Interview de Mélanie Debrabant, présidente de l'association Fraternité Victimes
Morceaux choisis de l'interview de Mélanie Debrabant, présidente de l’association Fraternité Victimes, sur Sud Radio.
Avant toute chose, pouvez-vous nous présenter Fraternité Victimes et ses principales missions ?
[Mélanie Debrabant] Bien sûr. Fraternité Victimes est une association qu'on a créée il y a un an, qui, comme son nom le dit bien, veut permettre de vivre la fraternité avec les personnes victimes. Donc on a pour ça différents moyens pour les soutenir. D'abord un réseau de bénévoles, de rencontres, simplement d'échanges. Et puis un soutien aussi, avec un réseau de professionnels qu'on essaie de tisser encore, notamment avec des professionnels du droit, des avocats, des juristes, mais aussi des psychologues, des assistantes sociales, des personnes qui travaillent en ressources humaines aussi, des professionnels comme ça et on met en relation. L'idée, c'est de simplifier le parcours des personnes victimes en faisant pour eux ce travail de repérer les professionnels qui pourraient les aider. Et puis on a aussi une part où on peut justement soutenir financièrement les personnes victimes, notamment dans les frais juridiques qui peuvent s'élever très vite et qui peuvent être un frein pour faire valoir ses droits. Et puis on a encore un axe de formation en interne et puis de sensibilisation à la fois du grand public, des responsables. Voilà un peu tout ce qu'on veut mettre en place à travers cette association.
On est tout à fait une association laïque. On est une association qui est, pour les personnes victimes de toutes violences, tous abus subis dans le cadre religieux, quelle que soit la religion, quelle que soit la foi de la personne, la spiritualité ou l'absence de spiritualité de la personne. L'idée, c'est que la violence subie a été dans le cadre religieux, que ce soit une institution scolaire comme Bétharram ou une paroisse ou un mouvement de scoutisme…
[…]
Pourquoi, d'après vous, ces faits ont-ils été couverts aussi longtemps ?
[Mélanie Debrabant] Je pense que en fait, dans ce genre d'histoire, malheureusement, le silence c'est la norme et que là on parle de Bétharram et l'ampleur et le nombre de personnes victimes et la durée sur lesquelles ça a duré, les personnes impliquées dedans rend l'affaire exceptionnelle. Mais Bétharram, c'est à mon avis loin d'être un cas isolé. Dans les violences sur mineur, le silence, c'est la norme ; l'indifférence des adultes — vous en parliez dans votre édito — c'est la norme. Bétharram, c'est un système de domination et c'était connu : on envoyait à Bétharram des enfants qui avaient besoin d'un cadre strict, voire d'être « remis dans le droit chemin ». Donc c'était des enfants réputés difficiles, des enfants du coup fragiles, puisqu'on ne va pas les croire. On ne va pas considérer leurs paroles. On voit aussi dans les témoignages que les enfants qui ont été ciblés sont principalement des enfants de divorcés par exemple, donc un peu des enfants à la marge, encore moins crédibles que les autres. Il y avait un système de domination aussi des enfants entre eux, avec des plus vieux qui surveillaient les plus jeunes dans les dortoirs, avec toutes les violences physiques et sexuelles qu'il y a pu avoir. Et puis effectivement, la domination des adultes sur ces enfants, à la fois par les agresseurs eux mêmes, mais à la fois par tous les systèmes qui auraient dû protéger les enfants, que ce soient les autorités religieuses, les autorités académiques, les autorités judiciaires aussi, parce qu'il y a eu quand même plusieurs signalements. Personne ne s'est inquiété de ces enfants. Personne n'a cru ses enfants. Personne n'a voulu voir ou n'a voulu prendre en considération ce qu'on voyait. Et ça, malheureusement, c'est ce qu'on voit dans beaucoup d'autres endroits qui touchent à l'enfance.
[…]
Maintenant le silence, le fait de ne pas vouloir voir ça, c'était à Bétharram, mais c'est encore aujourd'hui. Quand on reprend les chiffres de la CIVISE par exemple, c'est 160000 enfants qui sont agressés chaque année sexuellement, uniquement sexuellement. Qui en parle ? Qui les voit ces gamins ? Trois enfants par classe chaque année, Qui les voit ?
Il y a eu cette mise en examen récente de l'ancien ancien surveillant qu'on appelle Patrick M, qui était surveillant général à Bétharram, âgé de 60 ans, pour des faits de viol par personne ayant autorité, commis entre 1991 et 1994. Encore en poste il y a un an, il a été écarté après l'ouverture de l'enquête judiciaire. Il a reconnu des violences physiques mais il n'a pas reconnu des violences sexuelles. Il a simplement reconnu avoir infligé des gifles à ses élèves. Deux autres suspects, un ancien surveillant et un prêtre, ont été placés en garde à vue, mais ils ont été remis en liberté en raison de la prescription des faits. Cette prescription des faits sur mineurs, elle pose quand même question parce qu'elle empêche une prescription, elle empêche une justice peut être pleine et entière. Est ce que vous dans cette association et vous, à titre personnel, vous êtes pour ou contre l'imprescriptibilité des violences à l'égard des mineurs ?
[Mélanie Debrabant] Moi, je me contenterai de reprendre la parole des personnes victimes, la parole des associations qui existent depuis bien plus longtemps que nous, et encore une fois, la parole de la CIVISE qui en a fait sa recommandation. De fait, l'imprescriptibilité des violences sexuelles sur mineurs, c'est une demande qui part du terrain et qui s'appuie sur d'abord la réalité du psycho-trauma qui fait que parfois il y a aussi une amnésie traumatique par exemple, où la personne peut se rappeler très tard de ce qu'elle a pu subir ou ne pas se rappeler parfaitement de ce qu'elle a pu subir. Il y a toute la question de l'emprise. Il y a toute la question de la culpabilité, de la honte, de faire la part des choses. Vous voyez encore aujourd'hui avec l'association, j'ai eu au téléphone une personne qui prend la parole pour la première fois, qui a 55 ans, pour des violences subies mineure et qui a réalisé l'impact que ça avait eu dans sa vie il y a six mois et qui commence tout doucement ce chemin de libération de la parole et j'espère de guérison en tout cas de reconstruction. Mais c'est long. Donc bien sûr que c'est une demande qui part du terrain et que moi je peux juste transmettre aussi la parole des personnes victimes sur ce sujet là.
[…]
Alors on va quand même s'attarder deux secondes sur l'église de ce que vous dites et que je partage complètement, c'est que Bétharram c'est symptomatique d'un problème et d'une problématique beaucoup plus large. L'Église a parlé de sanctions, de réformes. Est ce que vous avez constaté une réelle volonté de changement ou est ce qu'encore on est dans des discours sans aboutissement ?
[Mélanie Debrabant] Alors je pense qu'il ne faut pas être binaire. Il y a des choses qui ont été mises en place au sein de l'Église catholique notamment, mais aussi au sein d'autres cultes. Je pense notamment aux protestants par exemple, qui ont commencé à mettre en place des choses aussi. Ce qu'on sait dans l'Église, puisque là on parle de l'Église catholique, c'est par exemple d'abord la commission Sauvé, le rapport de la CIASE d'octobre 2021. Ça c'est ce qui a quand même permis de faire un vrai travail de vérité sur tous les abus sexuels pédocriminels des 70 dernières années. Suite à ce rapport, on a vu, il y a eu la mise en place de commissions de réparation, qui s'appellent la CRR ou l'INIRR en fonction des profils, qui ont leurs limites clairement, néanmoins qui ont quand même l'avantage d'exister d'abord, notamment pour tous ces faits qui sont prescrits. Et d'ailleurs il y a certaines personnes victimes de Bétharram qui ont des dossiers à la CRR. Et puis une autre évolution importante et positive, c'est la mise en place en France du Tribunal Pénal Canonique National (TPCN) qui est en gros une instance nationale pour exercer la justice canonique, pour sortir les affaires des diocèses et de l'entre soi diocésain. Donc ça, c'est des évolutions positives.
Maintenant, on parle d'un d'un système où il y a eu plus de 300000 enfants qui ont été agressés sexuellement. Je pense qu'on peut parler d'un système agresseur. Est ce qu'on peut faire confiance à 100% à ce système pour établir lui-même les moyens de se modifier et de prendre en charge les personnes victimes et de prévenir des nouveaux abus ? Ça me paraît un petit peu illusoire. D'autant plus qu'il y a des gens à l'intérieur qui ont vraiment à cœur de lutter contre ces abus, de lutter contre ces violences et de changer les choses. Mais il faut bien être conscient aussi qu'il y a des gens qui vont dans l'autre sens. Et donc nous, ce qu'on demande aussi à l'État, c'est tout simplement de faire appliquer la loi, y compris au sein de l'Église, y compris, même si on n'a pas très envie parfois d'aller embêter les cathos. Et je vais donner quelques exemples, mais qui sortent aussi parfois du strict cadre des violences sexuelles en institution scolaire. Par exemple, nous, dans l'association on accompagne une ancienne religieuse sortie d'une communauté où plus personne n'a de papiers à jour et une carte d'identité périmée. Elles sont toutes périmées et donc quand elle est sortie, elle a dû refaire tous ses papiers qui étaient périmés depuis 2004. Et je lui ai dit : « Mais, comment tu faisais pour voter ? » Elle me dit « on vote puisque tout le monde sait qu'on est les bonnes sœurs du coin, il n'y a pas de problème ! » Mais ça c'est un problème. Parce que quand même, avoir une bande de nanas dont plus personne n'a de papiers à jour, c'est le premier pas d'une dérive sectaire quand même. Ou si on revient à l'enseignement : encore aujourd'hui des collèges catholiques ou dans le règlement, c'est participation obligatoire à la messe ou confession mensuelle obligatoire par exemple. Ça, ça existe encore aujourd'hui. Ou, dernier exemple, la communauté des Béatitudes qui sort un communiqué en 2011 où elle-même reconnaît que leur fondateur, dit Ephraim et de son vrai nom Gérard Croissant, a commis des violences sexuelles sur de nombreuses femmes et même sur une mineure. Il n'y a eu aucun signalement de leur part. Mais pourquoi le procureur ne s'est-il pas lui-même autosaisi du dossier ? Il n'y a eu aucune enquête, rien du tout. Donc voilà nous ce qu'on demande simplement, c'est que l'État ne laisse pas les autorités ecclésiales gérer seules leur business de leur côté. Parce qu'en fait, ce qu'on voit c'est que de fait, ça ne marche pas.
Informations complémentaires
Notre-Dame de Bétharram
- https://www.facebook.com/groups/1694399824400108/
- https://www.leparisien.fr/faits-divers/affaire-betharram-48-nouvelles-plaintes-le-chiffre-total-grimpe-a-200-01-04-2025-LVH4ILUJHFGT7PCBS4EZETEZL4.php
- https://www.lemonde.fr/societe/article/2025/04/11/betharram-stanislas-averroes-radioscopie-des-ecueils-des-controles-de-l-etat-sur-les-etablissements-prives-sous-contrat_6594040_3224.html
- https://www.mediapart.fr/journal/france/190225/des-1993-l-etat-ete-alerte-des-maltraitances-de-betharram
- https://www.liberation.fr/france-archive/1996/04/16/betharram-le-lycee-fier-de-ses-chatiments-la-plainte-d-un-parent-d-eleve-contrarie-cent-cinquante-an_168615/
- https://www.mediapart.fr/journal/france/140225/betharram-de-nouvelles-archives-de-l-affaire-de-1996-prouvent-l-implication-de-francois-bayrou
- https://www.mediapart.fr/journal/france/050225/viols-sur-mineurs-betharram-les-mensonges-de-bayrou-pour-defendre-une-institution-catholique
- https://www.bfmtv.com/police-justice/betharram-une-ancienne-enseignante-met-de-nouveau-en-cause-le-couple-bayrou_AN-202502210142.html
- https://riposte-catholique.fr/archives/199281
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/pyrenees-atlantiques/pau/pedocriminalite-ils-s-echangeaient-les-bons-plans-les-victimes-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram-denoncent-un-reseau-bien-organise-2997113.html
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/pyrenees-atlantiques/pau/violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram-la-congregation-des-pretres-tend-la-main-aux-victimes-3028895.html
- https://www.la-croix.com/religion/plus-de-100-plaintes-deposees-pour-violences-physiques-et-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram-20240710
- https://www.francetvinfo.fr/france/nouvelle-aquitaine/pyrenees-atlantiques/pyrenees-atlantiques-40-nouvelles-plaintes-vont-etre-deposees-dans-l-affaire-des-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram_6483134.html
- https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/02/01/dans-le-bearn-20-anciens-eleves-d-un-college-lycee-catholique-ont-porte-plainte-pour-des-violences-physiques-et-sexuelles_6214299_3224.html
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/pyrenees-atlantiques/pau/on-est-passe-d-une-affaire-regionale-a-un-scandale-national-un-an-apres-les-premieres-plaintes-pour-violences-sexuelles-a-betharram-l-impatience-des-victimes-3059317.html
- https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/pau/affaire-betharram-pres-de-120-plaintes-prescriptions-gardes-a-vue-ou-en-est-l-enquete-23226468.php
- https://www.liberation.fr/societe/religions/violences-physiques-et-sexuelles-dans-linstitution-notre-dame-de-betharram-plus-de-100-plaintes-deposees-20240709_LYI26ET755CUFGDHTRXI3NE57I/
- https://www.midilibre.fr/2024/07/29/jusqua-ne-plus-supporter-le-bruit-dune-chasse-deau-un-ancien-eleve-temoigne-des-viols-dans-les-toilettes-de-betharram-12110235.php
- https://www.mediapart.fr/journal/france/110225/viols-betharram-bayrou-menti-mediapart-publie-de-nouveaux-documents
- https://www.mediapart.fr/journal/france/120225/le-juge-saisi-des-viols-betharram-en-1998-j-ai-confirme-francois-bayrou-que-les-faits-etaient-patents-et-e
- https://www.lindependant.fr/2025/02/20/affaire-betharram-le-pere-henri-cheval-le-surveillant-patrick-m-qui-sont-les-trois-surveillants-mis-en-cause-pour-violences-physiques-et-sexuelles-12525738.php
- https://www.liberation.fr/societe/education/derriere-les-murs-du-college-betharram-les-combines-des-pretres-directeurs-pour-maintenir-le-silence-20250407_WI2AP4FFIJCWBEP5NO3NQUUTAQ/
- https://www.tf1.fr/tmc/quotidien-avec-yann-barthes/videos/affaire-betharram-rencontre-avec-63731310.html
- https://x.com/caissesdegreve/status/1892336332304728477
- https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/affaire-betharram-le-premier-ministre-francois-bayrou-sera-entendu-le-14-mai-par-la-commission-d-enquete-parlementaire_7182051.html
Un groupe Facebook a été créé pour réunir les victimes : Les anciens du collège et lycée de Bétharram, victimes de l'institution. Il est également possible de joindre le groupe par email : victimesdebetharram@gmail.com
90 des 200 plaintes déposées depuis février 2024 portent sur des faits à caractère sexuel. L'une des 48 nouvelles plaintes porte sur des faits de viol en réunion, commis par deux prêtres, a ajouté le porte-parole, lui-même ancien élève de l'établissement catholique privé sous contrat, situé au sud de Pau 🡵.
Comment Notre-Dame de Bétharram, où ont été rapportés des faits de violences physiques, d'agressions sexuelles et de viols depuis les années 1990, a-t-il pu être exempt de tout contrôle pendant des décennies ? 🡵
- 1993 La préfecture des Pyrénées-Atlantiques est alertée d'un grave cas de violence physique : un surveillant a perforé le tympan d'un élève. L'école Notre-Dame-de-Bétharram est condamnée par la justice, à une époque où François Bayrou était déjà ministre de l'éducation nationale et président du conseil général, à indemniser un l'élève 🡵.
- 1996
- Un parent d'élève dépose plainte au mois d'avril 🡵 et Marie-Paul de Behr 🡵, un surveillant général est condamné en juin de cette année-là pour avoir violemment frappé un élève de 14 ans, lui laissant des séquelles à vie. « Mon fils a perdu une partie de l'audition, les médecins n'ont pas pu sauver son oreille ».
- Cette année, Calixte, le fils de François Bayrou, était dans la même classe que la victime (ce détail a son importance par la suite) 🡵.
- Une professeure de mathématiques, Françoise Gullung, dit avoir écrit au procureur de la République, au rectorat, au conseil général (présidé par François Bayrou), et avoir parlé directement à l'élu lors d'une remise de médailles, après avoir également tenté de sensibiliser sa femme, qui enseigne le catéchisme sur place 🡵 🡵.
- L'établissement est inspecté par l'éducation nationale. Le rapport porte la conclusion suivante : « Par un concours malheureux de circonstances, cet établissement vient de connaître des moments difficiles. La qualité du travail qui y est effectué, l'ambiance et les relations de confiance qui y règnent et la volonté de changement qui existe à tous les niveaux sont autant d'éléments positifs et d'atouts pour la réussite de Notre-Dame de Bétharram » 🡵. En 2025, l'inspecteur reconnaîtra : « J'ai fait un rapport qui ne tient pas la route actuellement » 🡵.
- François Bayrou se rend à Notre-Dame-de-Bétharram pour défendre l'établissement : « Nombreux sont les Béarnais qui ont ressenti ces attaques [les dénonciations des violences – ndlr] avec un sentiment douloureux et un sentiment d'injustice », explique l'élu 🡵.
- A cette époque, et si on en croit la presse locale, au moins quatre élèves auraient eu un tympan perforé 🡵.
- 1998 L'ancien directeur de Notre-Dame-de-Bétharram, le père Pierre Silviet-Carricart, est mis en examen, accusé d'avoir violé un enfant, interne de l'établissement. Il est placé en détention durant une courte période. Le père est finalement laissé libre et exfiltré au Vatican 🡵.
- 2000 Suicide du père Pierre Silviet-Carricart 🡵. Une victime sera dédommagée de 50 000 euros par l'institution 🡵 mais la justice n'a pas poursuivi son enquête après le suicide du père Carricart 🡵.
- 2009 Les religieux du Sacré Cœur de Jésus, qui ont fondé l'école en 1837, quittent l'établissement Notre-Dame de Bétharram qui est rebaptisé Le Beau Rameau 🡵.
- 2023
- Décembre 2023 Lancement du groupe Facebook Les anciens du collège et lycée de Bétharram, victimes de l'institution 🡵.
- Décembre 2023 20 anciens élèves portent plainte 🡵 pour des violences physiques et sexuelles commises essentiellement au début des années 1980 🡵.
- 2024
- Février 2024 13 autres plaintes sont déposées 🡵 et une enquête préliminaire est ouverte par le procureur de la République Rodolphe Jarry 🡵 🡵.
- Février 2024 Un surveillant visé par huit plaintes d'anciens élèves et toujours en poste, a été écarté de l'ensemble scolaire Le Beau Rameau (nom de l'Institution Notre-dame-de-Bétharram depuis 2009). Il signera une rupture conventionnelle de contrat fin mai 🡵 après quarante ans passés à Bétharram 🡵.
- Avril 2024 Quarante nouvelles plaintes sont déposées. La moitié concerne des faits à caractère sexuel. Contrairement aux plaintes précédentes, les accusations d'agressions sont plus récentes et concernent les années 2000 🡵.
- Juillet 2024 26 nouvelles plaintes sont déposées portant leur total à 102 🡵 ou 108 🡵. Ces plaintes mettent en cause 22 adultes et un mineur au moment des faits, dont la moitié sont encore en vie. Parmi eux, 9 religieux sont incriminés, dont 8 pour violences sexuelles, révèle le communiqué de presse du collectif de victimes de Bétharram 🡵. Parmi les nouveaux témoignages, ceux de jeunes filles, anciennes élèves dont une est aujourd'hui âgée de 24 ans. Elle raconte avoir été victime de harcèlement physique et psychologique en 2010 et 2011, « puis renvoyée pour éviter que cela fasse des vagues » 🡵. Pour la première fois aussi, trois 🡵 parents ont déposé plainte « pour abus de confiance et tromperie » et une enseignante affirme avoir tiré la sonnette d'alarme à l'époque 🡵. Enfin, il y a également au moins un dossier concernant des viols entre élèves 🡵.
- Juillet 2024 Le directeur actuel de l'établissement de Bétharram a indiqué que « l'école s'était portée partie civile dans cette affaire 🡵.
- Novembre 2024 Le total est maintenant de 110 plaintes qui mentionnent une vingtaine d'agresseurs. Des auteurs présumés de violences physiques et surtout d'abus sexuels sur des enfants, tous scolarisés dans l'établissement béarnais, qui ont perduré des années 1950 pour les témoignages les plus anciens, aux années 2010 pour les faits les plus récents 🡵.
- 2025
- Janvier 2025 Une enquête de Mediapart 🡵 🡵 🡵 🡵 démontre des mensonges de François Bayroux qui y a scolarisé ses enfants. L'élu, maire de Pau, ancien président du conseil général des Pyrénées-Atlantiques et ex-ministre de l'éducation jure qu'il ignorait tout… malgré des documents et témoignages qui prouvent le contraire.
- Février 2025 Trois hommes sont placés en garde à vue. L'un d'entre eux, Patrick M., est mis en examen 🡵 puis placé en détention provisoire 🡵. Par ailleurs, Ange Mur, un diacre, est suspendu à titre conservatoire par Mgr Jean-Marc Micas. Il avait avoué frapper des élèves dans un reportage de l'émission Quotidien 🡵🡵.
- Avril 2025 Un article de libération donne l'impression d'une gestion de Notre-Dame de Bétharram en vase clos, avec des personnes aujourd'hui mises en cause devant la justice qui faisaient partie de l'OGEC et/ou étaient chef d'établissement 🡵.
- Mai 2025 François Bayrou sera entendu le 14 mai par la commission d'enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire 🡵.
Voir aussi :
Congrégation de Bétharram
- https://www.facebook.com/groups/1694399824400108/
- https://www.la-croix.com/religion/qui-sont-les-peres-de-betharram-au-cour-d-un-vaste-scandale-de-violences-sexuelles-20250304
- https://www.mediapart.fr/journal/france/190225/des-1993-l-etat-ete-alerte-des-maltraitances-de-betharram
- https://www.larepubliquedespyrenees.fr/faits-divers/justice/abuse-par-un-pretre-de-betharram-il-y-a-60-ans-il-veut-la-justice-5106900.php
- https://www.la-croix.com/religion/plus-de-100-plaintes-deposees-pour-violences-physiques-et-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram-20240710
- https://diocese64.org/communique-de-la-congregation-de-betharram/
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/pyrenees-atlantiques/pau/on-est-passe-d-une-affaire-regionale-a-un-scandale-national-un-an-apres-les-premieres-plaintes-pour-violences-sexuelles-a-betharram-l-impatience-des-victimes-3059317.html
- https://www.lavoixdunord.fr/1563929/article/2025-03-12/scandales-de-betharram-riaumont-les-deputes-vont-mener-l-enquete-et-veulent
- http://www.betharram.net/images/doc/betharram/feuille/99-expansionscjbetharram.pdf
- https://www.sudouest.fr/faits-divers/affaire-betharram/affaire-betharram-pour-retrouver-des-victimes-un-appel-a-temoins-international-traduit-dans-quinze-langues-23900173.php
- https://france3-regions.francetvinfo.fr/faits-divers/accident/affaire-notre-dame-de-betharram/ces-abus-ne-se-limitent-pas-a-la-france-le-collectif-des-victimes-de-betharram-lance-un-appel-a-temoins-dans-15-pays-3132514.html
- http://www.betharram.net/fr/famille/ou
Un groupe Facebook a été créé pour réunir les victimes : Les anciens du collège et lycée de Bétharram, victimes de l'institution. Il est également possible de joindre le groupe par email : victimesdebetharram@gmail.com
Fondée en 1835 près de Lourdes par Michel Garicoïts (1797-1863), prêtre basque canonisé en 1947, la congrégation des Pères du Sacré Cœur de Jésus de Bétharram (s.c.j.), ou plus simplement des Pères bétharramites, avait pour vocation de répondre aux besoins spirituels de l'après-Révolution française. « Avec une spiritualité centrée sur le Sacré-Cœur de Jésus, elle a particulièrement investi les terrains de l'éducation, de la pastorale des malades, de la mission, et du service des paroisses », campe le père Delgue 🡵. Elle compte près de 270 membres dans le monde 🡵.
Chronologie
La première alerte connue remonte à 1993, quand un surveillant perfore le tympan d'un élève. L'école Notre-Dame-de-Bétharram est condamnée par la justice à indemniser un l'élève 🡵. L'année 2000 sera marquée par le suicide de l'ancien directeur de Notre-Dame-de-Bétharram, le père Pierre Silviet-Carricart, qui était alors mis en examen, accusé d'avoir violé un enfant, interne de l'établissement. À partir de 2010, Jean-Marie Delbos, victime du père Lamasse, va tenter de se faire entendre de l'Église qui ne sanctionnera pas son agresseur, mais l'enverra simplement un temps « en quarantaine » à Bethléem, avec interdiction d'exercer 🡵.
Finalement, c'est le lancement du groupe Facebook Les anciens du collège et lycée de Bétharram, victimes de l'institution 🡵 par Alain Esquerre qui va changer la donne. À partir de ce moment, les plaintes s'accumulent rapidement.
Fin 2024, la congrégation de Bétharram publie un long communiqué 🡵. Le vicaire général de la congrégation de Bétharram a confié à une ONG de Bayonne une mission de médiation avec les victimes. Dans les faits, depuis ce message, elle est absente des démarches 🡵.
Avec la mise en cause de François Bayrou début 2025 la médiatisation de Notre-Dame de Bétharram s'accélère et des groupes Facebook sont créés pour rassembler les victimes dans d'autres établissements de la congrégation.
Le mois de mars 2025 marque un tournant :
- Les pères de Bétharram reconnaissent leur « responsabilité » dans les « souffrances » liées aux violences physiques et sexuelles. De plus, ils annoncent la mise en place d'un dispositif d'indemnisation des victimes de laïcs. Enfin, une commission d'enquête indépendante, dont la composition n'a pas encore été arrêtée, devra par ailleurs identifier « les causes » de ces « abus massifs ». Elle devrait travailler pendant « au moins six mois », « pourra étudier les archives » et entendra des victimes et membres de la communauté. Fait notable, elle s'intéressera aussi au fonctionnement de la congrégation à l'international, avec l'ambition d'empêcher la reproduction de tels abus 🡵.
- Suite à l'écho médiatique de Bétharram, les députés lancent une commission d'enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire 🡵.
Une congrégation internationale
La congrégation est aujourd'hui implantée dans près de quinze pays répartis sur les cinq continents 🡵, notamment en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. 🡵. La crainte d'Alain Esquerre, c'est que « là où les prêtres qui ont dirigé Bétharram sont passés par la suite, il y ait eu d'autres agressions sexuelles » 🡵.
En avril 2025, le collectif des victimes de Bétharram a lancé un appel à témoignages international pour dénoncer des abus sexuels ou des violences qui auraient été perpétrés dans les 15 pays où est implantée la congrégation du Sacré-Cœur de Bétharram. « Nous suspectons que ces abus ne se sont pas limités à la France, mais pourraient s'être étendus à d'autres pays où la Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram est implantée », indique le collectif dans un communiqué 🡵. Une nouvelle action après le dépôt de 48 nouvelles plaintes, portant à 200 leur nombre total 🡵.
Source : Site internet des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram
Voir aussi :
A propos de l'enseignement privé catholique
- https://www.ciase.fr/rapport-final/
- https://www.francetvinfo.fr/societe/education/affaire-de-violences-sexuelles-a-notre-dame-de-betharram/des-excuses-quelques-annonces-et-une-promesse-de-reflexion-comment-l-enseignement-catholique-reagit-aux-temoignages-de-violences-physiques-et-sexuelles-dans-ses-etablissements_7127985.html
Les chiffres documentés par la CIASE
Dans son rapport paru en 2021, la Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l'Église catholique (Ciase) a estimé à 330 000 le nombre de victimes entre 1950 et 2020. Près d'un tiers (30%) des faits ont eu lieu dans les établissements et internats scolaires, « premier lieu des violences sexuelles » contre les mineurs au sein de l'Église. Les victimes sont très majoritairement (83%) des garçons, âgés pour la plupart (62%) de 10 à 13 ans. Les sévices sexuels s'inscrivent « dans un continuum de violences pédagogiques », relève aussi la Ciase.
D'après les chiffres de la Ciase, il y aurait donc eu presque 100 000 victimes dans les établissements et internats scolaires en lien avec l'Église.
« Cette loi de l'omerta était générale » dans la société, assure l'évêque de Bayonne [Mgr Aillet]. « Dans les congrégations religieuses, qui jouent un rôle important dans l'enseignement catholique, la culture du silence, inhérente à l'Église, est redoublée du fait de l'obéissance due au supérieur, et d'une culture corporatiste qui incite à garder le silence au sein de la communauté et à protéger ses membres », nuance l'historienne Agnès Demazières. « Ces congrégations exercent aussi une force d'attraction sur des personnalités perverses du fait de ce climat de silence et d'un accès facile à des enfants et des personnes vulnérables », avance la spécialiste de l'histoire du christianisme, autrice de Sans loi ni foi : Prêtres et violences sexuelles. Au cœur du système catholique.
Voir aussi :
- Abbaye-école de Sorèze (1)
- Collège de Combrée (3)
- Collège Richelieu à La-Roche-sur-Yon (1)
- Collège Saint François-Xavier d'Ustaritz (2)
- Collège Saint-Michel à Bruxelles (fiche uniquement)
- Collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon (4)
- Etablissement scolaire Stanislas (5)
- Institution Paul Mélizan (1)
- Institution Saint-Dominique de Neuilly (5)
- Institution Saint-Pierre, à Saint-Pé-de-Bigorre (2)
- L'Immaculée Conception de Pau (fiche uniquement)
- Notre Dame de Garaison (6)
- Notre-Dame de Bétharram (36)
- Notre-Dame du Sacré Cœur à Dax, dit Cendrillon (2)
- Notre-Dame-de-Sion (1)
- Père Raymond Mélizan (1)
- Sainte Croix des Neiges (3)
- Sainte-Marie, à Chagny (1)
- École Ozanam de Limoges (4)
- École Saint-Genès de Bordeaux (1)
- École Saint-Pierre-Fourier (Collège Saint-Maur) (1)
- École Sainte-Marie à Quimper, dite le Likès (1)