Rapport d’audit de la société des Missions Etrangères de Paris

3% des prêtres MEP sont mis en cause

3% des prêtres MEP sont mis en cause, entre 1950 et 2024. Cependant, il est possible que la proportion soit bien plus importante. En effet, d’une part la libération de la parole est récente, et d’autre part, les effectifs des MEP étaient bien plus importants dans les années 50 qu’aujourd’hui. Il faut aussi ajouter à cela les difficultés à se plaindre de prêtres dans des pays de mission.

Au total, 63 allégations sont mentionnées dans le rapport, dont 8 sont « avérées ». Elles mettent en cause 46 prêtres, soit 3 % des 1 491 prêtres actifs au sein des MEP depuis 1950. Un chiffre comparable à celui rapporté par la Ciase (environ 2,8 % des prêtres).

La Croix

Rapport d’audit : focus sur une section

N’ayant pas le temps d’analyser l’ensemble du document, j’ai focalisé mon attention sur la section 1.2, « Des structures de gouvernance qui évoluent pour répondre aux besoins de safeguarding ». Il décrit les différents acteurs responsables du safeguarding, ainsi que leur périmètre de responsabilité.

Résumons les informations sur l’organisation des MEP

Si les différents acteurs semblent définis, leurs rôles le sont nettement moins

Malgré un ton neutre du rapport d’audit, la situation est donc absolument catastrophique. Les responsabilités de la plupart des acteurs ne sont ni clairement établies, ni communiquées. De plus, les responsables de groupe, qui sont donc proches du terrain, n’ont ni ressources, ni feuille de route, ni objectifs mesurables relatifs au safeguarding. Face à la situation plus qu’insatisfaisante, on est surpris que l’audit ne s’alarme pas avec davantage de vigueur de l’étendue du travail qui reste à faire.

Voici maintenant les recommandations (p19-20)

  1. Élaborer un plan global safeguarding qui inclut la prévention et la gestion des cas et allouer les ressources matérielles, humaines et financières nécessaires à son application.
  2. Réviser la charte et rédiger une politique spécifique pour les employés MEP.
  3. Renforcer les moyens humains dédiés au safeguarding par le recrutement d’un référent safeguarding à plein temps pour appuyer le délégué général à la protection et par l’identification de délégués locaux à la protection dans chaque groupe ou pays de mission.
  4. Actualiser et enrichir la page dédiée à la lutte contre les abus dans le site internet des MEP, avec des informations sur le rôle du délégué général à la protection, de la cellule de gestion des cas et de la cellule d’évaluation, et des outils clefs en matière de safeguarding.

Même si la formulation totalement générique du premier point dit très clairement que tout est à faire (« Élaborer un plan global safeguarding… ») le ton neutre masque l’ampleur de la tâche. Et cela est d’autant plus marquant que ce point est mis au même niveau que le quatrième qui est… la mise à jour d’une page du site internet. Au lieu de cela, on aurait été en droit d’attendre de la part de l’audit une liste concrète d’actions à mener pour « Élaborer un plan global safeguarding », ainsi que le périmètre de ce qui devrait être couvert par ce plan. Et un ton un peu plus assertif pour rendre compte de l’ampleur et de la gravité de l’enjeu.