Collège Saint François-Xavier d'Ustaritz : un autre Bétharram ?

Scolarisé entre 1977 et 1979 à Ustaritz, ce Biarrot dit avoir subi des attouchements de nature sexuelle, à 12 ans. « C’était un mercredi. Je redescendais du foot après m’être blessé quand je croise le directeur. En l’absence de l’infirmière, il m’invite à monter dans ses appartements, pour s’occuper de moi. J’ai été naïf. » Le garçon souffre au tibia. Mais le prêtre applique la pommade sur la cuisse. « Il appuie très fort, au point que je vire du rouge au bleu. » Renaud Fabier a mal. Il pleure. Et ne comprend pas. « Il remonte de plus en plus, jusqu’à frôler mes testicules. »

L’enfant trouve la force de fuir. Devant les parents de l’élève, l’ecclésiastique nie avoir dérapé. L’affaire ne va pas plus loin. Renaud Fabier la garde jusqu’aux premières révélations dans la presse. « Ça a fait tilt. Je devais parler, pour que mon histoire serve d’exemple. Enfin, je vide mon sac. » Il envisage désormais de déposer plainte.

Sud Ouest

À Ustariz, la violence semble avoir été quotidienne. « C’était sadique, pervers. De l’hyperviolence. Des raclées pour rien. » Renaud Fabier mime ce surveillant, qui fait palpiter sa mâchoire avant de cogner. Ce professeur de physique, qui vise les têtes avec sa brosse en bois. Gilles décrit « la punition fétiche ». « À genoux sur une règle en bois. Interdiction de poser les fesses au sol. » Pas de dîner avant d’avoir récité la leçon par cœur. « L’un des curés était champion de chistera. Au moindre bruit, il nous mettait des baffes monumentales avec ses énormes mains. »

Sud Ouest

Cyril Ganne arrive à Saint-François Xavier en septembre 1983. Il est en classe de CM2. « Dès le début de l’année, je me fais coincer dans un coin de la cour par des élèves plus vieux que moi, l’un d’entre eux me met le ventre sur ses genoux, et en public, il passe sa main sous mon short et procède à des pénétrations anales. » Des faits qui vont bouleverser le garçon et surtout lui accoler une « étiquette » d’homosexuel. « Un putain de calvaire cette étiquette », précise dans un sanglot le quinquagénaire traumatisé à vie par cette histoire. Et pas question de se plaindre auprès des enseignants. « J’avais trop honte. » L’établissement qui a semble-t-il fermé les yeux sur des faits et des comportements connus de tous.

France Bleu

Un groupe Facebook a été créé : Anciens du collège Saint François Xavier d’Ustaritz victimes de violences.

Lettre ouverte de Mme LOPEPE, chef d’établissement

Lettre ouverte
Mercredi 26 février 2025

L’article récemment paru dans la presse évoque notre établissement dans le cadre d’accusations de violences physiques et psychologiques subies par d’anciens élèves dans les années 1960 et 1980. Ces révélations suscitent une émotion légitime et interrogent chacun d’entre nous.

Je souhaite avant tout rappeler que ces faits révolus, sur lesquels la lumière doit être faite, concernent une période lointaine. Notre établissement a évolué depuis, avec des pratiques éducatives qui ont profondément changé. Cependant, le passé nous oblige. Il ne peut être ignoré ni minimisé, car les résonances de ces drames sur les vies humaines ne connaissent pas de prescription.

Nous condamnons sans réserve toute forme de violence, qu’elle soit physique, psychologique ou sexuelle, et en particulier lorsqu’elle est perpétrée dans un lieu qui aurait dû être un espace de confiance et de construction. Ces actes sont inacceptables et contraires aux valeurs que nous défendons. A la justice de suivre son cours et à nous d’offrir un cadre dans lequel la parole des victimes puisse être entendue avec respect et considération.

Prendre le temps d’écouter ces témoignages, c’est déjà refuser l’oubli. C’est reconnaître la souffrance de ceux qui ont été blessés, mais aussi contribuer à bâtir une société où les violences ne trouvent plus de terrain fertile, notamment dans des contextes de vulnérabilité ou d’emprise. Le passé oblige notre présent.

Ces révélations, bien qu’anciennes, nous rappellent l’exigence absolue qui doit être la nôtre en matière de protection des jeunes. L’Enseignement catholique, auquel notre établissement contribue pleinement, porte un projet fondé sur une conviction essentielle : chaque vie humaine est précieuse. « Tu as du prix à mes yeux. » Ce regard profondément espérant bannit de fait toute forme de violence et impose une posture éducative exigeante.

Nous ne pouvons participer à l’unification de la personne – à son éducation intégrale – sans nous appuyer sur la Parole : l’Évangile, qui est notre source, mais aussi le projet de l’Enseignement catholique, notre projet d’établissement et notre projet pastoral. Cela signifie donner des signes concrets de cette parole, par notre exemplarité, par un cadre de sécurité inébranlable pour nos jeunes et par un travail sans relâche pour assurer leur bien-être.

Depuis de nombreuses années, nous avons renforcé nos dispositifs de prévention et de protection. Aujourd’hui, nous veillons à ce que chaque enfant puisse grandir dans un environnement sûr, où il se sait respecté, écouté et protégé. Nous poursuivrons avec détermination la formation des adultes à la vigilance, à la prévention des abus et à la lutte contre toute forme d’emprise.

Aujourd’hui, nous ne savons pas encore si ces violences étaient systémiques ou limitées à des actes isolés, mais nous prendrons le temps d’écouter, de comprendre et d’agir. Car nous avons une responsabilité collective : celle de faire en sorte que plus jamais de telles situations ne puissent se produire.

Nous devons faire de cette épreuve un point d’ancrage pour une vigilance accrue. La confiance ne se décrète pas, elle se construit. C’est pourquoi nous nous engageons à porter un projet éducatif exigeant, qui fait de la dignité de chaque enfant sa priorité absolue.

Nous invitons toute personne souhaitant échanger, témoigner ou poser des questions à nous contacter à l’adresse suivante : secretariat@sfxustaritz.fr. Afin que nous puissions vous répondre et vous accompagner au mieux, merci d’indiquer vos coordonnées complètes (nom, prénom, numéro de téléphone).

Avec confiance et engagement,

Mme LOPEPE, chef d’établissement

Collège Saint François Xavier