L'ancien prieur de Riaumont sera jugé en mars pour détention et consultation de fichiers à caractère pédopornographique

Riaumont

Riaumont, de quoi parle t-on ?

L’Institut Sainte-Croix de Riaumont

L’Institut Sainte-Croix de Riaumont, de spiritualité bénédictine, a été fondée en 1958 par le père Albert Revet sur la colline de Riaumont dans le Pas-de-Calais 🡵. Les prêtres célèbrent la liturgie en latin, dans la forme extraordinaire du rite romain 🡵.

D’un point de vue spirituel, l’Institut Sainte-Croix est rattachée à l’abbaye Notre-Dame de Fontgombault (Indre) 🡵 : les prêtres sont oblats réguliers de l’Abbaye de Fontgombault.

D’un point de vue canonique, il est difficile de savoir si l’Institut Sainte-Croix de Riaumont relève du droit diocésain (donc de l’évêché d’Arras) ou du droit pontifical, avec dans ce cas un rattachement direct au Vatican. Malgré des investigations, Ixchel Delaporte n’est pas parvenue dans son livre à obtenir de réponse définitive (elle explique ses démarches aux pp. 352 à 356). On notera que :

• La page d’accueil du site internet de l’institut indique que ce dernier est « Reconnu canoniquement par le pape Jean-Paul II » 🡵, ce qui n’aide pas à connaître son statut canonique exact.
• Mgr Jean-Paul Jaeger, évêque d’Arras de 1998 à 2020, affirmait en 2018 n’avoir aucune « responsabilité quelconque » sur la communauté 🡵, ce qui semble indiquer un rattachement direct au Vatican, comme le revendiquent les membres de l’Institut Sainte-Croix de Riaumont.

Le village d’enfants

• 1960 Fondation du village d’enfants par le père Albert Revet dans le bois de Riaumont à Liévin, avec une pédagogie inspirée du scoutisme. Il accueille des enfants placés par la direction départementale des affaires sociales, alors que la délinquance infantile est importante dans le contexte de fermeture des mines. Le village d’enfants se positionne en tant qu’œuvre sociale et il est à ce titre subventionné par l’état qui trouve là un moyen peu cher de placer des enfants 🡵. Les enfants sont alors scolarisés à l’école publique du village .
• 1979 Une enseignante du collège public de Riaumont lance l’alerte sur les violences que subissent ses élèves de l’internat en publiant une lettre ouverte (livre de Ixchel Delaporte, p143).
• 1982 Suite aux alertes lancées par l’enseignante, l’agrément ministériel est retiré 🡵 et le village d’enfants ne peut plus accueillir d’enfants placés par la DDASS 🡵.
• 1983 Le village continue à accueillir de manière illégale des enfants venus des boat people, vietnamiens, laotiens, mais aussi des enfants placés toujours par la DDASS sans aucune légitimité administrative. Il commence également à accueillir une poignée d’enfants confiés par leurs parents 🡵.
• 1989 Création d’un établissement privé hors contrat accueillant les enfants directement envoyés par leur famille 🡵.
• 2019 Fermeture administrative de l’école 🡵 suite aux informations judiciaires des années 2010. Ouverture à de jeunes majeurs (garçons de 18 à 25 ans) comme lieu de vie et d’accueil 🡵.
• 2025 Un arrêté préfectoral interdit les séjours courts de mineurs au village d’enfants de Riaumont 🡵.

Scouts et Guides de Riaumont

Il existe plusieurs unités des Scouts et Guides de Riaumont, listées sur le site internet du village de Riaumont. Ces unités sont basées à Riaumont (plus exactement Liévin), et également à Fontgombault et à Paris.

A Riaumont, se trouve également

• Un mémorial national des scouts morts pour la France 🡵.
• Un centre de documentation sur le scoutisme baptisé « laboratoire scout » 🡵.

Affaires judiciaires

• 2001 Une grand-mère dépose plainte pour signaler les sévices subis par son petit-fils", qui « s’est suicidé quelques semaines plus tard » 🡵. Un non-lieu est finalement prononcé 🡵.
• 2010 A la faveur d’une dénonciation pour violences, en 2010, que le parquet de Béthune lance les premières investigations autour du village d’enfants de Riaumont 🡵.
• 2013 Première plainte pour des faits de violences physiques et sexuelles 🡵. Une enquête est ouverte. Elle marque le départ de ce qui va suivre jusqu’à 2019.
• 2014 Ouverture de trois informations judiciaires : une première pour « viols aggravés et agressions sexuelles aggravées sur mineur de 15 ans », une deuxième pour « viols aggravés et agressions sexuelles aggravées sur mineur de 15 ans commis par un mineur » et une troisième pour « maltraitance sur mineurs de 15 ans » 🡵.
• 2017
  • Ouverture d’une quatrième information judiciaire pour des faits de « détention et consultation de fichiers à caractère pédopornographique » 🡵. Le père prieur d’alors, Alain Hocquemiller, est mis en examen après la découverte d’images pédopornographiques dans son ordinateur 🡵 et part dans un monastère près de Toulouse 🡵 avant de revenir plus tard à Riaumont 🡵.
  • Une inspection pédagogique est diligentée 🡵.
  • Un contrôle de sécurité de la préfecture du Pas-de-Calais rapporte « des observations » 🡵.
• 2018
  • Seconde inspection pédagogique 🡵.
  • Les contrôles de sécurité de la préfecture du Pas-de-Calais « n’ont pas permis d’identifier des manquements sur la sécurité publique » 🡵.
  • L’ancien prêtre-infirmier est interpellé près de Vannes (Morbihan) dans un lieu de retraite où il avait été exfiltré par la communauté, avant d’être mis en examen et écroué pour agressions sexuelles 🡵.
• 2019
  • Quatre religieux, dont deux prêtres de l’Institut de la Sainte-Croix sont mis en examen pour « violences légères » sur mineurs par personne ayant autorité 🡵.
  • Fermeture administrative de l’école 🡵.
• 2021 Une plainte est déposée pour « violences sexuelles » par un ancien pensionnaire de l’internat. Bruno Raout, au cœur d’un livre-enquête accablant de la journaliste Ixchel Delaporte paru en mars 2020, y témoigne de violences sexuelles qu’il impute à Philippe Peignot (qui a ensuite rejoint la Fraternité Saint-Pie-X où il a été sanctionné pour de nouveaux abus sexuels, avant de rejoindre la mouvance de Williamson), alors encadrant à Riaumont, à la fin des années 1970 🡵.
• 2022 Une autre plainte est déposée pour « violences sexuelles » par Djamal Fekrache contre le père Revet et un autre éducateur. La procédure n’aboutira pas : le fondateur est mort en 1986 et les faits sont prescrits vu leur ancienneté – ils remontent à la fin des années 1960. Il témoigne lui aussi dans le livre de Ixchel Delaporte.
• 2024 Dans l’affaire de la fermeture de l’école en 2019, le Conseil d’État refuse le pourvoi en cassation des plaignants, mettant fin à l’action en justice 🡵.
• 2025
  • Un arrêté préfectoral interdit les séjours courts de mineurs au village d’enfants de Riaumont 🡵.
  • En mars, L’ancien prieur de Riaumont, âgé de 60 ans, sera jugé pour des « faits de consultation habituelle en ligne, d’acquisition ou détention d’images pédopornographiques 🡵.

Les Enfants martyrs de Riaumont

En 2022, Ixchel Delaporte publie Les Enfants martyrs de Riaumont. Enquête sur un pensionnat intégriste (Rouergue). Ce livre aura un très fort retentissement médiatique. Selon l’auteure, « L’univers créé par le père Revet et ceux qui ont suivi ses traces est un univers de violence et de perversion sexuelle. C’est aussi un pensionnat avec une idéologie très forte. On bourrait le crâne aux enfants, on les faisait vivre en vase clos le plus possible comme dans une secte. Leur idéologie, c’est celle de l’extrême droite catholique dans toute sa splendeur, avec des liens et des rencontres régulières avec des intégristes belges et allemands. L’idée folle étant de constituer des petits soldats du Christ prêts à repartir en croisade pour défendre l’Europe blanche et chrétienne » 🡵.

En 2024, un documentaire éponyme de Ixchel Delaporte et Remi Benichousera est diffusé sur Arte. Pour Riaumont, « ce documentaire est une horreur et une manipulation pleine de fake-news » 🡵.

Pour le livre comme pour le documentaire, Riaumont conteste vigoureusement de nombreux points développés par Ixchel Delaporte : « Les procédés journalistiques tendancieux de Madame Ixchel DELAPORTE ne favorisent pas une véritable libération de la parole des victimes. Elle étouffe les plaintes les plus authentiques sous le vacarme des calomnies haineuses » 🡵. Le site internet de Riaumont référence ce qu’ils qualifient d’« informations trompeuses » et de « stratagèmes de la désinformation ». Une vidéo est également produite pour défendre Riaumont.