Assemblée plenière : "trois textes importants"... et des documents introuvables
- https://eglise.catholique.fr/conference-des-eveques-de-france/cef/assemblees-plenieres/assemblee-pleniere-des-eveques-francais-de-novembre-2024/556442-discours-de-cloture-de-lassemblee-pleniere-dautomne-le-10-novembre-2024/
- https://eglise.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/2/2024/11/Charte-de-laccompagnement-spirituel.pdf
- https://eglise.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/2/2024/11/Reperes-confesseurs.pdf
- https://eglise.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/2/2024/11/FicheAccompagnement-des-pre%CC%82tres.pdf
Nous avons aussi, toujours répondant à la recommandation des groupes de travail, adopté trois textes importants concernant l’un l’accompagnement spirituel, un autre le rôle des confesseurs, le troisième l’accompagnement du ministère des prêtres. Ces textes avaient fait l’objet d’une proposition précise d’un groupe de travail qui a été présentée aux conseils presbytéraux et travaillée par eux, au cours d’une séance commune des vice-présidents ou secrétaires des conseils presbytéraux. Nous, évêques, avions voulu passer par ces conseils parce qu’il nous paraissait indispensable que les prêtres soient partie prenante des mesures à prendre qui concernent le cœur de leur ministère. L’accompagnement spirituel n’est certes pas le monopole des prêtres, des laïcs y sont formés, des religieuses et des religieux aussi. Le document que nous avons adopté doit être travaillé dans chaque diocèse, dans chaque lieu de retraite spirituelle. Les repères pour les confesseurs appellent aussi une promulgation diocèse par diocèse. Le travail fait sur les thématiques nécessaires dans l’accompagnement des prêtres requiert, lui encore, des décisions locales. Nous en avons pris l’engagement. Ces textes devraient soutenir les prêtres dans leur ministère le plus propre.
— Discours de clôture de l’assemblée plénière d’automne 2024
Le rôle des confesseurs
Repères pour les confesseurs
Les évêques s’engagent à publier pour leur diocèse au cours de l’année 2025 des repères pour les confesseurs à partir du document « Repères pour les confesseurs » présenté à l’Assemblée plénière.— Communiqué de presse, votes des évêques de France à l’assemblée plénière d’automne 2024
Beaucoup de rappels bienvenus sont énoncés dans ce document de cinq pages qui devra être adapté par chaque évêque, l’assemblée plénière n’étant pas parvenue à un accord sur une formulation à appliquer partout en France. Voici quelques remarques :
Deux points interrogent concernant l’information et formation des fidèles :
- « Il est important que les fidèles soient rendus conscients qu’il est légitime de signaler certains écarts (familiarité, gestes inappropriés, intrusion dans la liberté, …) à l’autorité ecclésiale, pour le bien tant des fidèles que du ministre. » J’avoue ne jamais avoir reçu d’information dans ce sens !
- « Le secret de la confession lie le confesseur et non le pénitent. Le fidèle n’est jamais tenu au secret de la confession ». Pour ma part, j’ai seulement entendu le contraire !
Il est dommage que n’ait pas été suggéré (sans parler d’imposer) que les examens de conscience que l’on distribue parfois aux fidèles mentionnent explicitement ces informations. On pourrait également imaginer qu’un affichage soit mis en place dans les lieux où se déroulent de manière habituelle les confessions. Veiller à cela pourrait-être un des rôles de la pénitencerie diocésaine.
Une déception au sujet de la distinction for interne et for externe : « La distinction entre for interne et for externe doit être bien présente à l’esprit du ministre comme du fidèle pour être absolument respectée. » Avec cette formulation, on constate que les évêques n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour dire clairement que le confesseur ne peut en aucun cas être le supérieur hiérarchique.
« Le confesseur ne cherche pas à résoudre par lui-même l’ensemble de ce qu’il perçoit des difficultés du pénitent ». Est-ce au confesseur de résoudre par lui-même une partie des difficultés du pénitent ? Il est vraisemblable que cette phrase ait fait débat, car il est nécessaire de tenir à la fois le rôle d’éclairage que peut apporter le confesseur, sans pour autant tomber dans l’infantilisation et le non-sens de solutions « clé en main » données au pénitent lors d’un entretien trop court pour cela. Quoi qu’il en soit, la formulation des évêques nous semble largement perfectible.
« La célébration du sacrement se fait habituellement durant la journée et non durant la nuit, sauf circonstances particulières […] On veille à ce que les confessions ne soient pas proposées dans un contexte émotif trop fort – principalement vis-à-vis des jeunes ». Dans le cadre de certaines veillées de prière, ce point n’est pas sans poser question.
L’accompagnement spirituel
Charte pour l’accompagnement spirituel
Les évêques s’engagent à publier pour leur diocèse au cours de l’année 2025 une charte pour l’accompagnement spirituel à partir du document « Charte pour l’accompagnement spirituel » présenté à l’Assemblée plénière.— Communiqué de presse, votes des évêques de France à l’assemblée plénière d’automne 2024
Le document de trois pages est globalement très satisfaisant. On sera heureux d’y trouver l’obligation de signalement en cas d’abus commis ou subi si la personne accompagnée ne le fait pas d’elle-même après y avoir été encouragée. Le gros bémol du document concerne, non pas la mention des points suivants (au contraire !), mais leur inscription dans la section « Engagement de la personne accompagnée » :
- Être attentif à ce qui pourrait être une prise de pouvoir ou contrôle sur sa vie, à partir de ce qui a été confié
- Garder sa liberté de conscience et demeurer responsable de ses décisions
- Être capable de dénoncer toutes formes d’abus qui pourraient avoir lieu dans l’accompagnement
- Rester libre d’arrêter l’accompagnement […]
D’un côté, il est important d’encourager cette saine attitude. D’un autre, les inscrire comme « engagement de la personne accompagnée », c’est faire comme si la relation d’emprise ne pouvait exister. C’est permettre à un agresseur de reprocher à sa victime de ne pas avoir tenu ses engagements. A la lumière de nombreux témoignages, cette perversité basée sur une inversion de culpabilité ne relève malheureusement pas de la pure hypothèse. Gardons cependant l’engagement qui incombe à l’accompagnateur : « se situer dans une relation asymétrique avec la personne accompagnée afin de trouver la juste distance et d’écarter toute attitude d’emprise, de dépendance et d’écoute possessive. » On voit donc ici que c’est l’accompagnateur qui est responsable de la juste place de chacun dans la relation d’accompagnement.
L’accompagnement du ministère des prêtres
Accompagnement du ministère des prêtres
Les évêques reconnaissent le texte présenté en Assemblée plénière comme document de référence pour l’accompagnement du ministère des prêtres dans leur diocèse.— Communiqué de presse, votes des évêques de France à l’assemblée plénière d’automne 2024
Ce dernier document est en l’état un document de référence, contrairement aux deux autres qui doivent être adaptés par chaque diocèse. C’est un document très touchant qui traite avant tout de l’équilibre de vie des prêtres. On lit entre les lignes nombre de détresses : la solitude, le sentiment d’être ballotté de nomination en nomination, l’absence d’un suivi rigoureux de la part de la hiérarchie qui se borne parfois à « la porte toujours ouverte » (cette expression est dans le texte)… Le lien avec la vie concrète des prêtres est évident ; on n’est donc pas surpris qu’il ait été rédigé par les conseils presbytéraux.
Certaines propositions semblent simples à mettre en œuvre dans un délai raisonnable. D’autres paraissent plus complexes à déployer dans certains diocèses. Par exemple, « offrir à ceux qui le désirent la possibilité de vivre avec d’autres, en préservant la nécessaire dimension privée » risque d’être compliqué dans des diocèses ruraux où les prêtres se font rares et les paroisses gigantesques.
On notera que les évêques ont inclus ce document dans la lutte contre les violences sexuelles dans l’Eglise. Cependant, aucune étude n’indique qu’améliorer l’équilibre de vie des prêtres (même si la préoccupation est en soi légitime) permettra de réduire le nombre de crimes sexuels par les membres du clergé. Au contraire, tous les procès récents ont mis en avant une structuration psychique spécifique chez les prédateurs, que ce soit dans l’Eglise ou ailleurs.
Les documents introuvables…
- Un vademecum destiné aux évêques de France pour mieux informer.
- « Nous publierons aussi à cette occasion un document présentant nos dispositions en matière d’information sur les plaintes reçues et les procédures, canoniques ou étatiques, en cours ». Lettre de Mgr Éric de Moulins-Beaufort adressée au pape François.
- « Notre Conférence publie aujourd’hui un texte déclinant les règles juridiques, canoniques, et quelques lignes directrices en matière d’information à propos des procédures engagées à l’égard de prêtres. Il est une balise de plus sur la route que nous avons décidé d’emprunter » discours de clôture de Mgr Éric de Moulins-Beaufort. Notons qu’il est possible que ce document et le précédent n’en soient qu’un seul.