Inefficaces et dommageables, les lenteurs de la justice ecclésiale
Dans un document publié sur son site internet, l’AVREF montre à travers plusieurs exemples les lenteurs de la justice ecclésiale.
Le délai constaté pour chaque cas est calculé à partir de la date à laquelle il est patent que l’autorité ecclésiale était informée, jusqu’à la prise en compte des abus. Dans son dossier, l’AVREF détaille les alertes et la prise en compte des abus dans une fiche dédiée à chaque cas répertorié dans le tableau.
Bien entendu, on pourra vraisemblablement discuter des dates de certains cas, et ajuster le délai constaté par l’AVREF à la hausse ou à la baisse. Mais l’ensemble du tableau dresse un constat sans appel : la lenteur de l’Église. L’AVREF plaide donc pour que des mesures soient prises dans l’intérêt des victimes.
Fondateur/trice ou Supérieur/e | Communauté ou congrégation | Délai constaté |
---|---|---|
MARIE AGNES, Mère Supérieure | Bénédictines du Sacré Cœur de Montmartre | Entre 20 et 30 ans |
PEQUIGNEY Roger | Chanoines réguliers de la Mère de Dieu (abbaye de Lagrasse) | 20 ans |
CROISSANT Gérard (Ephraïm) | Lion de Juda et Agneau immolé devenu la Communauté des Béatitudes | 18 ans |
RUPNIK Marko et HOSTA Ivanka | Loyola | 33 au moins pour Marko Rupnik et 29 ans pour Ivanka Hoska |
GUERIN Jean François | Communauté Saint Martin | 20 ans |
DUPONT Marie | « Communauté Bethléem » Famille Monastique de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge et de saint Bruno | Supérieur à 23 ans |
MARTIN Jean Michel | Focolari (Branche française du mouvement) | Supérieur à 50 ans |
LEDOUX Clémence, puis FAYE Marie Pierre | Famille de Marie, Reine Immaculée | 26 ans pour ouvrir une enquête, 14 ans pour démettre le supérieur |
MACIEL Marcial | Légion du Christ, Regnum Christi | Supérieur à 55 ans |
BUELA Carlos Miguel | Institut du Verbe Incarné | 32 ans |
de ROUCY Thierry | Points Cœur | 18 ans |
PHILIPPE Thomas | L’Eau Vive, la Ferme de L’Arche, plusieurs couvents | 6 ans pour l’Affaire de l’Eau Vive, Jamais inquiété pour le reste. |
PHILIPPE Marie Dominique | Saint Jean | 38 ans |
CLA DIAS Joao | Hérauts de l’Évangile | |
FIGARI Luis Fernando | Sodalitium Christianae Vitae, (SCV) Sodalicio | 15 ans pour révocation et 25 ans pour dissolution papale |
ROUSSEL GALLE Marcel | Travailleuses Missionnaires de l’Immaculée | voir ci dessous |
Adeptes de ROUSSEL GALLE | Famille Missionnaire Donum Dei | Supérieur à 60 ans |
PLINIO DE RIVERA | TFP, Tradition Famille et Propriété | 25 ans |
CLA DIAS Joao | Hérauts de l’Évangile | 10 ans |
BONNEVAL Georges et Marie Josette | Verbe de Vie | 34 ans |
Informations complémentaires
Appel à Témoignages à propos de Jean-Michel Merlin
Appel à témoins du 2 janvier 2024
Le Mouvement des FOCOLARI, mouvement ecclésial, mandatait un Cabinet indépendant après la révélation de faits délictueux commis par l’un de ses membres, Monsieur Jean-Michel MERLIN.
Ce dernier était accusé d’agressions sexuelles sur mineurs et majeurs, commises au fil des années au sein de ce mouvement religieux. Nombre de victimes se manifestaient et rapportaient les actes commis à leur encontre.Le Tribunal Judiciaire de Nanterre, fort de ces éléments, saisissait la Brigade Territoriale de Protection de la Famille de la Sûreté Territoriale des Hauts de Seine, chargée de la poursuite des investigations, et notamment de la recherche de témoins et victimes non encore identifiés.
Toute personne susceptible d’apporter des éléments intéressant l’enquête, ou souhaitant signaler des faits dont elle aurait été victime en lien avec la présente affaire, peut contacter la Brigade Territoriale de Protection de la Famille par courriel à l’adresse suivante :
appelatemoin-btpf92@interieur.gouv.fr (7j/7, 24h/24)
L'Institut du Verbe incarné et les Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matara
- https://frejustoulon.fr/diocese/communautes/institut-du-verbe-incarne/
- https://monasteriodevalvanera.es/fr/ive/
- https://www.servantesduseigneur.com/notre-histoire/
- https://institutduverbeincarne.org/linstitut-du-verbe-incarne-2/
- https://www.cath.ch/newsf/argentine-un-repit-pour-l-institut-du-verbe-incarne/
- https://web.archive.org/web/20180906124731/https://cruxnow.com/global-church/2016/12/27/institute-incarnate-word-founder-guilty-sexual-misconduct/
- https://www.golias-editions.fr/2010/06/14/linstitut-du-verbe-incarne-accueilli-dans-le-diocese-de-frejus-toulon-epingle-par-le-vatican-quen-pense-mgr-rey-leveque-qui-est-alle-les-chercher-en-argentine/
- https://riposte-catholique.fr/archives/198286
- https://www.cath.ch/newsf/argentine-leglise-reconnait-abus-sexuels-seminaristes/
- https://www.infocatolica.com/?t=ic&cod=51357
- https://www.infocatolica.com/?t=noticia&cod=51356
- https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2025-01/vatican-nomination-delegues-pontificaux.html
- https://www.pillarcatholic.com/p/vatican-names-special-delegates-to
- https://www.religiondigital.org/vaticano/Nuevo-Santos-Abril-Instituto-Encarnado_0_2554544525.html
- https://paroisseleluc.com
- https://www.paroissevisitation.com
- https://smdv.fr/le-cure
- https://www.servantesduseigneur.com/france/
Introduction
La Famille Religieuse du Verbe Incarné, fondée en Argentine par le père Carlos Miguel Buela (1941-2023), se compose de deux Instituts et d’un Tiers Ordre de laïcs 🡵.
- L’Institut du Verbe Incarné (fondé en 1984), est composé de prêtres et de frères, en deux branches, une apostolique, et une contemplative.
- L’institut « Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matará » (fondé en 1988) est la branche féminine, composée des sœurs de vie apostolique et des sœurs de vie contemplative.
- Au Tiers Ordre appartiennent des laïcs, qui désirent vivre notre spiritualité, dont certains se consacrent par des vœux privés.
Aux trois vœux traditionnels, un quatrième d’esclavage marial est ajouté, inspiré par Saint Louis-Marie Grignion de Montfort 🡵.
Chronologie
- 1972 Ordination du père Carlos Miguel Buela 🡵.
- 1984 Fondation de L’Institut du Verbe Incarné par le père Carlos Miguel Buela, à San Rafael en Argentine 🡵.
- 1988 Fondation de l’Institut des Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matará par le père Carlos Miguel Buela, à San Rafael en Argentine 🡵.
- 1995 Mgr Delgado est nommé Commissaire Pontifical à cause de problèmes d’ordre disciplinaire. Ce dernier décrète, de concert avec le Saint-Siège, la fermeture des trois maisons de formation entre l’Argentine et le Pérou, ainsi que le transfert de la Maison générale au diocèse de Velletri, près de Rome 🡵.
- 2001 La fermeture de trois maisons de formation de l’Institut du Verbe Incarné, décidée par un commissaire pontifical et avalisée par le dicastère compétent de la curie romaine, a été reportée « par respect des élèves et de leurs familles ». La fermeture du noviciat a été renvoyée au 30 juin, celle du grand séminaire au 31 août et celle de la maison de formation du petit séminaire à la fin de l’année. Il s’agit des trois maisons de formation de la province de Saint Raphaël, qui comprend l’Argentine et le Chili 🡵.
- 2004 Mgr Andrea María Erba, évêque de Velletri-Segni, érige l’IVE en tant qu’Institut religieux de droit diocésain 🡵.
- 2010 Le père Carlos Miguel Buela prend sa retraite en tant que supérieur général de l’IVE. En 2016, le Vatican rappellera que le fondateur « n’a absolument pas le droit d’avoir des contacts avec les membres de l’Institut du Verbe Incarné ». « Il ne peut pas non plus faire de déclarations, apparaître en public ou participer à une activité ou une réunion, que ce soit en personne ou par tout autre moyen de communication » 🡵.
- 2010 Deux commissaires pontificaux (Mgr Domingo Castagna et de Mgr Alfredo Zecca) visitent l’institut 🡵.
- 2010 Le père Carlos Miguel Buela est reconnu coupable de comportements inappropriés avec des majeurs. Il doit alors quitter l’Argentine et se retirer à l’abbaye de la Pierre-qui-Vire, en France 🡵.
- 2015 Deux commissaires pontificaux, Angelo Todisco et Philippe Toxé prennent en charge le gouvernement 🡵.
- 2016 L’Eglise argentine reconnaît que le père Carlos Miguel Buela a violé plusieurs séminaristes. Un autre religieux, le père Fernando Yañez est également impliqué dans cette affaire 🡵 🡵. Le père Carlos Miguel Buela est alors installé à Gênes, en Italie 🡵.
- 2019 Le cardinal Santos Abril y Castelló est nommé Commissaire Pontifical de l’Institut du Verbe Incarné 🡵.
- 2021 Un tribunal canonique conclut que le père Carlos Buela a commis des crimes graves contre le VI commandement en usant de violence contre au moins cinq membres et anciens membres de l’Institut. Buela fait appel, mais il décède en 2023 avant qu’une décision finale puisse être rendue 🡵 🡵.
- 2023 Décès du fondateur, le père Carlos Miguel Buela à Gênes 🡵.
- 2025 Le Dicastère pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique annoncent que Sœur Clara Echarte et Mgr José Antonio Satué serviront comme délégués pontificaux des branches féminine et masculine, avec pleins pouvoirs de gouvernement 🡵. D’après le décret 🡵, ils auront à travailler sur le parcours de formation et la révision des constitutions. C’est la raison pour laquelle l’admission de nouveaux candidats à l’Institut est suspendue pour une durée de trois ans pour laisser le temps de revoir les parcours de formation. De plus, le décret indique que « le fondateur continue d’être présenté comme un prêtre injustement persécuté par le Saint-Siège, et les victimes sont considérées comme fausses et manquantes de sincérité. Les deux Instituts organisent des pèlerinages à son tombeau et ses écrits ont été réédités et diffusés ». Le décret articule cela avec le « manque de collaboration du Provincial » et se termine par un appel à accepter « ces décisions dans un esprit de foi, de charité et d’obéissance, collaborent volontiers avec le Délégué pontifical, faisant preuve de leur disponibilité en vue du bien de leur Famille religieuse dans l’Église ». Enfin, est regretté dans le décret « une vie communautaire faible, avec des communautés composées de seulement deux membres ou prêtres en isolement pastoral » 🡵.
Ces dernières années, « avec des informations encore incomplètes », 275 religieux (pour la plupart prêtres) ont quitté l’IVE, il y a eu 125 réductions à l’état laïc, 52 incardinations dans d’autres diocèses, 5 procès soulevés pour la Doctrine de la Foi, 11 expulsions et près de 50 exclaustrations.
Présence en France
Institut du Verbe incarné
- Paroisses de Le Luc (Le Luc, Le Cannet, Flassans et Cabasse), diocèse de Fréjus-Toulon : père Silvio Moreno, père Jean-Marie Baudry, père Pablo Rombola
- Paroisse de la Visitation (Lyon 3°), diocèse de Lyon : père Eugenio Elias
- Paroisse Sainte-Marie-des-Vignes, diocèse de Lyon : père Pablo Gomez
Communautés apostoliques
- Saintes (Diocèse de La Rochelle)
- Sauveterre-de-Béarn (Diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron)
- Le Cannet-des-Maures (Diocèse de Fréjus-Toulon)
- Luçon (Diocèse de Luçon)
Communautés contemplatives
- Saint Fort sur Gironde (Diocèse de La Rochelle)
Père Marko Rupnik
- https://www.renepoujol.fr/affaire-rupnik-schizophrenie-vaticane/
- https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/ou-en-est-la-procedure-du-vatican-contre-marko-rupnik-le-pretre-mosaiste-95042.php
- https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/affaire-rupnik-15-nouvelles-victimes-30-ans-dabus-et-une-procedure-interminable-87113.php
- https://www.la-croix.com/Religion/Abus-nouvelles-sanctions-contre-Marko-Rupnik-15-nouvelles-victimes-identifiees-2023-02-21-1201256142
- https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/victime-de-marko-rupnik-la-mosaiste-soeur-samuelle-brise-le-silence-87789.php
- https://www.cath.ch/newsf/marko-rupnik-renvoye-de-la-compagnie-de-jesus/
- https://www.la-croix.com/religion/abus-sexuels-un-responsable-du-vatican-defend-le-maintien-des-mosaiques-de-marko-rupnik-20240624
- https://www.catholicnewsagency.com/news/260113/victims-feel-betrayed-as-vatican-investigation-of-rupnik-hits-one-year-with-no-answers
- https://www.vaticannews.va/fr/pape/news/2023-10/pape-pere-rupnik-tenue-d-un-proces-abus.html
- https://www.vaticannews.va/fr/vatican/news/2024-02/marko-rupnik-l-enquete-de-la-doctrine-de-la-foi-se-poursuit.html
- https://www.lefigaro.fr/actualite-france/deux-ex-religieuses-temoignent-des-violences-infligees-par-l-influent-pretre-marko-rupnik-20240221
- https://www.la-croix.com/religion/les-victimes-de-marko-rupnik-demandent-la-justice-et-la-transparence-20240221
- https://x.com/vaticannews_fr/status/1674362248465195009
- https://www.youtube.com/watch?v=bil50NUGkOg
- https://riposte-catholique.fr/archives/191466
- https://www.la-croix.com/religion/des-ouvres-de-marko-rupnik-recouvertes-aux-etats-unis-20240712
Chronologie
- 2018-2020 : Première enquête canonique Suite à la dénonciation d’une victime en 2018, Rupnik est excommunié pour « absolution du complice » (il avait donné l’absolution à une femme qu’il avait agressée lors d’une confession en 2015). L’excommunication est de courte durée puisqu’elle est levée un mois plus tard 🡵 par un décret du DDF en mai 2020 🡵. Mais à ce stade, rien n’a filtré ! Le secret des procédures ecclésiastiques a bien fonctionné 🡵.
- 2021-2022 : Deuxième enquête canonique Des accusations relevant d’agressions sexuelles proviennent d’une vingtaine de religieuses et anciennes religieuses 🡵. À la demande de la Congrégation pour la Doctrine de la foi (CDF), la Compagnie de Jésus diligente une enquête et remet ses conclusions. Cependant les faits sont prescrits. Malgré la tentative des jésuites pour lever la prescription, en octobre 2022 le Dicastère pour la Doctrine de la Foi (ex-CDF) clôt le dossier, empêchant l’ouverture d’un procès canonique.
- Décembre 2022-février 2023 : Enquête interne des jésuites Les témoignages d’une quinzaine de nouvelles victimes, établissant alors que : « Les comportements rapportés du père Rupnik ont eu lieu à diverses périodes entre le milieu des années 1980 jusqu’en 2018. Ils couvrent une période de plus de 30 ans. Beaucoup de ces personnes ne se connaissent pas et les faits relatés concernent des périodes différentes (communauté de Loyola, personnes seules qui se déclarent abusées en conscience, harcelées spirituellement, psychologiquement ou sexuellement lors d’expériences relationnelles avec le père Rupnik, personnes ayant fait partie du Centre Aletti). Par conséquent, le degré de crédibilité de ce qui est rapporté ou observé semble être très élevé. » 🡵 En conséquence, de nouvelles sanctions frappent Rupnik : il doit « cesser toute « activité artistique publique », ce qui s’ajoute à l’interdiction, déjà en vigueur, de donner des conférences, de célébrer publiquement la messe ou de quitter la région de Rome sans l’autorisation de ses supérieurs » 🡵.
- Décembre 2022 : médiatisation de l’affaire Rupnik dans la presse, avec le témoignage de « Anne » (Gloria Branciani, sortie de l’anonymat en février 2024) dans le quotidien italien Domani : « Ce n’était pas difficile d’accepter de déboutonner quelques boutons du chemisier. Pour moi, qui étais naïve et inexpérimentée, cela signifiait simplement aider un ami. À cette occasion, il m’a embrassée légèrement sur la bouche, me disant qu’il embrassait ainsi l’autel où il célébrait l’Eucharistie. J’étais abasourdie. » « Ainsi, le sentiment d’être aimée comme la Sagesse jouant devant Dieu, décrit dans le Livre des Proverbes, s’est transformé en la demande de jeux de plus en plus érotiques dans son atelier à Rome, pendant qu’il peignait, après la célébration de l’Eucharistie ou la confession. » Elle assène alors : « Son obsession sexuelle n’était pas improvisée mais profondément liée à sa conception de l’art et à sa pensée théologique. » 🡵.
- Début 2023 : Témoignage de Ester (Mirjam Kovac, sortie de l’anonymat en février 2024) : elle témoigne d’abus psychologiques 🡵.
- Avril 2023 : Témoignage de sœur Samuelle Cheron dans La Vie 🡵.
- Juin 2023 : Renvoi de Rupnik des Jésuites et l’incardination en Slovénie Rupnik est renvoyé de la Compagnie de Jésus « en raison de son refus obstiné d’observer le vœu d’obéissance », notamment ses voyages, en dépit des restrictions de déplacement qui lui étaient imposées 🡵. Il refusait notamment de quitter le Centre Aletti comme le lui ordonnent ses supérieurs 🡵.
- 2023 Accueilli et incardiné dans le diocèse de Koper en Slovénie 🡵: « tant que le révérend Rupnik n’a pas été reconnu coupable lors d’un procès public devant un tribunal, il jouit de tous les droits et devoirs des prêtres diocésains » 🡵. Il n’est donc pas restreint dans ses activités par des mesures conservatoires.
- Octobre 2023 : lancement d’une troisième enquête canonique Le pape François lève la prescription pour permettre la tenue d’un procès 🡵.
- Février 2024 : conférence de presse de deux anciennes religieuses Mercredi 21 février, s’est tenue à Rome, au siège de la Fédération nationale de la presse italienne (FNSI), une conférence de presse de deux anciennes religieuses consacrées de la Communauté de Loyola, Gloria Branciani et Mirjam Kovac, accompagnées de leur avocate Laura Sgrò 🡵. « Il disait que je ne grandirais pas spirituellement si je ne subvenais pas à ses besoins sexuels », a raconté lors d’une conférence de presse à Rome Gloria Branciani, membre de cette communauté jusqu’à son départ en 1994. Parmi ses méthodes, le père Rupnik invoquait la Trinité pour contraindre les religieuses à avoir des relations sexuelles à trois avec lui, a-t-elle rapporté en dénonçant une emprise « morale, spirituelle et psychologique » 🡵 ainsi que les visionnages forcés de films pornographiques, dans deux cinémas romains « où Rupnik avait ses habitudes » 🡵.
- Fin octobre 2024 : les victimes disent se sentir déçues et trahies face au manque de réponse et de transparence de l’Église 🡵.
- Début 2025 Incardiné dans le diocèse slovène de Korper depuis 2023, Rupnik continue de vivre dans le centre d’art Aletti qu’il a fondé à Rome.
Dicastère pour la Communication du Saint-Siège
Le Dicastère pour la Communication du Saint-Siège a continué à illustrer ses publications avec des œuvres de Rupnik. Comme par exemple pour la fête de saint Irénée de Lyon en juin 2023.
Au cours d’une conférence donnée aux États-Unis vendredi 21 juin [2024], le préfet du dicastère pour la communication a estimé que la destruction des œuvres du mosaïste accusé de multiples viols et d’emprise n’était pas une « réponse chrétienne ». « Retirer, effacer, détruire l’art n’a jamais été un bon choix », s’est justifié Paolo Ruffini, selon des propos rapportés par le magazine jésuite America. Le communicant italien a surtout affirmé vouloir attendre le jugement émis par le dicastère pour la doctrine de la foi, à l’issue d’un procès en cours, pour se prononcer. « Nous parlons d’affaires que nous ne connaissons pas. Qui suis-je pour juger les histoires de Rupnik ? », a-t-il fait valoir, avant d’ajouter : « Je pense qu’en tant que chrétiens, nous devons comprendre que la proximité avec les victimes est importante, mais je ne sais pas si le fait de retirer l’art de Rupnik est un moyen de nous rapprocher d’elles. » 🡵
Les mosaïques de Lourdes : Interview de Mgr Jean-Marc Micas, publiée le 2 juillet 2024
D’un côté « elles empêchent aujourd’hui des milliers de personnes de venir à Lourdes chercher ce pourquoi Lourdes est fait. » à 10:00… d’un autre, « J’ai décidé de ne pas les retirer dans l’immédiat, tant le sujet suscite de passions et de violence », sans que l’on sache de quelles violences il est question… des courriers peu aimables, peut-être ? Comme le dit Philippine de Saint-Pierre « Comment est-ce que vous pouvez annoncer une décision qui n’est pas en accord avec votre conviction profonde ? On a le sentiment que c’est privilégier une unité dont on ne sait pas très bien ce que c’est (…) au détriment de ce que vous disiez pour les victimes. » à 14:20
Y aurait-il quelques pressions romaines ? Selon Mgr Jean-Marc Micas, « tout le monde donne des avis. Jusqu’au plus haut niveau, mais ce sont des avis. ça n’a pas le statut d’ordre impérieux et je n’ai plus qu’à m’exécuter. C’est pas de cette nature. » à 17:47. Dans le contexte des récentes prises de position de Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la communication, et du Cardinal Sean O’Malley, président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, il semble plus que probable que Mgr Jean-Marc Micas ait été mis fortement sous pression.
Seule modeste avancée : les mosaïques ne seront plus éclairées la nuit, notamment pendant la procession aux flambeaux qui rassemble chaque soir au bord du Gave des milliers de pèlerins en quête de consolation et de réparation.
Rappel : les mosaïques de Lourdes peuvent être démontées sans être abîmées, car cette possibilité a été prévue dès leur installation.
Les Chevaliers de Colomb recouvrent des mosaïques de Rupnik (12 juillet 2024)
Les Chevaliers de Colomb, une association de bienfaisance catholique, ont annoncé leur décision de recouvrir les œuvres mosaïques de Marko Rupnik dans les deux chapelles du sanctuaire national Saint-Jean-Paul II à Washington, ainsi que dans la chapelle du siège des Chevaliers à New York 🡵.
« Notre première préoccupation doit être les victimes d’abus sexuels, qui ont déjà énormément souffert et qui risquent d’être encore plus blessées par l’exposition permanente des mosaïques au Sanctuaire », a déclaré Patrick Kelly, le chevalier suprême de l’organisation caritative catholique, précisant que cette décision était le fruit d’un « processus approfondi ». 🡵
Pères Dominique Savio et Henri Suso
- https://www.la-croix.com/Religion/Sous-emprise-enquete-exclusive-abus-sexuels-presumes-internat-catholique-2023-01-12-1201250368
- https://beatitudes.org/communique-du-24-janvier-2023/
- https://beatitudes.org/transfert-de-lenquete-canonique-preliminaire-au-tpcn/
- https://www.la-croix.com/Religion/Beatitudes-pere-Dominique-Savio-ecarte-gouvernance-2023-01-24-1201252129
- https://www.la-croix.com/Debats/Sous-emprise-seule-verite-2023-01-12-1201250363
Remarque
- Le père Dominique Savio se fait également appeler Martin de Tours ou parfois Martin Silva. Son nom civil est Georges Silva.
- Le père Henri Suso se fait également appeler Père Marie-Bernard d’Alès, en référence à son nom civil : Bernard d’Alès.
Entre 1988 et 2007, la Communauté des Béatitudes est responsable d’un internat de garçons appelé le Cours Agnès-de-Langeac. Situé à Autrey, dans les Vosges, cet établissement est destiné à des collégiens et lycéens qui réfléchissaient à devenir prêtre. Au moins 10 anciens élèves du Cours Agnès-de-Langeac auraient subi des actes susceptibles d’être qualifiés d’atteintes ou d’agressions sexuelles, de viol ou de tentative de viol commis par deux prêtres de l’internat, les pères Dominique Savio et Henri Suso 🡵.
- 2001 Le père Dominique Savio quitte la France pour reprendre des études de théologie à Lugano, en Suisse.
- 2002 Le parquet d’Épinal ouvre une information judiciaire pour des faits d’« agression sexuelle par personne ayant autorité » sur d’anciens élèves d’Autrey à l’encontre de Dominique Savio. Les charges sont finalement abandonnées.
- 2008 Le parquet d’Épinal rouvre l’enquête concernant le père Dominique Savio. Entre 2008 et 2010, 71 procès-verbaux sont dressés par les enquêteurs de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP).
- 2009 Le père Henri Suso quitte la Communauté des Béatitudes et il est accueilli dans le diocèse de Fréjus-Toulon 🡵.
- 2010 Dominique Savio est placé en garde à vue par les enquêteurs de l’OCRVP. « L’attitude de Georges Silva (nom civil de Dominique Savio, NDLR) lors de sa garde à vue ne nous permet pas d’écarter la possible existence d’autres victimes, écrit le policier en charge de l’enquête dans ses conclusions. En effet, notre interlocuteur n’a, à aucun moment, fait de déclarations spontanées, se contentant de nier tout en bloc avant de reconnaître peu à peu et exclusivement les faits que nous présentions et en essayant, à chaque fois, d’atténuer au maximum la gravité de ses actes. » Cependant, le parquet d’Épinal décide de classer sans suite les faits portés à sa connaissance pour prescription pour certains faits et infraction insuffisamment caractérisée pour d’autres.
- 2011 Un ancien élève de l’internat d’Autrey contacte le Commissaire pontifical de la Communauté pour l’informer qu’il allait déposer une plainte contre le père Marie-Bernard d’Alès [autre nom de Henri Suso] auprès du tribunal ecclésiastique du diocèse de Fréjus-Toulon. Le Fr. Henry Donneaud exhorte alors le jeune à porter plainte devant la justice civile, ce que ce dernier refuse 🡵. Le témoignage est également envoyé à Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon où le père Henri Suso est accueilli depuis 2009 🡵.
- 2012 Henri Suso « a été reconnu coupable du délit d’abus sexuel continu sans violence sur la personne de [Florent] dans le cadre d’un procès pénal canonique en date du 2 octobre 2012 et, à ce titre, des mesures conservatoires lui ont été notifiées » : obligation d’un suivi psychologique et psychiatrique pendant cinq ans, et interdction de s’approcher de jeunes de moins de 25 ans, de l’un et l’autre sexe, pendant dix ans. Les sanctions canoniques ne sont jamais rendues publiques.
- 2015 Dominique Savio est élu assistant général – c’est-à-dire numéro deux – de la communauté des Béatitudes, qui vient de se réformer. En 2019, il est reconduit dans ses fonctions.
- 2016 Henri Suso est nommé aumônier du centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède, qui compte de nombreux détenus de moins de 25 ans, le 4 janvier 2016, c’est-à-dire quatre ans seulement après sa condamnation… donc en contradiction avec celle-ci. Mais comme la sanction n’est pas publique, ni l’administration pénitentiaire, ni les victimes ne viendront se plaindre.
- 2022 Les faits sont portés pour la première fois à la connaissance de la justice civile, avec un signalement effectué par le diocèse auprès du procureur au mois de février 🡵.
- 2023 « À la suite de l’article de Mikael Corre publié dans La Croix L’Hebdo en janvier 2023, mettant en cause plusieurs prêtres pour des faits commis au Cours Agnès de Langeac d’Autrey, une enquête préliminaire canonique avait été ouverte par l’Archevêque de Toulouse » 🡵 🡵. L’enquête concernant plusieurs diocèses, elle est confiée au TPCN 🡵.
- 2023 Le père Dominique Savio, numéro deux de la communauté des Béatitudes, est déchargé de ses responsabilités 🡵. Une décision qui fait suite à l’article de Mikael Corre, publié dans La Croix le 12/01/2023 🡵.
La majorité des informations de cette section provient d’un article de Mikael Corre, publié dans La Croix le 12/01/2023.
Un des enseignements de ce dossier est que le silence entretenu collectivement contribue à maintenir les personnes victimes sous emprise. Dans cette enquête [celle de Mikael Corre], notre journaliste a eu l’occasion d’échanger avec des responsables ecclésiaux qui, pourtant alertés, ont préféré ne pas poser trop de questions, se montrant étonnamment peu curieux, pressés de mettre fin à la conversation. Mais il a rencontré aussi beaucoup d’autres sources qui, de l’intérieur de l’Église, ont fait de la lutte contre les abus un combat implacable.