Abbé Pierre : aucune enquête ne sera ouverte en raison de la prescription des faits

Arnaud Gallais pointe la responsabilité de la Conférence des évêques de France et d’Emmaüs car « ils ont tout fait pour orchestrer ce silence au niveau des victimes et maintenant ils viennent dire que quelque chose n’est pas normal » 🡵.

L’Eglise catholique avait demandé à la mi-janvier à la justice d’étudier la possibilité d’une enquête sur l’affaire abbé Pierre, avec un signalement « pour non-dénonciation de viols et agressions sexuelles sur personnes vulnérables et mineurs ». Par courrier, le 24 janvier, « le parquet de Paris a fait savoir que l’action publique était éteinte par le décès du mis en cause en 2007 en ce qui le concernait personnellement, et prescrite en ce qui aurait éventuellement pu concerner des non-dénonciations de faits », a-t-il précisé.

Le Monde

Selon nos informations, un autre signalement pour « non-dénonciation de crimes et agressions sexuelles sur des femmes et des enfants », avait aussi été fait en septembre 2024 par l’association MOuv’Enfants. Et une plainte avait également été déposée en octobre pour le même motif, par une des victimes identifiées par le cabinet Egae, qui avait raconté avoir subi des attouchements, y compris sur ses parties intimes, et subi un baiser forcé en 1974 et 1975, quand elle avait 8 à 9 ans.

La Croix

Et maintenant ?

La décision du parquet, d’une certaine façon, a un côté « convoquant » pour les institutions ecclésiastiques et Emmaüs : la balle est dans leur camp. Comment le mouvement Emmaüs et l’Église vont-ils faire toute la clarté possible, sans prétendre pour autant pouvoir faire toute la vérité ? Ce n’est pas rendre justice bien sûr – ce que seul un juge ou un tribunal peut faire –, mais c’est bien une manière de faire justice.

Aujourd’hui, la réponse du parquet a cet effet de nous tourner tous vers les responsables moraux que sont les institutions, l’Église et Emmaüs. À elles de faire tout ce qui peut être fait pour donner tous les moyens nécessaires à la commission historique mandatée par Emmaüs et conduite par la sociologue Céline Béraud, pour qu’elle puisse donner à comprendre ce qui s’est passé pour que les méfaits d’Henri Grouès soient aussi massifs et qu’il demeure dans l’impunité jusqu’à sa mort.

Sœur Véronique Margron, citée par La Vie

L’enquête incombe donc « aux historiens et aux sociologues, en ayant toute la latitude et les moyens de le faire, évidemment, mais cela relève d’un autre champ », estime [Véronique Margron]. Elle souligne par conséquent l’importance de la commission d’enquête indépendante nommée par Emmaüs et dirigée par la sociologue Céline Béraud afin d’une part de « comprendre qui aurait dû dénoncer l’abbé Pierre et ne l’a pas fait », mais aussi de « prendre soin de chaque personne victime qui s’est déclarée, de celle qui voudrait ou pourrait se déclarer aujourd’hui, et de rendre possible un chemin de réparation pour elle ».

« Je veux comprendre tout ce qui peut être compris », poursuit la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France. « Comment est-ce possible que cet homme ait sévi 50 ans ? Quelles ont été les éventuelles complicités passives ? Quelles ont été les lâchetés ? Les aveuglements qui ont rendu possible une telle impunité ? Je pense que c’est ça, la question », plaide-t-elle.

France Info

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