Père Jacques Marin : la Mission de France adhère à la CRR... mais pas la communauté des Béatitudes
- https://www.la-croix.com/religion/les-beatitudes-refusent-d-indemniser-les-victimes-du-pere-jacques-marin-20241224
- https://www.lejsl.com/edition-charolais-brionnais/2019/09/16/j-ai-ete-victime-d-abus-sexuels-seule-en-priere-avec-le-pretre
- https://www.cath.ch/newsf/les-beatitudes-ne-participent-pas-a-lindemnisation-des-victimes-du-pere-marin/
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— Natalia Trouiller (@ntrouiller) December 20, 2024
"Information de la Mission de France
à propos de Jacques Marin et de la Communauté des Béatitudes
Le Perreux-sur-Marne le 20 décembre 2024
Comme nous nous y étions engagés nous avons proposé aux personnes victimes une démarche de reconnaissance et de réparations…
La Mission de France adhère à la CRR ! Ceci est une bonne nouvelle pour les victimes de Jacques Marin. Par contre, la communauté des Béatitudes, au service de laquelle le père Jacques Marin a prêché et accompagné des retraites entre 1985 et avril 2019, refuse de partager une quelconque responsabilité avec la Mission de France, alors que trois personnes ont dénoncé les agressions sexuelles dont elles ont été victimes de la part de Jacques Marin au sein de la communauté des Béatitudes 🡵.
« À la veille de Noël, la présidence de la Communauté n’est pas en mesure de donner à cette communication une réaction qui intègre tous les éléments de compréhension de ce dossier », a fait savoir, quant à elle, la communauté des Béatitudes, sollicitée par La Croix 🡵.
Pendant une trentaine d’années, les Béatitudes ont non seulement logé Jacques Marin à Nouan-le-Fuzelier (Loir-et-Cher), jusqu’à la fin de sa vie, mais elles ont versé une indemnité de remboursement des frais de formation à la Mission de France, selon un procédé habituel entre diocèses ou communautés, quand l’une bénéficie des services pastoraux d’un prêtre formé par une autre juridiction, reconnaissant ainsi leurs liens étroits.
— La Croix
Remarques :
- Le père Jacques Marin, connu pour ses charismes de guérison, aurait également fait des victimes à Paray-le-Monial lors de sessions organisées par la communauté de l’Emmanuel 🡵.
- La communauté du Verbe de Vie, concernée par une quinzaine de victimes, et à laquelle la Mission de France a fait la même proposition de reconnaissance de responsabilité partagée, avait quant à elle répondu favorablement, par la voix de son administrateur Mgr François Touvet, avant sa dissolution 🡵.
Information de la Mission de France à propos de Jacques Marin et de la Communauté des Béatitudes
Le Perreux-sur-Marne le 20 décembre 2024
Comme nous nous y étions engagés nous avons proposé aux personnes victimes une démarche de reconnaissance et de réparations des actes odieux qu’elles ont subis, dans le cadre de la Communauté des Béatitudes, de la part du père Jacques Marin, prêtre de la Mission de France. Depuis plus de deux ans nous avons été en discussion avec les responsables de la Communauté des Béatitudes pour tenter de convenir d’une reconnaissance de responsabilité partagée entre nos deux institutions. Cette démarche s’avère aujourd’hui un échec puisque le nouveau gouvernement des Béatitudes nous a informé le 14 décembre dernier qu’il refusait de partager une quelconque responsabilité, concernant le père Jacques Marin, avec la Mission de France. Par là-même la Communauté a signifié son refus de proposer une démarche de reconnaissance et réparation conjointement avec la Mission de France. Nous avons déploré leur décision et leur obstination à ne pas reconnaître l’implication importante de Jacques Marin au sein des Béatitudes pendant plus de trente ans et ceci malgré la notoriété dont leur institution a su tirer profit en d’autres temps.
De son côté, la Mission de France ne veut pas se défausser de ses responsabilités à l’égard des personnes victimes ni être juge et partie pour déterminer, par elle-même, la juste reconnaissance et réparation que les victimes sont en droit d’attendre. Aussi nous avons proposé aux victimes de se rapprocher de la Commission Reconnaissance et Réparation (CRR) de la CORREFF à laquelle la Mission de France a adhéré. Nous en avons informé les responsables de la CRR et entreprenons les démarches en ce sens.
La CRR accueillera les paroles de victimes et proposera, selon un protocole éprouvé qui a donné satisfaction à d’autres personnes victimes du père Jacques Marin, une reconnaissance et une réparation que nous nous engageons à mettre en œuvre.
Les victimes ont été averties de notre démarche et elles peuvent compter sur notre plein soutien en les remerciant pour leur patience et leur compréhension et en espérant que la démarche leur apportera déjà un premier réconfort.
Informations complémentaires
Père Jacques Marin
- 1929 Naissance dans l’Aisne 🡵.
- 1955 Ordination sacerdotale 🡵.
- Prêtre-ouvrier de la Mission de France pendant 30 ans 🡵.
- 1986-2013 Confesseur permanent (et unique confesseur) dans la communauté du Verbe de Vie et garant du charisme de la communauté 🡵 ce qui lui donnait un pouvoir immense.
- 2001 Première condamnation canonique du père Jacques Marin, prononcée par Mgr Gilson, alors prélat de la Mission de France, et ayant abouti à une interdiction de confesser pendant trois mois 🡵.
- 2002 Des victimes se plaignent à l’évêque de Tulle, Mgr Bernard Charrier 🡵.
- 2013 Mgr André Léonard suspend le père Jacques Marin de toutes ses fonctions suite aux plaintes d’un collectif d’anciens membres du Verbe de Vie.
- Entre 1985 et avril 2019 Accueilli dans la maison des Béatitudes de Nouan-le-Fuzelier 🡵 où il s’était mis au service de la communauté des Béatitudes pour prêcher des retraites et accompagner des fidèles 🡵.
- 2016 Un décret du prélat de la Mission de France finit par retirer au père Marin « la faculté d’entendre les confessions », invoquant pêle-mêle des « gestes et attitudes » déplacés, la surdité du clerc et son grand âge, 86 ans au moment du décret 🡵. La sentence avait été communiquée aux seules victimes à l’époque. 🡵. Aucune de ces plaintes n’a alors été transmise à la justice 🡵.
- Octobre 2019 Décès de Jacques Marin 🡵.
- 2023 Dissolution de la communauté du Verbe de Vie 🡵 qui pour cette raison ne pourra pas participer avec la Mission de France au processus mis en place par la CRR, malgré l’intention de la communauté du Verbe de Vie avant sa dissolution 🡵.
- 2024 Refus de la part de la Communauté des Béatitudes de partager une quelconque responsabilité, et refus d’adhérer à la CRR malgré la proposition de la Mission de France 🡵.
Invoquant son « charisme de guérison » et prétextant vouloir prier sur des femmes pour la guérison de leurs blessures psychiques - souvent des victimes qui avaient déjà été abusées sexuellement par le passé -, le père Marin pratiquait des attouchements à caractère sexuel. Il se serait aussi livré à des actes de voyeurisme. « Les abus dont se plaignent les victimes ne sont pas seulement sexuels, mais aussi spirituels », précise un proche du dossier.
— La Croix
Pères Dominique Savio et Henri Suso
Remarque
- Le père Dominique Savio se fait également appeler Martin de Tours ou parfois Martin Silva. Son nom civil est Georges Silva.
- Le père Henri Suso se fait également appeler Père Marie-Bernard d’Alès, en référence à son nom civil : Bernard d’Alès.
Entre 1988 et 2007, la Communauté des Béatitudes est responsable d’un internat de garçons appelé le Cours Agnès-de-Langeac. Situé à Autrey, dans les Vosges, cet établissement est destiné à des collégiens et lycéens qui réfléchissaient à devenir prêtre. Au moins 10 anciens élèves du Cours Agnès-de-Langeac auraient subi des actes susceptibles d’être qualifiés d’atteintes ou d’agressions sexuelles, de viol ou de tentative de viol commis par deux prêtres de l’internat, les pères Dominique Savio et Henri Suso 🡵.
- 2001 Le père Dominique Savio quitte la France pour reprendre des études de théologie à Lugano, en Suisse.
- 2002 Le parquet d’Épinal ouvre une information judiciaire pour des faits d’« agression sexuelle par personne ayant autorité » sur d’anciens élèves d’Autrey à l’encontre de Dominique Savio. Les charges sont finalement abandonnées.
- 2008 Le parquet d’Épinal rouvre l’enquête concernant le père Dominique Savio. Entre 2008 et 2010, 71 procès-verbaux sont dressés par les enquêteurs de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP).
- 2009 Le père Henri Suso quitte la Communauté des Béatitudes et il est accueilli dans le diocèse de Fréjus-Toulon 🡵.
- 2010 Dominique Savio est placé en garde à vue par les enquêteurs de l’OCRVP. « L’attitude de Georges Silva (nom civil de Dominique Savio, NDLR) lors de sa garde à vue ne nous permet pas d’écarter la possible existence d’autres victimes, écrit le policier en charge de l’enquête dans ses conclusions. En effet, notre interlocuteur n’a, à aucun moment, fait de déclarations spontanées, se contentant de nier tout en bloc avant de reconnaître peu à peu et exclusivement les faits que nous présentions et en essayant, à chaque fois, d’atténuer au maximum la gravité de ses actes. » Cependant, le parquet d’Épinal décide de classer sans suite les faits portés à sa connaissance pour prescription pour certains faits et infraction insuffisamment caractérisée pour d’autres.
- 2011 Un ancien élève de l’internat d’Autrey contacte le Commissaire pontifical de la Communauté pour l’informer qu’il allait déposer une plainte contre le père Marie-Bernard d’Alès [autre nom de Henri Suso] auprès du tribunal ecclésiastique du diocèse de Fréjus-Toulon. Le Fr. Henry Donneaud exhorte alors le jeune à porter plainte devant la justice civile, ce que ce dernier refuse 🡵. Le témoignage est également envoyé à Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon où le père Henri Suso est accueilli depuis 2009 🡵.
- 2012 Henri Suso « a été reconnu coupable du délit d’abus sexuel continu sans violence sur la personne de [Florent] dans le cadre d’un procès pénal canonique en date du 2 octobre 2012 et, à ce titre, des mesures conservatoires lui ont été notifiées » : obligation d’un suivi psychologique et psychiatrique pendant cinq ans, et interdction de s’approcher de jeunes de moins de 25 ans, de l’un et l’autre sexe, pendant dix ans. Les sanctions canoniques ne sont jamais rendues publiques.
- 2015 Dominique Savio est élu assistant général – c’est-à-dire numéro deux – de la communauté des Béatitudes, qui vient de se réformer. En 2019, il est reconduit dans ses fonctions.
- 2016 Henri Suso est nommé aumônier du centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède, qui compte de nombreux détenus de moins de 25 ans, le 4 janvier 2016, c’est-à-dire quatre ans seulement après sa condamnation… donc en contradiction avec celle-ci. Mais comme la sanction n’est pas publique, ni l’administration pénitentiaire, ni les victimes ne viendront se plaindre.
- 2022 Les faits sont portés pour la première fois à la connaissance de la justice civile, avec un signalement effectué par le diocèse auprès du procureur au mois de février 🡵.
- 2023 « À la suite de l’article de Mikael Corre publié dans La Croix L’Hebdo en janvier 2023, mettant en cause plusieurs prêtres pour des faits commis au Cours Agnès de Langeac d’Autrey, une enquête préliminaire canonique avait été ouverte par l’Archevêque de Toulouse » 🡵 🡵. L’enquête concernant plusieurs diocèses, elle est confiée au TPCN 🡵.
- 2023 Le père Dominique Savio, numéro deux de la communauté des Béatitudes, est déchargé de ses responsabilités 🡵. Une décision qui fait suite à l’article de Mikael Corre, publié dans La Croix le 12/01/2023 🡵.
La majorité des informations de cette section provient d’un article de Mikael Corre, publié dans La Croix le 12/01/2023.
Un des enseignements de ce dossier est que le silence entretenu collectivement contribue à maintenir les personnes victimes sous emprise. Dans cette enquête [celle de Mikael Corre], notre journaliste a eu l’occasion d’échanger avec des responsables ecclésiaux qui, pourtant alertés, ont préféré ne pas poser trop de questions, se montrant étonnamment peu curieux, pressés de mettre fin à la conversation. Mais il a rencontré aussi beaucoup d’autres sources qui, de l’intérieur de l’Église, ont fait de la lutte contre les abus un combat implacable.