Notre-Dame de Bétharram : révélations sur des plaintes et signalements enterrés

Dans cette affaire Notre-Dame-de-Bétharram, le silence absolu des victimes relève pourtant du mythe. Si plusieurs s’expriment effectivement pour la première fois, nombreuses sont celles qui ont déjà parlé. Mais le problème est qu’elles n’ont pas été écoutées, prolongeant l’omerta sur des décennies.

Mediapart révèle l’existence de plusieurs courriers envoyés à la justice dès les années 1990 pour alerter sur les graves violences commises au sein de l’établissement. Pendant trente ans, de nombreux signalements ont été ignorés et des plaintes ont été classées. Au moins douze entre 1993 et 2013.

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Notre-Dame de Bétharram : des alertes en série

  • 1993 : la préfecture des Pyrénées-Atlantiques est alertée après la condamnation de l’établissement pour des violences sur un élève dont le tympan a été perforé.
  • Avril 1996 : plusieurs plaintes évoquant de graves violences physiques sur les élèves sont classées, selon la presse.
  • 11 avril 1996 : un père d’élève envoie un courrier au procureur de Pau pour signaler des violences sur son enfant.
  • 17 avril 1996 : un autre parent d’élève envoie un courrier au procureur de Pau et dénonce des « brimades, menaces et injures » sur son fils.
  • Juin 1996 : un surveillant condamné pour avoir perforé le tympan d’un élève est défendu par l’établissement. Aucune sanction administrative n’est décidée.
  • 1996 : une mère d’élève signale au parquet de Bayonne des faits de violences sexuelles sur des élèves de sixième.
  • 26 mai 1998 : l’ancien directeur de Bétharram, le père Carricart, est mis en examen pour viols sur mineur.
  • 15 juin 1998 : le cabinet de la ministre de la justice, Élisabeth Guigou, est informé d’une plainte pour viols et d’autres faits « susceptibles d’avoir été commis » par des enseignants et des religieux sur plusieurs élèves. Aucune inspection n’est lancée.
  • 30 septembre 1998 : Christophe E., ancien interne à Bétharram, témoigne dans l’enquête sur le père Carricart des agressions commises par un surveillant, Damien S. D’autres élèves confirment ses propos. Rien ne se passe.
  • Février 2000 : le juge d’instruction Christian Mirande reçoit une deuxième plainte pour viols contre le père Carricart. Le mis en cause se suicide.
  • 2000 : un ancien élève dépose plainte contre Patrick M., un surveillant de l’établissement pour des faits de viols. La plainte est classée.
  • 2005 : un ancien élève signale des faits de viols et d’agressions sexuelles commis par un laïc. La plainte est classée.
  • Entre 2011 et 2013 : un ancien élève dénonce des faits de viols et d’agression sexuelle commis par un laïc. La plainte est classée.

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