, qui ne transmettent pas alors qu’ils le doivent, vous n’avez pas idée. Les deux juridictions d’exception, ce sont l’INIRR et la CRR, donc les deux instances de justice restaurative de l’Église. Elles sont appelées à voir leur mission limitée dans le temps. C’est très intéressant, ça : ça veut dire que pour les évêques et congrégations, une fois soldés les comptes des victimes de la CIASE, hop ! terminé, il n’y aura plus de problèmes. Plus de nouvelles victimes. Et on pourra « tourner la page ».
Or, dans ces instances, depuis quelques mois, le profil des victimes change. On voyait jusque-là des victimes âgées, des faits anciens, des auteurs décédés. C’était vraiment pour cela que ces instances avaient été créées. Aujourd’hui, ce sont des victimes plus jeunes, des auteurs vivants, des faits pas toujours prescrits. Je vois la même chose chez les personnes qui me contactent. Ça devient rarissime de taper au-delà de 50 ans.
Non, la « crise des abus » n’est pas terminée.
Il y a deux façons de vivre ce carême. L’une, le cœur triomphant, avec des stats qui tiennent chaud sur l’augmentation de la pratique chez les jeunes. L’autre, le cœur déchiré (Ps 50, 19) en contemplant ces autres chiffres qui ont pris chair devant nos yeux ces derniers jours. L’augmentation des baptêmes d’adultes, des jeunes à la messe des cendres, comment pouvez-vous vous en réjouir quand tant d’agresseurs en soutane ou avec lettre de mission sont encore en poste, prêts à leur tomber dessus ?
L’assemblée plénière de Lourdes approche.
On va voir.
Ou pas.