Mgr Christian Delarbre réserve l'accompagnement des victimes du père Pierre Gontier aux seuls prêtres

D’après une lettre adressée par Mgr Christian Delarbre aux prêtres incardinés dans le diocèse d’Aix et Arles, l’évêque a reçu « à plusieurs reprises » des témoignages mettant en cause le Père Gontier, au travers de « postures qu’il a pu avoir avec tel ou tel d’entre vous soit comme recteur du Séminaire, soit comme confesseur ou accompagnateur ». Il propose aux prêtres qui le souhaitent de s’adresser à une commission « où chacun souhaitant s’exprimer, en un sens ou en un autre, pourra le faire de manière confidentielle ».

Si on ne peut que se réjouir qu’un évêque prenne soin de ses prêtres, l’exclusivité des destinataires est plus qu’étrange

Cette démarche donne l’impression que Mgr Christian Delarbre souhaite laver son linge sale en famille en s’occupant de ses prêtres, et en oubliant l’essentiel de sa communauté diocésaine.

Parcours du père Pierre Gontier

Il a également exercé des responsabilités dans la Commission diocésaine d’Art sacré.

Aux prêtres incardinés dans le diocèse d’Aix et Arles

Aix-en-Provence, le 2 octobre 2024

Chers confrères,

Comme annoncé lors de ma prise de parole devant vous à la journée des prêtres, je vous écris aujourd’hui. Ce courrier vous est adressé à chacun, à titre personnel.

Depuis mon ordination et mon installation à la tête du Diocèse d’Aix et Arles, l’une de mes principales préoccupations est la protection des personnes dans l’Eglise: A ce titre, des mesures concrètes ont été prises dès mon arrivée, telle la constitution du Comité Diocésain de Protection des Personnes.

C’est dans ce contexte, qu’après avoir recueilli le conseil et l’avis positif de ce même Comité, du conseil épiscopal et du conseil presbytéral, j’ai décidé d’une démarche que j’appelle de « guérison des mémoires ». Cette démarche je la veux pour les prêtres du diocèse. En effet, au cours de mes entretiens, vous avez eu la simplicité de me partager vos joies et vos blessures. A plusieurs reprises, cela a concerné le Père Gontier et les postures qu’il a pu avoir avec tel ou tel d’entre vous soit comme recteur du Séminaire, soit comme confesseur ou accompagnateur. Des blessures fort anciennes, mais jamais guéries, jamais même reconnues ou exprimées demeurent, d’autant plus cruelles qu’il s’agit d’une personnalité qui a aussi profondément marqué notre diocèse, lui a rendu de grands services, et qu’il ne manque pas de fidèles et de prêtres pour témoigner avoir beaucoup reçu de lui. Mais ces souffrances qui demeurent et n’ont pas droit de cité m’obligent, voyez-vous?

Ce que je souhaite, c’est donc une démarche de « guérison des mémoires ». Le principal intéressé est décédé, il n’est donc pas question d’action judiciaire, publique ou canonique. Avec le conseil et l’aide du Comité de protection des personnes, j’ai constitué une commission de personnes extérieures au diocèse, qui sera un lieu où chacun souhaitant s’exprimer, en un sens ou en un autre, pourra le faire de manière confidentielle. Ce courrier est envoyé à chacun des prêtres incardinés dans le diocèse. Vous êtes invités à donner librement votre témoignage devant la commission. De ces auditions, la commission me livrera en juin au plus tard une appréciation et s’il y a lieu des propositions d’action. Je n’aurai en aucun cas connaissance de ce que chacun aura pu dire.

Cette Commission d’études s’intitule « Pour une guérison des mémoires ». Elle est basée à Montpellier, elle est composée de personnalités qualifiées, sans lien avec l’abbé Gontier ou la Province ecclésiastique, offrant toutes les garanties d’indépendance, de confidentialité, de probité et de délicatesse, afin de garantir l’impartialité de ses travaux.

Elle a pour mission :

  • de recevoir les témoignages des prêtres diocésains qui ont pu connaître l’Abbé Gontier, et qui souhaiteront librement s’exprimer et apporter leur témoignage sur les faits le concernant ;
  • de me faire rapport de ce qui aura été entendu. Le nom des témoins ne figurera pas dans le rapport, ni aucun élément qui permettrait de remonter à leur identité.
  • de préconiser des actions concrètes, en vue d’une démarche de « guérison des mémoires », au profit de personnes individuelles, ou, si cela parait opportun, auprès de l’ensemble du presbyteriums.

Les prêtres qui souhaiteront volontairement apporter leur concours aux travaux de la Commission devront se faire connaître auprès d’elle directement jusqu’au 31 décembre 2024, à l’adresse mail indiquée ci-dessous. Après cette date, aucune autre participation ne sera reçue.

guerisonmemoires@gmail.com

La commission conviendra avec les intéressés de la date de leur audition qui se tiendra entre novembre 2024 et mars 2025

La Commission devra me remettre son rapport et ses préconisations avant juin 2025, à l’issue de ce travail d’enquête au sein du Presbyteriums. Après avoir entendu le conseil presbytéral, le conseil épiscopal et le Comité Diocésain de Protection des Personnes, je déciderai des suites à donner.

J’invite donc chacun à librement apporter son témoignage sur la personnalité et le ministère de l’abbé Gontier et à contacter directement la Commission avant le 31 décembre 2024.

Cette démarche contribue aussi à introduire chaque prêtre du diocèse à l’Année sainte 2025. En effet, celle-ci invite l’Eglise en chacun de ses membres à une confiante démarche pénitentielle, dans l’espérance invincible en la miséricorde du Seigneur pour chacun d’entre nous, en son pouvoir de guérison de nos blessures les plus secrètes, en notre rôle d’intercession et de prière pour les défunts.

Je vous porte chacun dans ma prière quotidienne, désirant de tout mon cœur contribuer à votre joie dans le sacerdoce, à votre paix dans le Seigneur, à votre désir profond de Le servir de toutes vos forces.

Monseigneur Christian DELARBRE
Archevêque d’Aix et Arles