Article de la revue Etudes : Du spirituel et du psychologique

Beaucoup de gens d’Église sont prêts à exploiter la requête contemporaine de santé à tout prix. Tout le monde constate, en effet, l’impératif qui règne sur nos contemporains : il faut être en forme, en bonne santé, physique et psychique, à tout prix. On n’a pas le doit de se sentir mal. On ne supporte plus une image de soi (ou d’autrui) « dégradée », comme on dit. C’est sur ce fond que s’est développé, avec plus ou moins de naïveté, l’impératif de guérison. Le psychothérapeute doit me guérir, Dieu peut me guérir. Ainsi s’explique la formidable requête de guérison qui pousse les gens à se ruer dans les sessions ou assemblées de guérison, dans les églises évangéliques, catholique et autres. Il y a là une forme de confusion entre le psychologique et le spirituel qui ne rend justice ni à l’un ni à l’autre. Des sessions de « guérison spirituelle » invitent, paraît-il, au nom de l’Esprit, à revisiter les relations familiales, à identifier et donc, implicitement, à stigmatiser tel père ou telle mère comme étant responsable du mal-être dont je souffre, pour pouvoir lui « pardonner ». Or jamais le Christ ne diabolise personne avant d’opérer une guérison (« Ce n’est ni lui ni ses parents qui ont péché … »).

Dominique Salin, dans Etudes