Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon : un autre Bétharram ?

Dans le sillage de l’affaire Bétharram, du nom de cet établissement scolaire du Béarn où plus d’une centaine de plaintes ont été déposées pour des viols, violences sexuelles et physiques sur mineurs, des Landais ont choisi de briser le silence dans une affaire aux allures aussi sordides. Ils témoignent publiquement de faits qu’ils déclarent avoir subis par le passé lors de leur scolarité dans un collège privé de Dax. Le collège, qui depuis 2003 est devenu Saint-Jacques-de-Compostelle, s’appelait à l’époque Notre-Dame du Sacré Cœur, dit « Cendrillon ».

Sud Ouest

« ici Gascogne » recense à ce jour sept témoignages d’anciens élèves disant avoir été violés, agressés sexuellement ou violentés pendant leur scolarité dans le collège privé catholique, des années 1960 aux années 1980. Trois prêtres et un laïc sont mis en cause.

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Pour rappel, dans cette affaire, deux plaintes ont été déposées en justice en 2021 mais classées sans suite, en raison de la prescription des faits reprochés. Les parquets de Dax et Mont-de-Marsan, contactés, assurent n’avoir pas à ce jour reçu de nouvelle plainte concernant l’établissement.

ici Gascogne

L’ancien élève explique conserver des souvenirs très nets de cette époque et des traumatismes : « Ils vous faisaient monter dans leur chambre pour soi-disant se confesser. Et là, ils vous faisaient mettre à genoux, la soutane était ouverte, ils vous pressaient [le sexe] etc. Avec leur soutane ouverte, ces types avaient une odeur. Cette odeur, elle est encore là. C’est quelque chose qui reste en vous. » Marc a eu beaucoup de mal à mettre des mots sur ce qu’il a vécu.

Franceinfo, avec « ici Gascogne »

Réaction du diocèse et de Mgr Souchu

Selon le diocèse, « l’évêque d’Aire-et-Dax, Mgr Nicolas Souchu », a reçu « un mail et une lettre » de « signalements », après la publication du rapport de la Ciase en octobre 2021, et « les a transmis à la cellule d’accueil et d’écoute du diocèse ».

« Une des deux victimes n’a pas donné suite à la cellule d’accueil car elle avait déjà témoigné auprès de la Ciase, pendant son enquête menée entre 2018 et 2020 », précise le diocèse. « L’autre personne lui a dit qu’elle avait porté plainte, même si elle savait que les faits étaient prescrits, et a fait appel à l’Inirr, instance nationale indépendante de reconnaissance et réparation pour les personnes victimes de pédocriminalité dans l’Église », ajoute la même source.

Ouest France

« C’est très choquant. C’est terrible », réagit mercredi auprès d’« ici Gascogne », l’évêque d’Aire et de Dax, Monseigneur Nicolas Souchu, exprimant son « soutien aux personnes victimes ». « Évidemment, on ne peut pas tolérer tous ces drames successifs », ajoute-t-il. « L’Église tout comme l’Enseignement catholique ont la responsabilité de faire toute la lumière sur les faits que l’on connaît, de coopérer avec la Justice », selon lui, affirmant par ailleurs que la plupart des personnes accusées « sont décédées ». « Il y a un prêtre qu’on n’a pas pu identifier parce qu’il ne faisait pas partie du diocèse d’Aire et de Dax et un laïc qu’on n’a pas pu non plus identifier », termine-t-il.

Franceinfo, avec « ici Gascogne »

« Ce qui est important, c’est que les victimes aient la main sur leur témoignage, qu’elles décident à qui elles en parlent, quand elles en parlent. » Ce qui est « important » également, indique Mgr Souchu, évêque d’Aire et Dax, c’est que « même si », dans certaines situations, « on sait qu’on ne peut rien faire contre les personnes abuseurs », en raison soit de la prescription ou de décès par exemple, « c’est important », répète-t-il, « qu’on reconnaisse leurs témoignages [des victimes, NDLR] ».

Ouest France