Père Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve
- https://www.laliberte.ch/articles/societe/religions/impunite-pour-des-nbsp-abuseurs-religieux-918142
- https://www.cath.ch/newsf/renvoi-de-letat-clerical-du-pere-benoit-emmanuel-peltereau-villeneuve/
- https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/sophie-ducrey-longtemps-mon-agresseur-benoit-emmanuel-peltereau-villeneuve-a-pu-se-maintenir-sur-son-piedestal-86622.php
- https://www.la-croix.com/Religion/pretre-Freres-Saint-Jean-renvoye-letat-clerical-2023-01-24-1201252131
L’Eglise a-t-elle les moyens de faire respecter des sanctions ?
Renvoyé de l’état clérical, le père Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve fait comme s’il était encore prêtre « en exercice ».
Comment l’Eglise catholique tolère-t-elle encore aujourd’hui que l’individu se moque de ses prescriptions qui le privent du droit de se dire et de s’afficher religieux? L’évêque du diocèse LGF, Charles Morerod, s’est dit impuissant l’année passée pour sanctionner cette présence tonitruante au festival Agapé de musique sacrée en mai 2023. Il a néanmoins obtenu que l’organisatrice, elle-même liée à Jean-Noël, ne puisse plus mettre sur pied des concerts dans des églises et temples genevois.
Qu’en est-il du respect de l’interdiction de porter la soutane en public? «L’Eglise catholique n’a pas les moyens de se faire obéir de ses anciens clercs», déplore l’évêque. L’institution ne dispose en effet pas de moyens de contrainte. «Quant à la justice suisse, elle ne peut sanctionner le port d’un habit religieux.»
Des procédures longues et opaques
Entre 1986 et 2008, 13 noms de frères et celui d’une sœur qui auraient commis des abus à Genève ont été dénoncés comme abuseurs sexuels à l’évêché. Comment ces plaintes ont-elles été traitées? Certains religieux avaient déjà quitté la ville lorsque l’évêque Bernard Genoud a congédié, en juin 2008, le reste de la communauté toujours menée par [le père Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve]. A l’époque, ni le chef du diocèse romand, ni le prieur général des frères Saint-Jean en France n’avaient fourni d’explications à cette décision brutale.
L’actuel responsable du diocèse, Charles Morerod, estime ne pouvoir légalement donner d’éléments sur les plaintes reçues à l’évêché dans les années 1988 à 2008. L’évêque se réfère à la loi fédérale sur la protection des données et de la transparence pour garder le silence sur les 13 noms d’abuseurs à Genève. «J’en suis désolé car je tiens à bloquer ces abuseurs…» Il promet de livrer des noms si le préposé fédéral le prie d’ouvrir ses dossiers. Affaire à suivre. Il refuse aussi de dire si des procédures canoniques ont été transmises au Vatican.
Quel regard portez-vous sur la procédure qui a mené à cette décision [le renvoir de l’état clérical du père Benoît-Emmanuel] ?
Sophie Ducrey : Un regard de dégoût, gigantesque, pour chaque phrase de suspicion, mensonge, hypocrisie, inversion de réalité et parfois injure ou menace que j’ai dû essuyer alors même qu’il y avait tellement d’autres plaignantes ! À chacune d’entre nous, les autorités ont longtemps laissé croire que nous étions seules, la seule. Ainsi, nous ne suffisions pas pour établir la vérité. Mon livre a permis à d’autres victimes de me contacter.— La Vie
Informations complémentaires
Père Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve
- 1988 Le père Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve devient prieur à Genève. Il y restera douze ans, jusqu’en 2008 🡵.
- Années 1990 Les « faits » les plus anciens remontent aux années 90 🡵.
- 2007 Des plaintes sont connues de plusieurs frères de Saint-Jean en responsabilité 🡵.
- 2008 Suite à des plaintes pour des abus sexuels multiples 🡵, Mgr Bernard Genoud, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, avait « libéré de son obligation de travailler » 🡵 le frère et fait un signalement à la justice suisse. La procédure qui s’en est suivie a abouti en septembre 2008 à une ordonnance de classement pour prescription des faits. Le procureur général affirma néanmoins publiquement que le mis en cause avait commis des actes d’abus de détresse sur au moins deux personnes 🡵. L’ensemble de la communauté est congédié.
- 2010 Les juges de l’Officialité du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg reconnaissent le père Benoît-Emmanuel coupable d’« abus sexuels sur des personnes de sexe féminin sous direction spirituelle et d’incitation à des actes sexuels durant la confession » 🡵.
- 2011 Renvoi de l’état clérical par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avec interdiction supplémentaire de prêcher, d’avoir une charge de formation ou d’enseignement, et de se marier (sauf dispense pour cette dernière interdiction) 🡵. Le père Benoît-Emmanuel fait appel de cette décision de la CDF et saisit la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) à l’encontre de la justice suisse.
- 2012 La CDF commue la peine de renvoi de l’état clérical par l’imposition d’un «remède pénal» 🡵.
- 2012 Le père Benoît-Emmanuel porte plainte à l’encontre d’un frère, d’une sœur, de plusieurs laïcs et du diocèse de LGF, leur reprochant de l’avoir calomnié 🡵, suite à des accusations d’abus sexuels 🡵.
- 2013 Exclaustré dans le diocèse de Saltillo au Mexique avec interdiction de porter l’habit, d’écouter les confessions ainsi que de faire de l’accompagnement spirituel 🡵.
- 2013 Le père Benoît-Emmanuel obtient 1€ de dédommagement pour tort moral aux prud’hommes, après avoir reproché à l’Eglise de ne pas avoir protégé sa personnalité 🡵.
- 2014 La CEDH a condamné la Suisse pour violation de la présomption d’innocence. En effet, L’ordonnance, qui fut reprise dans la presse, indiquait que le prêtre avait bel et bien commis et avoué les actes pour lesquels il était poursuivi, en violation de la présomption d’innocence car les faits étaient prescrits 🡵.
- 2014 Les plaintes pour calomnies de 2012 sont jugées irrecevables par le tribunal fédéral 🡵.
- 2022 Renvoi de l’état clérical du Père Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve, plus de 25 ans après la première plainte d’une femme abusée par lui 🡵.
- 2023 Le Père Benoît-Emmanuel a participé au festival Agapé de musique sacrée en se présentant comme prêtre, ignorant son renvoi de l’état clérical 🡵.
- 2024 Reste le maître spirituel d’au moins une douzaine de complices abuseurs. Dénoncés, la plupart de ces religieux restent impunis 🡵.
« Les faits qui sont reprochés à Benoit Peltereau-Villeneuve sont nombreux et graves. Ils remontent aux années 90 pour les plus anciens. Benoit Peltereau-Villeneuve a fait l’objet de plusieurs signalements pour de graves agressions sexuelles dans le cadre de son ministère, et en plusieurs cas dans le cadre de l’accompagnement spirituel de sœurs de Saint-Jean et de femmes majeures. »
Communiqué des frères de saint Jean
Le témoignage de Sophie Ducrey
Sophie Ducrey, victime de Benoît-Emmanuel Peltereau-Villeneuve a publié son témoignage dans « Étouffée », paru chez Tallandier en 2019.